«Quel est le sens de fortunes pareilles ? Quel est le sens de cette hyper accumulation d’argent ?», s’interrogeait récemment Jean-Luc Mélenchon au micro de BFM TV. «Et regardez cette femme (Liliane Bettencourt), elle n’a même pas l’air heureuse !», lâchait le Président du Parti de Gauche en conclusion de son intervention.
L’affaire Woerth-Bettencourt nous renvoie, en effet, à la réalité de l’exercice du pouvoir en France depuis 2007.
Dans son édition du 21 juillet, Le Canard Enchaîné nous rappelle que : «Ce que met à nu cette affaire, c’est l’existence de tout ce petit monde, celui d’où vient Sarkozy, celui où il a mené l’essentiel de sa carrière politique : Neuilly-sur-Seine.
On l’avait presque oublié depuis son abandon du style bling-bling, mais voilà que ça nous revient : Neuilly est au pouvoir. (…)
On y vit entre soi, ministres, financiers, héritières, avocats fiscalistes, requins de haut rang…
On se revendique de la "droite décomplexée". On grenouille plus pour gagner plus (…).
Même si l’affaire doit en rester là, on n’oubliera pas les 30 millions d’euros remboursés (à Bettencourt) par le bouclier fiscal, les énormes évasions fiscales en Suisse sur lesquelles le fisc n’a vu que du feu, et le taux d’imposition sur les revenus de Madame Bettencourt qui atteint à peine celui d’un cadre moyen», insiste Le Canard.
Et Mélenchon d’en rajouter une couche : «Une fois de plus, ces gens se comportent comme des irresponsables sociaux. C’est la première fortune du pays mais elle a caché une île. Rien que ça ! Pourquoi pas une montagne pendant qu’on y est !
Et on n’a rien à dire sur les fraudeurs fiscaux ! 40 milliards par an s’évadent de cette manière. Vous savez ce que c’est 40 milliards ? C’est ce qu’on paie chaque année pour la dette de la France. 40 milliards que ces gens-là nous volent. Et ils obligent le reste du pays à trimer pour les payer à leur place».
Sur la dénonciation de cette inégalité de traitement croissante entre nantis et classes populaires et moyennes, Actuchomage n’a jamais été en reste depuis son lancement en 2004.
Il n’y a pas si longtemps, on signait un article intitulé : «Quand est-ce que ça va péter ?»
En cette période nauséabonde, il nous paraît opportun d’en republier quelques extraits que voici :
Certains argueront que tous les Français, riches ou pauvres, salariés ou chômeurs, sont touchés. C’est dur pour tout le monde. «C’est la crise mon pauvre monsieur». Ben tiens ! Et celui-là, ce majeur tendu, tu le vois ?
Parce que tu crois vraiment que tout le monde est touché par la crise, toi ? Tu penses que face à cette «vilaine récession», on est tous logés à la même enseigne et qu’on doit faire bloc derrière notre classe dirigeante (politique et économique) qui, en matière d’économies et de modération salariale, donne si bien l’exemple.
Mais non, pauvre banane, t’es en train de te la faire mettre bien profond, la crise, et sans vaseline (y’a des moments où il faut se lâcher !).
T’as pas encore pigé qu’on se fout ouvertement de ta gueule, que le pognon coule à flot dans les poches de ceux qui étaient déjà blindés.
Les avions se sont-ils arrêtés de voler vers les destinations paradisiaques ? Les grosses berlines de rouler ? Les boutiques de luxe d’écouler leur camelote ?
Bon, disons que ceux qui pétaient plus haut que leur cul ont fini par mettre un bémol à leur frénésie de consommation bling-bling. Mais ceux qui ont vraiment les moyens de dépenser sans compter, eux n’ont rien changé à leur train de vie, parole d’expert.
Et on assiste partout à une bipolarisation accrue des modes de consommation : D’un côté le «low cost» pour les fauchés ou le «rien du tout». De l’autre, le «toujours plus» de luxe et de prestations haut de gamme pour les nantis.
Et les moyens, eux, ils basculent peu à peu vers le bas (…).
Alors oui, nous sommes bien en période de récession mais pas celle qu’on croit. On régresse vers l’Ancien régime. Deux castes en émergent : Ceux qui peuvent tout se permettre et ceux qui ne pourront bientôt plus rien s'offrir.
Et on t’emmerde ! On se fout de ta gueule à longueur de journée en te divertissant avec quelques chiffons rouges (la Grippe A, la main de Thierry Henry, l’identité nationale, la sécurité, l’affaire Polanski, la «réforme» du Capitalisme, le sommet de Copenhague et les présidentielles de 2012…) pendant qu’on façonne une nouvelle société, celle du chacun pour soi et de la merde pour le plus grand nombre.
Les riches te la mettent bien profond, avec ton assentiment, ta résignation à les laisser faire, «parce que c’est la crise mon pauvre monsieur, et qu’on n’y peut rien !».
Cette crise, c’est de la foutaise, une des plus belles escroqueries de l’Histoire de l’Humanité. (…)
Et même que pour en sortir, la SEULE solution, c'est de donner un coup de pouce aux riches, en les exonérant d'impôts, de cotisations sociales et de contrôles fiscaux !
La crise, tu peux la mettre à toutes les sauces, la jouer sur toutes les partitions, la chanter sur tous les toits.
La crise, elle verrouille ton cerveau, elle t’installe dans le flip du lendemain qui déchante, quand t’auras plus de boulot, quand t’auras plus d’oseille. Alors tu laisses faire, tu courbes l’échine en attendant l’éclaircie.
Mais l’éclaircie, pauvre naze, tu ne la verras que si tu redresses la tête ! (…)
Voilà des mots écrits en novembre 2009 qui sont plus que jamais d’actualité en cette période d’annonce de plans de rigueur, de restrictions budgétaires et de coupes sombres dans les dépenses sociales.
Car, pendant ce temps, une caste, celle que parodiaient il y a une vingtaine d'années Les Inconnus dans leur sketch «Auteuil Neuilly Passy», s’en met plein les poches, se goinfre toujours plus.
Nous laisserons à Frédéric Bonnaud, éditorialiste sur Europe1, le mot de la fin : «Le Président de la République (et sa majorité) font très bien leur travail. Vous savez, faire des cadeaux fiscaux aux riches, c’est très simple. Augmenter le pouvoir d’achat des autres, c’est beaucoup plus difficile».
En votant pour Nicolas Sarkozy et sa clique de Neuilly-sur-Seine en mai et juin 2007, ces imbéciles de Français ont choisi leur camp : Celui des privilégiés.
Ils n’ont oublié qu’une chose : EN FAIRE PARTIE !
Yves Barraud
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