Nicolas Sarkozy se prononçait jeudi pour un renforcement, à la faveur de la sortie de crise, des contrôles exercés sur les chômeurs. Oui, mais exercés par qui ? Selon une étude de l'Inspection générale des finances rendue publique mardi, le service public de l'emploi, qui comprend Pôle Emploi et les missions locales, compte 215 agents pour 10.000 chômeurs, soit moitié moins que son équivalent allemand.
Le recensement des effectifs a été réalisé dans les trois pays à l'été 2010. Pour 10.000 chômeurs au sens du BIT, la France dispose pour son SPE de 215 postes équivalents temps plein, le Royaume-Uni de 221 et l'Allemagne de 420. Rapportés au nombre de demandeurs d'emploi recensés par les statistiques nationales, les effectifs montrent des écarts encore plus importants : 150 agents en France, 349 au Royaume-Uni et 377 en Allemagne.
Une tendance accentuée pendant la crise. L'IGF note que les opérateurs publics allemand et britannique ont densifié les effectifs d'accompagnement durant cette période. Plus de 16.000 agents ont été recrutés outre-Manche et les portefeuilles de chômeurs par agent ont été maintenus à 70 outre-Rhin. Dans le même laps de temps, le nombre de demandeurs d'emploi par agent a quasiment doublé dans l'Hexagone pour atteindre 110.
Seul le service aux employeurs est efficace
Sur les quatre missions étudiées (accueil, indemnisation, accompagnement du demandeur d'emploi, service aux employeurs), seule la dernière paraît bien dotée en France. Ainsi 10% des effectifs du service public de l'emploi français sont dédiés aux relations avec les employeurs, contre 4% dans les deux autres pays. En revanche, comparée à la France et au Royaume-Uni, l'Allemagne affecte une plus forte proportion de ses effectifs aux missions d'accueil (13% des personnels) et d'indemnisation du demandeur d'emploi (23%). Pour le Royaume-Uni et la France, ces chiffres s'élèvent respectivement à 11% et 10% pour l'accueil, et 15% et 16% pour l'indemnisation.
De son côté, le Royaume-Uni accorde une priorité plus forte à l'accompagnement [comprenez, au flicage - ndlr Actuchomage] du demandeur d'emploi : 51% des effectifs s'y consacrent contre 36% des effectifs en Allemagne et 33% en France.
Le rapport de l'IGF préconise des pistes d'amélioration comme le transfert d'une partie du personnel du SPE français vers les métiers d'accompagnement, et suggère aussi d'alléger le suivi de certains chômeurs pour cibler davantage les publics les plus éloignés de l'emploi.
(Source : LCI)
NDLR : La priorité de Pôle Emploi est bien de satisfaire les employeurs, dont la plupart des très rares qui recrutent sont des "bouffeurs de primes". Et la priorité de l'Etat n'est pas de lutter contre le chômage mais contre ses victimes, comme le prouvent à nouveau les dernières offensives de l'UMP.
Or, pour endiguer le chômage, il n'y a qu'une seule solution : créer en quantité suffisante des emplois dignes de ce nom. Hormis cela, tout le reste n'est que foutaise !
Actuellement — et cela ira de pire en pire —, l'écrasante majorité des emplois disponibles, dont le nombre est déjà dérisoire, consiste en petits boulots précaires et au Smic, plus ou moins sponsorisés/subventionnés par l'Etat, et qui osent de surcroît requérir des moutons à cinq pattes... En effet, si le diplôme permet de mieux s'en sortir, c'est pour mieux goûter au déclassement.
Alors, qu'ils soient 215 ou 420 clampins enrôlés pour imposer contre sanction ces jobs de merde aux chômeurs, qu'est-ce que cela change au fond du problème ? Rien du tout !
Le service public de l'emploi est comme un boulanger (en fait, un vulgaire dépôt de pain) qui n'a quasiment rien à vendre. Mais pour sauver la face et maintenir son enseigne, l'Etat l'a placé sous perfusion et obligé à se recycler dans des activités-écran plus ou moins douteuses. Tel est le constat réaliste que l'on peut faire.
SH
=> Le rapport de l'IGF à télécharger en pdf
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