Ce sont Les Echos qui ont repéré l'information dans le rapport sur le projet de budget pour 2011 rédigé par le député UMP Gilles Carrez. Celui-ci a fait les comptes : sur la période 2008-2011, les «revenus des interventions liées à la crise financière» devraient s'élever à 3,833 milliards d'euros.
2,6 milliards grâce aux banques
La première de ces «interventions», c'est l'aide destinée à renflouer les banques, annoncée en octobre 2008. L'Etat leur a apporté 120 milliards d'euros sous la forme de prêts (77 milliards) et en entrant provisoirement dans leur capital (20,75 milliards). La banque franco-belge Dexia a bénéficié d'une aide spécifique de 28 milliards d'euros.
Résultat, selon le rapport de Gilles Carrez : sur trois ans, ce plan de sauvetage aura rapporté 819 millions d'euros en dividendes et 1,845 milliard en intérêts, soit au total 2,664 milliards d'euros.
732 millions grâce aux constructeurs automobiles
Deuxième «intervention» : le plan de soutien au secteur automobile, présenté en février 2009. Il représentait au total 7,8 milliards d'euros. L'Etat a prêté 6,3 milliards d'euros directement aux constructeurs à un taux de 6%, et ajouté 1,5 milliard à l'aide dont bénéficiaient déjà leurs filiales de crédit.
Selon le rapport de Gilles Carrez, l'Etat touchera 441 millions d'euros en 2010, première année de versement des intérêts, puis 291 millions en 2011. Total, donc : 732 millions d'euros.
437 millions grâce à la Grèce
La troisième «intervention» ne concerne pas un secteur économique, mais un pays. Dans le cadre du plan d'aide européen à la Grèce élaboré en avril, la France s'est engagée à prêter jusqu'à 16,8 milliards d'euros en trois ans, à un taux de 5%. Alors que, sur les marchés financiers, la Grèce se voyait proposer des prêts à 8%.
Ce plan de secours à la Grèce rapportera de l'argent à la France : 111 millions d'euros d'intérêts et de commissions dès 2010, 326 millions en 2011. Soit, au total, 437 millions d'euros en deux ans.
L'Etat s'est endetté pour prêter
Ces plans de secours rapportent donc de l'argent à l'Etat, mais ils lui en coûtent aussi. L'argent prêté a en effet été emprunté sur les marchés financiers.
En mai, la Cour des comptes dressait d'ailleurs un bilan mitigé du plan d'aide aux banques : d'après elle, les gains à court terme (les intérêts et les dividendes) risquaient d'être considérablement réduits, voire «annulés» par des «coûts indirects» à moyen terme. Notamment, par les intérêts que l'Etat doit verser pour les fonds qu'il a empruntés à l'étranger, puis prêtés aux banques.
Dans son rapport, Gilles Carrez est tout aussi méfiant. Il rappelle que les prêts accordés aux banques «ont été financés par un accroissement de l'endettement public». Et il lance cet avertissement au gouvernement : «Une fois liquidés, ils doivent être affectés à la réduction de la dette de l'État et non au financement de dépenses pérennes. À cet égard, aucune dotation à un opérateur ne doit être financée par le remboursement des fonds prêtés aux banques - une telle opération revenant à financer des dépenses pérennes par la dette.»
Moralité : les marchés ont prêté aux Etats qui ont prêté aux acteurs en difficulté. Ce sont donc les marchés qui, au final, se sont enrichis.
(Source : Eco89)
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