Vous l’aurez compris, si ce n’est le taux d’abstention record (qui confirme le malaise démocratique que nous déplorons ici depuis des années), on se réjouit de la baffe magistrale que viennent de se prendre l’UMP et son Général en chef, Nicolas Sarkozy.
Car le brillantissime Caporal (un grade qui sied mieux à ses états de service) vient d’encaisser une sévère dérouillée.
Et les conséquences de la «crise» n’ont rien à voir là-dedans, même si, au bout de 3 ans de sarkozysme, c’est plus de chômage, plus de précarité et moins de pouvoir d’achat pour une majorité de Français.
En fait, le dernier carré d'électeurs UMP concentre cette petite frange de Françaises et Français qui n’ont pas vu leur situation se dégrader depuis 3 ans : les professions libérales, les commerçants, les restaurateurs, les retraités aisés, les patrons des boites qui bénéficient de toutes ses largesses (exonérations de cotisations…) et les gros actionnaires.
Mais tous ces «nantis» réunis ne constituent pas une majorité. Juste un petit 25% de la population française.
Les 75% restants, eux, ont tout perdu ou rien gagné !
Parmi ceux-là, les électeurs du FN qui avaient succombé aux sirènes du sarkozysme triomphant en 2007, sont rentrés au bercail de la famille Le Pen qu’Éric Besson et Nicolas Sarkozy ont ressuscité avec leur débat à la con sur l’Identité nationale.
Et puis, il y a tous les autres :
Celles et ceux qui ont cru à ses promesses populistes malvenues («Travailler plus pour gagner plus», «Une France de propriétaires»), alors que la crise financière s’annonçait, dès 2007, de l’autre côté de l’Atlantique.
Et toutes celles et tous ceux qui ont adhéré aux vertus supposées des «réformes» annoncées par notre Conducator éclairé.
En guise de «réforme», on a hérité d’une baisse des impôts pour les plus riches et d’une augmentation proportionnelle des taxes pour tous les autres, comme le constate chaque semaine Le Canard Enchaîné.
En guise de «réforme», on se retrouve avec une loi «historique» sur le service minimum dans les transports publics et 15 jours de pagaille générale sur la ligne A du RER. Vas comprendre !
Et tout un paquet de textes mal ficelés, pour beaucoup inapplicables (ou sans effets), encombrent le Parlement qui n’a pas le temps de les étudier, d’en débattre et de les amender pour les améliorer.
Ces nouvelles lois qui ne servent à rien, Sarkozy et son gouvernement en ont initié des dizaines, juste pour faire parler, juste pour rebondir sur un fait d’actualité. Rarement pour s’attaquer aux problèmes de fond.
Comme cet endettement abyssal dans lequel sombre chaque jour un peu plus la France, et qui fait craindre le pire en septembre prochain, quand les agences de notation délivreront un certificat de mauvaise conduite à la politique menée depuis 3 ans.
Oui, dans quelques mois notre pays pourrait se retrouver dans une situation comparable à celle de la Grèce : dans l’impossibilité d’emprunter sur les marchés internationaux (ou à un coût prohibitif), et contrainte à un plan de rigueur sans précédent. Voilà ce qui pend au nez des Français !
Aujourd’hui, cette perspective bien réelle fait frémir en haut lieu, à Matignon et à l’Élysée. Ce que nous révèle, une fois encore, Le Canard Enchaîné du 17 mars.
Et puis, il y a aussi toute cette vieille bourgeoisie française qui n’a pas apprécié les dérives bling-bling et m'as-tu-vu de notre Omniprésident.
Cette France qui vote à droite mais qui n’aime pas afficher son pognon et un train de vie trop ostentatoire. Cette France traditionaliste qui trouve aujourd’hui François Fillon plus présentable, plus présidentiable que l’hôte de l’Élysée.
Mais, plus encore que toutes les erreurs d’appréciations et d’actions qui plombent l’entame de son quinquennat, Nicolas Sarkozy est l’illustration même du manque d’inspiration et d’imagination au pouvoir.
Avant 2007, il ne jurait que par la mise en œuvre d’une politique économique inspirée des systèmes anglo-saxons (anglais et états-unien). Il a fait sien le credo ultralibéral du président Ronald Reagan : «L’État, ce n’est pas la solution, c’est le problème !».
Il en était à ce point convaincu qu’il a tout entrepris pour rompre avec cet «État providence», cet État qui doit protéger les faibles, qui doit garder la main sur les services publics, sur la production et la distribution des énergies, sur le système bancaire…
Chez Sarkozy, avant 2007 et juste après, un seul mot d’ordre prévalait : Libéralisme et privatisation à tout va, mise en concurrence, suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires…
Et puis, face à la bourrasque financière, mi-2009, la girouette a fait volte-face : «Si la France résiste mieux que les autres, c’est grâce à son système de protection sociale !», assène alors un Nicolas Sarkozy en contradiction totale avec les convictions qui étaient les siennes jusqu’alors.
Conséquence : La plupart des réformes initiées ont été bâclées. Même celles qui pourraient apparaître pertinentes ne produiront aucun effet positif.
Comme la création de Pôle Emploi menée au pas de charge, au plus mauvais moment et sans concertation avec les premiers concernés !
Car Sarkozy n’invente rien ; il ne propose rien de nouveau. Il adapte sa politique à un contexte social, politique et économique évolutif et fluctuant, au gré des sondages qui fixent ses priorités du moment. Ce n’est pas de cette manière qu’on gouverne un pays !
Mais rien de bien surprenant : Depuis des décennies, il n’a d’autre ambition que de renforcer son pouvoir personnel au détriment de l’intérêt collectif.
Sarkozy est un homme sans idée, sans envergure. Un beau parleur, un acteur de série B !
C’est cette médiocrité que les électeurs ont sanctionnée à l'occasion des Régionales.
Par une abstention record qui traduit le peu de crédibilité qu’ils accordent aux deux principales formations politiques, l’UMP et le PS, qui se partagent le pouvoir depuis des lustres, sans autre alternative ou quasiment. Et par un vote sanction de la part de celles et ceux qui ont glissé un bulletin dans l’urne.
L’échec est cuisant ! C’est la gouvernance de Sarkozy que les électeurs et les abstentionnistes ont fusillé.
Il aura fallu quand même 3 ans pour que les Françaises et les Français apprécient à sa juste valeur l’imposture que nous dénonçons ici depuis 2005.
Pour autant, Nicolas Sarkozy sera peut-être réélu en 2012. Car les Français ont la mémoire courte. Ils l’ont déjà prouvé en 2007, en portant au pouvoir un homme qui, tout au long de son parcours, a brillé par l’insignifiance de ses actions quand il était ministre du Budget ou ministre de l’Économie et des Finances…
Et souvenez-vous quand même que c’est sous Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, garant de l’ordre républicain, que la France a connu, en 2005, les émeutes les plus violentes et les plus dévastatrices depuis Mai-68.
Et si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire, lisez ou relisez notre article du 13 mars 2006 (dans les commentaires). Toujours, et plus encore, d’actualité !
Yves Barraud
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