Avec 256.100 destructions nettes de postes, l'emploi salarié en France a connu l'année dernière une baisse record qui, pour la première fois depuis 1976, s'est accompagnée d'un recul du nombre d'entreprises affiliées à l'assurance-chômage, selon un bilan publié aujourd'hui par Pôle Emploi.
C'est la plus forte récession enregistrée depuis 60 ans. Selon l'Insee, en 2009, le produit intérieur brut de la France s'est contracté de 2,5%. Ce qui a fait reculer l'emploi salarié de 1,5% au total : une saignée proche de celle de 1,6% subie en 1976, après le premier choc pétrolier, et qui correspondait alors à 214.100 destructions de postes.
En 2008, avec le début de la récession, l'emploi salarié dans le secteur marchand avait déjà reculé de 0,5%. Au total, 145.000 postes ont été détruits.
La chute de l'emploi en 2009 a ramené à 16.287.700 le nombre de salariés des secteurs concurrentiels à la fin de l'année, répartis dans 1.602.990 établissements affiliés à l'Unedic. Soit 7.620 unités de moins qui représentent une baisse de 0,5%. L'impact de ce recul du nombre d'affiliés sur les recettes de l'assurance-chômage n'est pas encore chiffré.
Dans le détail, les entreprises employant moins de 10 salariés, soit 82,2% des établissements, ont concentré 67,9% des fermetures. Mais les pertes nettes d'emplois ont concerné à 98,5% celles de 10 salariés ou plus, où travaillent 75,2% des actifs.
L'industrie et la construction sont les secteurs qui ont été les plus touchés, avec des baisses respectives de 5,2% (168.200 postes perdus) et 2,9% de leurs effectifs. Seul l'intérim s'inscrit en hausse avec +1,5%.
A moins d'un miracle, il faudra des années pour résorber une telle catastrophe, car le nombre de CDI détruits — 260.000 depuis le début de la crise ! — ne sera pas résorbé de sitôt. En attendant, la précarité, le chômage de longue durée et la pauvreté seront le lot de millions de victimes de cette crise financière.
Post-scriptum => pour compléter, lire le rapport annuel de la DARES qui va beaucoup plus loin.
En 2008, le secteur marchand non agricole avait déjà perdu 190.000 emplois. En 2009, l'économie en a détruit 337.000 de plus.
C'est l'emploi salarié non marchand (fonction publique, milieu associatif…) qui a joué un rôle d'amortisseur, à grands renforts de contrats aidés subventionnés par l'Etat.
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Commentaires
La population active se définit comme l'ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi (environ 26 millions) ou qu'elles soient au chômage (2,7 millions au sens du BIT), à l'exclusion de celles ne cherchant pas d'emploi comme les personnes au foyer ou les rentiers. En général, la fourchette d'âge est fixée entre 15 et 64 ans.
Son évolution est calculée comme la somme de l'évolution de l'emploi total, public et privé (- 321.000 entre le quatrième trimestre 2008 et le quatrième trimestre 2009), et du chômage (+ 521.000). Soit un solde positif de 200.000 personnes.
Plus de femmes, et plus de seniors
La hausse «très dynamique» de la population active en 2009 n'était pas prévue. Le vieillissement démographique ralentit en effet sa progression : «En 2009, la population des 15-64 ans a progressé de 122.000 personnes, alors que son augmentation était comprise entre 200.000 et 300.000 de 2003 à 2006», souligne la DARES. A cela s'ajoute le fait que, au sein des 15-64 ans, la progression a été très forte chez les 60-64 ans (+ 232.000), moins enclins à travailler, quand les 25-49 ans ont perdu 62.000 personnes (générations post-baby boom).
Mais, à l'inverse de ces effets démographiques, la hausse de l'activité des femmes et des seniors, «toujours plus présents sur le marché du travail», a eu un rôle moteur. Le taux d'activité des femmes a encore gagné 0,7 point (+0,3 pour les hommes), à 66,1%. L'écart avec les hommes n'est plus que de 8,8 points, contre 11,1 en 2003. L'évolution est encore plus nette pour les seniors, avec des taux d'activité (hommes et femmes) en hausse de 0,7 à 0,8 point. «Fin 2009, 59,1% des 50-64 ans sont présents sur le marché du travail, en emploi ou au chômage», souligne la DARES.
L'impact des réformes du gouvernement contre les seniors a fait gonfler les chiffres
Ce phénomène durable est lié aux réformes successives des retraites (1993, 2003, 2008). Et plus marqué conjoncturellem ent : l'an dernier, le nombre de départs anticipés à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler très jeunes s'est effondré en raison d'un durcissement des règles : il n'y en a eu que 25.000, contre plus de 100.000 par an précédemment. A cela s'ajoute la fin progressive de la "dispense de recherche d'emploi" (DRE) pour les 55-59 ans. Alors qu'auparavant ils étaient indemnisés au titre du chômage sans être comptabilisés parmi les actifs (ils n'étaient pas en recherche d'emploi), ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Dernier facteur explicatif, le plus difficile à mesurer : l'évolution de la conjoncture peut encourager ou décourager des personnes d'entrer sur le marché du travail. «En 2006 et 2007, les fortes créations d'emplois et la baisse du chômage auraient incité un certain nombre d'inactifs à se porter sur le marché du travail», souligne l'enquête. Or, la crise aurait eu l'effet inverse à partir du deuxième trimestre 2008, estime l'INSEE.
Au final, en cumulant ces explications, la DARES juge «surprenante la hausse de 200.000 personnes de la population active au regard de ses déterminants traditionnels».
Une chose est sûre, elle rend d'autant plus incontournable la nécessité pour l'économie française de recréer massivement des emplois pour inverser l'évolution du chômage. Selon le bilan définitif de Pôle Emploi publié hier, l'emploi salarié dans le secteur marchand a reculé de 1,5% en 2009, soit 256.100 postes détruits, ramenant à 16,28 millions le nombre de salariés du privé.
(Source : Les Echos) Répondre | Répondre avec citation |
Par exemple, si davantage de femmes se sont rendues "disponibles sur le marché du travail" en 2009, c'est peut-être parce que leur conjoint a, lui, perdu son emploi…
Et si l'on compte davantage de seniors (+ 232.000 chez les 60-64 ans !), c'est parce qu'ils restent comptabilisés/coincés dans la population active inoccupée au lieu d'être en DRE ou à la retraite. Un phénomène qui n'est pas près de ralentir avec la réforme orchestrée par Eric Woerth… Répondre | Répondre avec citation |