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Chômeurs en fin de droits : qui est responsable ?

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Si la crise du capitalisme est la première cause de l’augmentation des plans sociaux et des chiffres du chômage, l’Unedic et le gouvernement, par leur gestion et leurs choix, sont aussi impliqués.

D'abord, l'assurance chômage. Créée en 1958 en dehors de la Sécurité Sociale dont elle aurait du, historiquement, être une branche au même titre que la maladie, la vieillesse ou la famille, l'Unedic est gérée paritairement par des organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et syndicales (CFDT, CFTC, CGT, FO et CFE-CGC), dont la représentativité est contestable tandis que les associations de chômeurs n'ont même pas voix au chapitre... Ces «partenaires sociaux» siègent au Conseil d'administration afin de décider de la répartition de ses fonds ainsi que des règles d'indemnisation du chômage, renégociées tous les trois ans.

Avec l'apparition du chômage de masse dans les années 80, convention après convention, les règles d'indemnisation n'ont eu de cesse d'être durcies : mise en place des journées de carence, allongement des durées de cotisations requises pour ouvrir des droits, suppression des fonds sociaux, baisse voire suppression de certaines allocations (AFR, AER…), etc. Exemple emblématique : pour ceux qui justifient de 14 mois de cotisation, la durée d'indemnisation est passée de 30 mois en 1992 à 14 mois en 2009 soit, en dix-sept ans, une réduction de plus de moitié ! Et, à l'inverse du nombre de chômeurs, le montant global des allocations versées n'a cessé de diminuer. Ce qui met à mal la vulgate libérale affirmant que, s'il y a du chômage, c'est à cause du niveau trop élevé des allocations et que, pour faire reculer le chômage, il faut réduire la protection sociale des chômeurs.

Filière unique, filière inique

C'est une évidence : la dernière convention Unedic, conclue fin 2008 par nos «partenaires sociaux» (enfin, par le patronat et la seule CFDT…), est à l'origine de l'explosion du nombre de chômeurs en fin de droits. En instaurant ce nouveau système d'indemnisation, soi-disant plus lisible et plus souple, qu'est la «filière unique» — 1 mois cotisé = 1 mois indemnisé à partir de 4 mois travaillés, soit 122 jours ou 610 heures —, s'il a certes profité plus vite à certains (les plus précaires dont les durées d'indemnisations sont déjà courtes), il a réduit considérablement la couverture de beaucoup d’autres.

La CGT, refusant de signer le texte, évaluait alors à 63% le contingent de chômeurs dont la durée d'indemnisation serait raccourcie de 1 à 9 mois. En effet, dans la convention précédente, quatre filières induisaient les paliers suivants :
• filière A : 6 mois cotisés = 7 mois d'indemnisation
• filière A+ : 12 mois cotisés = 12 mois d'indemnisation
• filière B : 16 mois cotisés = 23 mois d'indemnisation
• filière C pour les plus de 50 ans : 27 mois cotisés = 36 mois d'indemnisation
Avec le nouveau système, l'Unedic économise 1 mois d'indemnisation sur l'ex filière A, jusqu'à 7 mois sur l'ex filière B et jusqu'à 9 mois sur l'ex filière C, ces deux dernières représentant le plus gros contingent d'inscrits.

D'ailleurs, le directeur général de Pôle Emploi reconnaît les effets de cette nouvelle convention : « On bénéficie plus vite du régime d’indemnisation, mais on en sort aussi plus vite »...

D'un côté, des économies sur le dos des chômeurs. De l'autre, la gabegie !

Cette situation est aussi le bilan de la politique « d'activation des dépenses passives » décidée par le Medef et ses complices syndicaux  : au lieu de servir à améliorer l'indemnisation des chômeurs, l'argent des cotisations est l'objet d'un véritable détournement, puisqu'il permet d'engraisser rubis sur l'ongle de nombreuses sociétés privées d'intérim de reclassement ou d'intérim chargées, bien que leur efficacité n'ait toujours pas été prouvée, de sous-traiter certaines prestations de Pôle Emploi, et qui font du business sur le dos des chômeurs.

Cerise sur le gâteau : comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, côté cuisine interne (frais divers et formation de ses administrateurs…), nos «partenaires sociaux» de l'Unedic savent y faire => Lire cet exemple édifiant.

Voilà où va une partie de l'argent issu des cotisations chômage. Mais l'argent public, issu des caisses de l'Etat donc des contribuables, n'est pas mieux utilisé.

Le gouvernement, l’autre responsable…

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'Unedic n'est pas indépendante : le pouvoir en place étant largement en faveur du patronat, la balance penche de son côté. Et pour résoudre le problème des chômeurs en fin de droits, les propositions du patronat et du gouvernement sont une véritable provocation : certains contrats aidés pourraient leur être réservés en priorité, et les patrons qui les emploieraient vont bénéficier de nouvelles exonérations de cotisations dont on sait qu'elles assèchent les recettes de la protection sociale. Le tout nouveau CUI (contrat unique d'insertion, qui supprime le CAv et harmonise les CAE et CIE) est subventionné par l'Etat à hauteur de 90% : de l'argent public qui va directement dans la poche des employeurs. L'emploi à coût zéro dans toute sa splendeur, qui autorise le patronat à faire travailler sans frais des personnes mêmes qualifiées… personnes dont le seul privilège sera de bénéficier de contrats précaires, à mi-temps et payés au Smic  !

Sinon, que fait le gouvernement ? Il chipote sur le nombre de chômeurs en fin de droits qui vont se trouver sans solution financière, renvoyant le dossier après les élections régionales... Quand on sait que l'Etat consacre 5 milliards d’€ par an en exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires et que 4  milliards ont été engloutis dans la défiscalisation des heures supplémentaires instaurée par Nicolas Sarkozy, mesure qui a joué en défaveur de l'emploi, on voit bien que l'argent existe. Il serait temps qu'il serve enfin à financer les mesures d'urgence pour les vraies victimes de la crise.

SH

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Mis à jour ( Vendredi, 20 Août 2010 09:18 )  

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