Du «travail gratuit» pour les syndicats, un «moyen d'évaluer les compétences des chômeurs» pour Pôle Emploi. Le service public de l'emploi ne l'a pas crié sur les toits mais ses agents proposent depuis plus de deux ans à ses «clients» (entreprises et chômeurs) deux «prestations» innovantes qui ont concerné plus de 110.000 personnes en 2009 : l'évaluation en milieu de travail préalable au recrutement (EMTPR) et l'évaluation en milieu de travail (EMT). Qui font tiquer les syndicats.
La première s'effectue à la demande de l'entreprise et vise «à tester un candidat» en lui confiant des tâches, en vue de son embauche, afin de vérifier ses compétences. «L'employeur peut observer le demandeur d'emploi en situation réelle de travail pour s'assurer qu'il correspond bien aux exigences du poste disponible», assure-t-on chez Pôle Emploi où l'on a recensé plus de 80.000 EMTPR en 2009. Le chômeur est suivi par un tuteur pendant toute l'évaluation qui peut «aller jusqu'à 40 heures sur cinq jours». Il conserve durant cette période son statut de demandeur d'emploi - sa couverture sociale est prise en charge par Pôle Emploi - mais n'est ni rémunéré ni dédommagé pour le travail effectué.
Aucun bilan au niveau national
«Il continue de toucher ses allocations chômage s'il est indemnisé et bénéficie d'aides de sa maison pour l'emploi s'il a moins de 26 ans», précise toutefois Sylvie Lievens, conseillère à Lattes, dans la banlieue de Montpellier, qui juge le dispositif utile. Rien que dans cette agence spécialisée dans l'hôtellerie et la restauration, une trentaine de chômeurs ont bénéficié d'une EMTPR l'année dernière avec un taux d'embauche de 50% à la clé. «Je n'ai eu qu'un seul non-recrutement à l'issue d'une évaluation dans mon propre portefeuille, ajoute Sylvie Lievens. Elle émanait d'un demandeur d'emploi qui n'avait pas de véhicule et ne pouvait pas se rendre sur le lieu de travail.» Des arguments qui laissent froids les syndicats qui assimilent l'EMTPR à de l'exploitation.
«Cela revient plus à offrir aux employeurs une période d'essai gratuite, non décomptée en cas d'embauche, que de mettre le pied à l'étrier aux chômeurs», rétorque Rubens Bardaji de la CGT-Pôle Emploi, qui dénonce l'absence de chiffres au niveau national pour juger de l'efficacité de la mesure. «Les conventions signées avec l'entreprise sont bidons et n'engagent à rien, complète-t-il. Ce n'est que du travail gratuit.»
2 euros de l'heure… pour l'employeur
Le second dispositif, l'évaluation en milieu de travail (EMT), qui s'effectue à la demande du demandeur d'emploi et a concerné près de 30.000 chômeurs en 2009, part de la même philosophie. Il permet «à un demandeur d'emploi de vérifier ses compétences et capacités professionnelles pour un emploi dans les conditions réelles d'exercice du métier», selon la brochure de Pôle Emploi. Là encore, le chômeur travaille gratuitement mais pour une durée maximum de 80 heures.
Seule grosse différence avec l'EMTPR : l'entreprise qui accueille le chômeur n'a pas l'intention de l'embaucher - elle est prestataire de services - et peut être rémunérée jusqu'à 2 euros de l'heure.
«Ce dispositif est utile lorsqu'un demandeur d'emploi veut se reconvertir», justifie Sylvie Lievens qui l'a récemment utilisé pour une jeune serveuse qui voulait devenir… fleuriste. «Nous faisons du cas par cas, ajoute-t-elle. Nous démarchons une entreprise qui correspond vraiment aux besoins du demandeur d'emploi et faisons un suivi après l'évaluation qui peut conduire à des formations complémentaires.»
(Source : Le Figaro)
NDLR : Cela fait longtemps que nous connaissons ces "prestations". En 2003, AC! avait déjà alerté sur ces dispositifs inconnus du Code du travail...
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