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Aussitôt Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre et Xavier Bertrand ont repris le flambeau, se chargeant de continuer à jeter de l'huile sur le feu contre de parfaits boucs-émissaires ainsi pointés : d'abord les Roms, puis les personnes d'origine étrangère (qui sont «un problème majeur de notre pays») coupables de polygamie ou d'incitation à l'excision, sans oublier les délinquants multirécidivistes, voire leurs parents quand ceux-ci sont mineurs...
Depuis le faux débat sur l'identité nationale, jamais ce gouvernement n'avait autant enfoncé le clou à grands renforts d'amalgames racistes, désignant des coupables à la vindicte populaire afin de produire un gigantesque écran de fumée en vue de masquer son incompétence et sa malhonnêteté.
Candidat en 2007, pour se faire élire, Nicolas Sarkozy avait aussi fustigé les chômeurs et les RMIstes. Et ça a marché. A nouveau, la mayonnaise prend : selon un sondage IFOP pour Le Figaro, l'ensemble des mesures avancées contre «les étrangers» — y compris de l'intérieur, ceux qui sont Français mais un peu trop basanés, ou qui osent vivre différemment — obtiendrait le soutien massif de la population. Gageons qu'en 2012, c'est le Front national qui menacera l'UMP !
256.000 emplois perdus en 2009
Déjà indigente en temps normal, orientée et évitant soigneusement de parler trop longuement de ce qui fâche (le chômage qui ne baisse pas, l'augmentation des tarifs EDF, etc…), plus que jamais l'information estivale de nos JT se cantonne au sport ou aux faits-divers, ces derniers venant curieusement gonfler le sentiment d'insécurité de nos concitoyens et, surtout, leur xénophobie latente.
Pourtant, l'information majeure de la semaine, c'est le chiffre des destructions nettes d'emplois de l'année dernière. En 2009, 337.000 postes ont été détruits dans le secteur concurrentiel — du jamais vu depuis 60 ans —, compensés par l'intérim et, surtout, le secteur non marchand qui a tiré son épingle du jeu grâce aux contrats aidés (donc précaires) subventionnés par l'Etat. Au total, depuis le début de la crise qui est loin d'être terminée, ce sont près de 530.000 emplois salariés qui ont disparu en France dans le secteur marchand non agricole, dont 260.000 CDI. Et là, motus et bouche cousue, on ne s'étale pas. On va vous parler du chômage aux Etats-Unis ou en Espagne, mais rien ne filtrera sur ce qu'il se passe vraiment ici.
Pourtant, les origines profondes de l'insécurité sont d'ordre social, et c'est de protection sociale dont les gens ont le plus besoin. Faire en sorte que chacun ait un emploi digne qui lui permette de vivre et de se projeter serait la meilleure façon de lutter contre l'insécurité générale. Les Français se fourvoient quand ils s'imaginent que les causes de leur insécurité sont ailleurs que dans la montée du chômage et de la précarité (car désormais, 80% des recrutements se font en CDD).
Mais le social n'est pas la priorité de ce gouvernement. Encore moins la création de bons emplois pour tous. L'UMP cautionne l'emploi précaire et les bas salaires. Ensuite viennent le Taser, le bracelet électronique et la vidéosurveillance...
Un retour aux années 30 ?
Suite à la crise de 1929, alors que le chômage et la pauvreté faisaient rage, se propageant des Etats-Unis à l'Europe, tandis qu'Herbert Hoover fermait les yeux en faisant les mauvais choix et qu'Hitler accédait au pouvoir, qu'a-t-on trouvé de mieux que s'en prendre à des catégories d'individus accusés de tous les maux ? A quoi cela nous a-t-il mené ? A la barbarie la plus folle.
Qui sont les vrais responsables de cette nouvelle crise ? Qui sont les vrais délinquants multirécidivistes qui nous ont mené là, et qui sont leurs complices ? Sont-ils issus de l'immigration, de banlieue ou du voyage ? Va-t-on aussi les punir ? Que nenni.
Partout en Europe on stigmatise les mêmes. Où allons-nous ?
En attendant, les responsables et les complices de cette crise financière, économique, sociale et morale continuent à œuvrer, à prospérer et à nous diriger. Ils tirent les bénéfices du mal qu'ils nous font mais pour qu'on ne les désigne pas, ils nous enfument avec de faux coupables et jouent à un jeu dangereux. Dangereux pour nous, pas pour eux. Car pendant que les peuples naïfs, infichus de rester sourds à cette honteuse propagande et d'ouvrir les yeux, s'écharpent entre eux, nos psychopathes en col blanc s'en sortiront quoiqu'il arrive.
