A l'UMP (et partout ailleurs chez les libéraux qui nous gouvernent), on ne lutte pas contre le chômage et la dégradation de l'emploi : bien au contraire on les entretient, car ils permettent au système économique actuel de continuer à prospérer. Mais pour sauver les apparences devant l'opinion, il faut régulièrement mentir ou brasser de l'air.
Et de l'air, Laurent Wauquiez n'en manque pas, lui qui, à l'instar de quelques collègues, dispose également d'un micro-parti nommé Nouvel Oxygène et se retrouve, à son tour, empêtré dans une histoire de collecte de fonds quelque peu immorale...
Encore de l'air quand il se lance dans une «grande consultation» des agents et usagers de Pôle Emploi un an et demi (mieux vaut tard que jamais) après la fusion désastreuse de l'ANPE et de l'Assedic, afin de «collecter leurs attentes et améliorer les relations»... On rappelle que Benoît Genuini, premier médiateur du nouvel organisme, avait démissionné un peu plus d'un an après sa prise de fonction, suite à l'indifférence générale envers sa mission et son premier rapport d'activité qui, bien que consensuel, était déjà accablant. Gageons que les résultats de cette consultation, s'ils n'atterrissent pas aussi dans un fond de tiroir, seront suivis de mesurettes à 50 centimes vantées comme miraculeuses.
Toujours de l'air quand le bon M. Wauquiez propose, par exemple, une fantomatique aide au permis de conduire pour faciliter la mobilité… de 20.000 chômeurs.
Du vent quand il prépare un nouveau dispositif «zéro charges» en faveur de l'emploi des plus de 55 ans (pardon… en faveur des employeurs qui pourront les faire bosser à vil prix, puisque «les seniors coûtent trop cher» aux entreprises) et clame l'efficacité des contrats aidés pour lutter contre le chômage (pardon… précariser l'emploi, surtout public, tout en faisant baisser les chiffres officiels).
Du vent, son «plan rebond» pour les chômeurs en fin de droits (qui, d'ailleurs, ne décolle pas) !
Toujours du vent quand il élabore un «plan 2 des services à la personne» — ce vivier d'emplois «non délocalisables» — à grands renforts d'aides qui profitent essentiellement aux mieux lotis tout en accentuant la paupérisation des salariés concernés, alors que le coût fiscal des réductions d'impôt accordées aux utilisateurs de ces services, dont certains sont d'utilité publique, se révèle nettement plus onéreux que ce qu'aurait été le financement direct par l'Etat des emplois créés par cette mesure.
Et encore du vent quand il souhaite rapatrier quelque 50.000 emplois délocalisés dans les centres d'appels francophones offshore. Car si 81% du chiffre d'affaires du secteur est réalisé dans l'Hexagone par 250.000 salariés (en équivalent temps plein, dont 60.000 s'échinent dans des structures externalisées comme Téléperformance, Arvato ou Acticall) contre 19% dégagé à l'étranger, malgré quelques exceptions, la tendance à la relocalisation est nette depuis cinq ans, et le nombre de créations de postes dans les call-centers en France est supérieur à celui de l'étranger (entre 6.000 et 8.000 en 2008 contre 3.000).
Tout cela n'est que de la surface !
Pour les salariés des emplois de service ou des plateformes d'appels, le fond du problème reste le même : cette main d'œuvre, largement sous-payée, est aussi mal traitée (horaires atypiques, pénibilité, pressions diverses…) et précarisée (temps partiel, CDD…).
On le sait : les travailleurs des call-centers sont les OS d'aujourd'hui. Téléperformance s'est même taillée une réputation d'esclavagiste, tandis que les dégâts humains chez France Télécom sont désormais connus. De l'issue de ces «Assises» initiées par Laurent Wauquiez, les syndicats du secteur (qui ne sont même pas sûrs d'être invités) sont sans illusion.
Car hélas, selon la classique — et paradoxale — recette de l'UMP qui cautionne la baisse du coût du travail (tout en prônant sa «valeur»…) au nom de la concurrence internationale, il s'agit d'octroyer toujours plus d'aides publiques et d'exonérations de «charges» à des employeurs sans scrupules. Ces subventions, accordées sans contreparties réelles sur la qualité et la quantité des emplois, ruinent inexorablement les caisses de l'Etat et de la protection sociale. Ensuite, par ricochet, c'est l'ensemble des Français qui est invité à renoncer à ses droits (devenus des privilèges) en se serrant la ceinture.
On l'a compris, le «plein emploi» qu'appelle de ses vœux Nicolas Sarkozy est en réalité la généralisation d'un «sous emploi de masse» : une future Française des Jobs. Qu'à travers son action le bon soldat Wauquiez fasse la promotion de l'emploi merdique — au lieu de défendre l'emploi pérenne et de qualité; au lieu de mettre le paquet dans des secteurs d'activité qui assoieraient l'avenir économique et le rayonnement de la France — est parfaitement logique.
Pour finir sur une touche humoristique, revenons au financement des «partis de poche» dont M. Wauquiez est connaisseur, à ses emplois de service pour les riches, puis l'affaire Bettencourt et les écoutes de son majordome car, finalement, tout est lié. «Faites-vous toujours confiance à vos domestiques ?» : telle est la malicieuse question posée par StreetPressTV à une caste dominante sur ses dominés. On vous laisse apprécier...
Et puisque que c'est les vacances et qu'on n'a pas les moyens de partir, un peu de détente :
SH
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