
Censé se substituer au RMI de Michel Rocard qu'il qualifiait de «totalement dépassé», son premier bébé accouché aux forceps, le Revenu de solidarité active, avait deux finalités. D'abord, mener la vie dure aux ex-RMIstes : ses règles d'application et son contrôle ont été durcis, dans certains cas le montant des allocations a été rogné et des droits connexes supprimés; beaucoup y ont perdu. Il s'agissait ensuite d'affecter ces petites économies, réalisées sur le dos des uns, en faveur d'un «assistanat nouvelle formule» qui fournirait un complément de revenu à d'autres jugés plus méritants, c'est-à-dire ceux qui acceptent ou n'ont pas d'autre choix que d'aller travailler à perte, le tout à la charge de la collectivité.
«Le RSA, c'est quand on travaille et qu'on ne s'en sort pas», clamait il y a un an un spot publicitaire visant à faire connaître cette usine à gaz dans le cadre d'une campagne qui coûta 2,2 millions d’€ (soit 400 années de RMI, 120 années de Smic ou 85 années de salaire médian). Le message était limpide : Travailler et ne pas s'en sortir est devenu parfaitement normal, c'est un fait établi qui ne souffre aucune contestation, et surtout pas celle consistant à opposer qu'il vaut mieux promouvoir les augmentations de salaires et en finir avec l'emploi précaire.
La contradiction est monumentale : ce gouvernement, qui n'a pourtant de cesse de stigmatiser les «assistés», encourage en même temps le développement de l'emploi bas de gamme ou en miettes; et le voici qui instaure un nouveau statut social bâtard combinant, pour une durée indéterminée, la banalisation du sous-emploi et l'assistance illimitée en guise de récompense ! Or, si le travail permettait de vivre décemment, il n'y aurait pas besoin d'assistance et encore moins d'un RSA «activité» (une aumône de 110 € par mois en moyenne pour un salaire plafonné à 1,04 Smic, de quoi donner bonne conscience aux employeurs de plus en plus tentés de n'offrir que des rémunérations minimum). Mais, ma bonne dame, de nos jours les augmentations de salaires en temps de crise sont réservées à une élite comme les personnels de l'Elysée, Henri Proglio ou les dirigeants de Renault !
L'ère du stagiaire amélioré
C'est donc Marc-Philippe Daubresse, nommé ministre des Solidarités actives et de la Jeunesse, qui reprend le flambeau. D'ores et déjà, il a annoncé qu'il voulait simplifier le dispositif laissé par Martin Hirsch mais, d'expérience, quand l'UMP parle de simplifier les choses, il faut rester sur ses gardes...
Et voici notre Martin Hirsch national nommé président de la future Agence du service civique où pourra s'épanouir son attachement à la vie associative puisque le service civique consiste à proposer à des jeunes, désœuvrés mais «volontaires» (quand on n'a pas le choix, on le devient), de travailler 6 mois à 1 an dans une association ou une collectivité publique (procédé qui va permettre de colmater les brèches des suppressions de fonctionnaires) contre un pécule de… 600 € par mois subventionné par l'Etat ainsi qu'une couverture sociale. Une fois de plus, pas question de créer des emplois véritables et pérennes qui, non seulement, permettraient enfin à ces jeunes de s'émanciper mais, plus généralement, réinjecteraient un volume de cotisations conséquentes dans les caisses déficitaires de la Sécu ou de l'Unedic.
Compromis entre le stage en entreprise et le petit boulot en contrat aidé, énième faux tremplin vers une intégration professionnelle, voici une formule qui, reléguant le Smic aux oubliettes et ponctionnant l'argent public, permettra d'occuper à bas prix une population (les 18-25 ans) durement touchée par le chômage sans résoudre les raisons socio-économiques qui conditionnent son présent et son avenir. Une voie de garage supplémentaire qui va contraindre, une fois de plus, notre jeunesse à n'être que de la main-d'œuvre pas chère avec un statut de sous-emploi.
L'enfer est pavé de bonnes intentions. Tel est Martin Hirsch, grand promoteur de l'emploi dégradé et de l'exclusion sociale, un consciencieux sans conscience persuadé de faire le bien alors qu'il œuvre sans relâche contre lui.
SH
Et à ce nouveau poste, sachez que Martin Hirsch sera grassement payé.
Articles les plus récents :
- 15/04/2010 06:04 - 1,7 million d'embauches en 2010 ? Que de la poudre aux yeux !
- 08/04/2010 13:03 - Pour sauver les retraites, il faut diminuer la durée de cotisations !