SH
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Commentaires
Malheureusement , le pouvoir de la ploutocratie est bien cimenté et soutenu par le pouvoir en place, d'autant plus que les états ont besoin de crédtis et sont donc dépendants des marchés financiers. Par conséquent, rien ne changera. Le bon peuple est abreuvé de propagande télévisée et ceux qui ne sont pas (encore) concerné par le chômage, se sont habitués au phénomène du chômage de masse. Les gens ont peur, peur de perdre leur emploi; la peur rend silencieux et serviable. Répondre | Répondre avec citation |
La France d’en bas n’a rien demandé Répondre | Répondre avec citation |
Extraits :
Dans les cités comme ailleurs, et sans doute plus qu’ailleurs, il existe bien d’autres formes de violence ou d’insécurité dont les autorités se scandalisent beaucoup moins : la discrimination à l’embauche ou dans l’accès au logement par exemple, les plans de licenciement, notamment dans des entreprises bénéficiaires.
Ce dernier point mérite qu’on s’y arrête. Car en se «réconciliant avec l’entreprise», la gauche s’est aussi réconciliée avec toute une série de violences qui s’y exercent. Outre la menace permanente du licenciement, il y a aussi la précarité : aujourd’hui, un salarié sur dix travaille en contrat à durée déterminée, en intérim, en stages ou en contrats aidés. Et la proportion ne cesse d’augmenter : CDD et intérim représentent 90% des recrutements dans les secteurs privé et semi-public. Ne s’agit-il pas de violence et d’insécurité ? L’angoisse d’être licencié, de ne pas voir son contrat renouvelé, n’est-ce pas l’insécurité la plus radicale et la plus répandue ? Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’un sentiment d’insécurité, puisque le travail précaire s’accompagne d’une série de violences physiques et morales bien réelles : (…)
Et même lorsque ces «difficultés» ne sont pas identifiées comme violences, elles n’en sont que plus redoutables, car ce qu’on ne conscientise pas ou qu’on ne verbalise pas, on somatise. (…)
Parlons aussi d’incivilité puisque, dans l’agenda gouvernemental, c’est devenu une priorité. (…) Ceux qui sont privés de travail subissent de véritable et innombrables violences et incivilités, quotidiennement et à peu près partout, jusque dans leur plus proche entourage. Sophie Badreau l’a très bien décrit :
« La recherche d’un emploi recèle une quantité insoupçonnée de petites violences, dont l’accumulation finit par fatiguer les organismes les plus résistants et par épuiser les volontés les plus affûtées. Cette usure psychologique est en grande partie générée par le fait que vous êtes sans cesse confronté plus ou moins directement à des personnes qui s’autorisent à porter des jugements sur vous, à vous expliquer pourquoi vous ne trouvez pas d’emploi, à critiquer vos choix et surtout à vous donner des conseils alors que, de toute évidence, elles sont totalement coupées des réalités du chômage en général, et totalement ignorantes de votre situation en particulier. Ces personnes expriment des opinions qui, pour la plupart, peuvent être rangées dans les catégories "tout le monde peut s’en sortir", "il y a du travail pour tout le monde", "vous ne savez pas vous y prendre". Inutile d’insister sur les effets dévastateurs que ce genre de théorie peut avoir sur le moral et sur la confiance en soi de ceux qui ne s’en sortent pas. »
Cette violence sournoise et dévastatrice, non seulement nos dirigeants politiques ne la combattent pas, mais ils l’exercent : n’est-il pas violent, quand on cherche en vain un emploi depuis des mois ou des années, d’entendre un Président de droite déclarer qu’«il y a du travail pour ceux qui veulent se bouger», ou un Premier Ministre de gauche ne concéder qu’une «prime de Noël» dérisoire aux chômeurs en lutte en leur expliquant qu’il est «impossible d’en demander plus à la France qui travaille» – sans parler des actuels discours décomplexés opposant «la France qui se lève tôt» à celle qui se lève tard ? Ces discours culpabilisateur s ne sont-ils pas des incivilités caractérisées ? Ne font-ils pas au moins autant de ravages que le "parler cru" de certains jeunes ? Répondre | Répondre avec citation |
http://2ccr.unblog.fr/2010/12/10/stop-a-linsecurite/ Répondre | Répondre avec citation |