Dans son Enquête sur l'évolution des Revenus Fiscaux et Sociaux publiée vendredi, basée sur l'ensemble des déclarations de revenus effectuées sur la période 2004-2007 qu'il a recueillies puis découpées en dix tranches (ou déciles), l'Institut National de la Statistique et des Etudes économiques note que l'ensemble de la population s'est sensiblement appauvrie par rapport à une minorité de très aisés : de quoi mettre à bas cette idéologie fallacieuse qui consiste à prôner que l'enrichissement d'une poignée profiterait à tous.
De 2004 à 2007, le revenu moyen des neuf premiers déciles - soit 90% des Français - n'a augmenté que de 9% tandis que celui du dernier décile grimpait, lui, de 16% pour la catégorie «aisée» à 40% pour la «plus aisée», soit quatre fois plus vite ! De même, le nombre de Français ayant déclaré plus de 100.000 € de revenus constants a crû de 28% (ils étaient 384.000 fin 2007) et celui de ceux ayant déclaré plus de 500.000 € (l'INSEE précise que les 45-64 ans, et plus particulièrement les hommes, sont surreprésentés dans cette catégorie qui regroupe 11.000 happy few) a explosé de 70%. «C'est une augmentation des inégalités par le très haut», souligne l'Institut.
Le travail ne paie pas !
97% des revenus déclarés par les Français des neuf premiers déciles sont issus du travail… alors que, pour moitié, les revenus des plus aisés proviennent de leur capital. Les 10% de Français les plus riches déclarent ainsi à eux seuls 2/3 du total des revenus du patrimoine (+ 46%) et 4/5e des revenus exceptionnels (plus-values, dividendes… + 55%). Ensuite, grâce au jeu des niches fiscales, leur taux moyen d'imposition reste faible.
Et pendant ce temps, fin 2007, 13,4% de la population soit 8 millions de personnes vivaient avec moins de 908 € par mois. C'était avant la crise...
Quinze années de mensonges
Ainsi s'aperçoit-on que, depuis 1995 où Jacques Chirac avait fait de la «fracture sociale» son pathétique slogan de campagne, jusqu'en 2007 où Nicolas Sarkozy a encensé la «valeur travail» (juste avant que la défaite du système économique à l'anglo-saxonne, qu'il souhaitait promouvoir, ne vienne ébranler son «travailler plus pour gagner plus»), l'un comme l'autre ont roulé l'immense majorité des Français dans la farine. La «fracture sociale» du premier n'a cessé de s'aggraver. Quant à la «valeur travail» du second, on a compris qu'elle n'était qu'un attrape nigauds.
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