- 06/04/2010 05:34 - De la «fracture sociale» à la «valeur travail»
- 02/04/2010 19:22 - Après les Chômeurs et les Ouvriers, les Classes moyennes vont payer la casse sociale
- 29/03/2010 21:18 - Des amendes pour les recruteurs qui ne répondent pas aux candidatures
Articles les plus anciens :
- 23/03/2010 10:01 - Régionales : L’imposture Sarkozy enfin sanctionnée
- 15/03/2010 19:10 - Les élections régionales confirment le malaise démocratique
- 07/03/2010 19:18 - Chômeurs en fin de droits : qui est responsable ?
- 03/03/2010 16:56 - Xynthia et la commisération sarkozyste
- 24/02/2010 16:42 - RSA et épargne disponible : Il faut fixer un plafond !
Commentaires
En fait, il s'agit-là d'un véritable conditionnement de ceux qui arrivent sur le marché du travail et de ceux qui espèrent encore s'y maintenir (avec le statut d'auto entrepreneur, le rSa, les emplois aidés…).
On conditionne à accepter des conditions de travail dégradées (voire indignes), des salaires qui ne permettent pas de vivre, des statuts précaires, l'absence "d'avantages sociaux" (assurance-chômage…), de 13e mois et même de congés payés.
Insidieusement, le gouvernement distille son poison.
Pour une jeunesse à la recherche d'insertion professionnelle , la précarité devient la règle, la "situation normale".
Salaires décents, congés, mutuelle, tickets resto… sont désormais un luxe, un privilège presque inaccessible.
Ce conditionnement "à la base" est un remodelage complet de l’environnement professionnel des nouveaux entrants.
Et ceux qui y étaient déjà (dans la vie professionnelle ) sont aussi contraints de revoir leurs (modestes) prétentions à la baisse… par le RSA, les emplois aidés, l'auto entreprise.
C'est toute la pyramide du "salariat normal" (comme on l'envisageait encore avant l'An 2000) qui s'écroule sur sa base.
Les effets se feront sentir très rapidement (c'est déjà le cas) chez les classes moyennes, chez les cadres intermédiaires…
Seul le sommet de la pyramide en sera préservé.
ET c'est ainsi que se creusent les inégalités, en sapant la base.
À terme, 75% des "travailleurs" verront (et voient déjà) leur statut se dégrader. Et 25% le verront (et le voient déjà) s'améliorer.
À noter que 25%, c'est grosso modo le score de l'UMP lors d'un premier tour d'élection.
Les 75% restants savent ce qu'ils leur restent à faire. Répondre | Répondre avec citation |
Ces imbéciles de Français !
N’ayons pas peur des mots. Les Français sont des imbéciles. Pas tous évidemment, mais ceux qui constatent et déplorent aujourd'hui que leur condition de vie se détériore, alors qu’ils ont reconduit à la tête du pays la majorité qui les gouverne depuis 6 ans. À quelle autre perspective ces imbéciles aspiraient-ils ?
Il y a un an, alors que la grande bataille électorale s’annonçait, «on» leur présenta un candidat sous les appellations certifiées non conformes : «homme providentiel» et «homme de la rupture» avec le passé. Et cet improbable «sauveur» fut élu à 53%.
Quelques semaines plus tard, dans la foulée des slogans qui emportèrent leur suffrage - «tout devient possible» et «travailler plus pour gagner plus» -, ils reconduisirent la majorité UMP qui, depuis 2002, siège à l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, ces mêmes Français manifestent leur mécontentement ; ils seraient 64% à ne plus faire confiance au Chef de l’État : 36% d’opinions favorables en février 2008 contre 55% en juin 2007, une dégringolade de 20 points !
Électeurs de Sarkozy, assumez vos responsabilités
Ainsi, neuf mois après l’élection triomphale de Nicolas Sarkozy, les Français découvrent le pot aux roses dans lequel ils se sont plantés en mai dernier. Et aujourd’hui, d’en faire porter le chapeau au «pauvre» Président qu’ils ont élu.
Mais que diable, électeurs de Nicolas Sarkozy, assumez vos responsabilités ! Vous aspiriez au changement, mais vous avez voté massivement pour un homme et une majorité qui gouvernent le pays depuis 6 ans maintenant, 6 années marquées par une succession de crispations politiques, économiques et sociales de grande ampleur : augmentation des prix, défaite aux élections régionales, NON au référendum européen, émeutes des banlieues, crise du CPE… À quelle bonne surprise vous attendiez-vous ?
On ne fait pas du neuf avec du vieux
Vous constatez aujourd’hui que «les caisses sont vides», que l’économie et les finances de notre pays se dégradent en matières de croissance, de balance commerciale, de déficit budgétaire, de dette publique… Mais vous avez élu à la tête de l’État un «homme d’expérience», ministre du Budget sous Édouard Balladur et ministre de l’Économie et des Finances sous Jean-Pierre Raffarin, un homme dont les actions improductives et contreproductiv es ont conduit au bilan suivant : accroissement de la dette publique et du chômage, augmentation des prix à la consommation, délocalisations et désindustrialis ation massives… (…)
La France d’en haut vous salue bien !
Et aujourd’hui, vous Français électeurs de Nicolas Sarkozy, vous ronchonnez parce que votre situation ne s’améliore pas, alors que vous avez remis tous les leviers du pouvoir entre les mains de celles et ceux qui ont placé la France en «cessation de paiement». Enfin, une partie de la France seulement est dans la dèche, celle des Français moyens et des Français qui «en chient», car les plus aisés vous saluent bien et vous remercient pour l’enthousiasme débordant que vous avez mis, en mai et juin 2007, à reconduire une majorité qui, depuis des années, mène une politique qui privilégie les privilégiés.
Oui, dans la France Sarkozy/UMP, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Il y a ceux qui s’enlisent dans les difficultés de la vie quotidienne et ceux qui se gavent. (…)
Pour paraphraser notre camarade de lutte, Frédéric Bonnaud, éditorialiste sur Europe1 : «Le Président de la République (et sa majorité) font très bien leur travail. Vous savez, faire des cadeaux fiscaux aux riches, c’est très simple. Augmenter le pouvoir d’achat des autres, c’est beaucoup plus difficile».
En votant pour Nicolas Sarkozy et pour l’UMP en mai et juin 2007, ces imbéciles de Français ont choisi leur camp : Celui des privilégiés.
Ils n’ont oublié qu’une chose : en faire partie ! Répondre | Répondre avec citation |
donc le montant moyen est dans la réalité bien + faible que celui annoncé.
de +, si on ote la disparition de la prime de retour à l'emploi de 1000€ qui existait avant, pour un emploi de 78h ou +, et de + de 4 mois.
de + si on prend en compte que des droits connexes :
- APL
- CMU
- exo taxe d'habitation et redevance audiovisuelle
Ne sont plus conditionnés au STATUT, mais aux REVENUS, une bonne partie des Rsastes travailleurs pauvres, perdent aussi par rapport au RMI d'avant, pas mal d'euros dans l'embrouille.
Si on prend en compte, la taxation de l'épargne des pauvres qui est déduit du montant des aumones etc, je fais cours car on est limité en caractères pour s'exprimer ..
on se rend compte, que le RSA c'est une PERTE sèche pour la moitié des Rsastes env. Répondre | Répondre avec citation |
d'un il est rapporteur du RSA, il a contribué à sa mise en place, et de 2, tout comme Monsieur Hirsch, il est menteur, il refuse d'admettre la réalité.
J'ai pu m'en rendre compte, en l'interpelant à 2 reprises, par webcam dans l''emission "çà vous regarde", ou il me coupait la parole, et ou ensuite il c'etait plaint, que l'emission ai pu laisser un chomeur oser le contredire, j'avais reçu un coup de fil le lendemain de la part du responsable de l'émission, en gros on me disait :
"now si vous voulez participer, faudra fermer votre gueule et pas apostropher les invités, sinon ils voudront pu venir sur le plateau" …
et bien entendu on m'avait coupé le micro, afin que je ne puisse pas avoir le dernier mot, ni même allez + loin dans mes arguments .. Répondre | Répondre avec citation |
:-P Répondre | Répondre avec citation |
Politis.fr du 11 Mars
"L’intersyndical e santé sociaux évoque l’obligation de travailler des compagnons pour un pécule de 40 à 50 euros par semaine (sans cadre horaire, sans protection, sans recours possible), de se soumettre aux ordres et aux directives des responsables des communauté sans pouvoir les discuter, les contester, sous peine de perdre son hébergement et de se retrouver à la rue. Le statut de "compagnon" est ainsi montré du doigt, il a pourtant été légalisé en 2008, en même temps que le RSA qu’on doit à Martin Hirsch, ex-président d’Emmaüs"… Répondre | Répondre avec citation |
Le décryptage de Miroir social Répondre | Répondre avec citation |