Le groupe Total poursuit, via un plan de départs volontaires annoncé mercredi, la restructuration de sa branche raffinage en France. Ce plan, présenté en comité central d'entreprise, concernera potentiellement une centaine de personnes par an jusqu'en 2017, soit quelque 600 salariés si le dispositif est très suivi. Les conditions de départ, "très avantageuses" selon Total, devraient y contribuer.
A titre d'exemple, un salarié qui reprendra ou créera une entreprise aura droit à une indemnité allant de 24 à 48 mois de salaire. Un salarié partant en contrat à durée indéterminée dans une autre entreprise pourra toucher entre 12 et 60 mois de salaire selon son ancienneté. Enfin, une personne optant pour une cessation anticipée d'activité touchera 77% de sa rémunération brute entre 6 mois et trois ans, un peu moins si elle est entre 3 et 5 ans de l'âge légal de départ en retraite. Un porte-parole du groupe a souligné que "tout le dispositif est entièrement financé par Total", première capitalisation boursière en France qui a dégagé un bénéfice de plus de 10 milliards d'euros en 2010 tout en échappant à l'impôt sur les sociétés.
Si le groupe affiche des profits colossaux, c'est surtout grâce à son activité de production, mais la branche raffinage est moins rentable, surtout en Europe où la consommation de produits pétroliers est orientée à la baisse et où certaines des raffineries sont vieillissantes. "Ce plan de départs volontaires est nécessaire pour répondre à la constante baisse de la consommation européenne et plus particulièrement française", a commenté un porte-parole du groupe, ajoutant que dans cet environnement "il faut s’adapter", et "l’objectif est de réduire les coûts". Total possède la moitié des raffineries dans l'Hexagone.
Ce contexte morose pour le raffinage avait déjà conduit le groupe à lancer en 2009 un plan de suppressions de postes (250 suppressions sans licenciement) et à fermer en 2010 la raffinerie des Flandres (380 salariés et autant de sous-traitants), près de Dunkerque. Après la fermeture de Dunkerque, qui avait suscité des critiques à l'égard du pétrolier, Total s'était engagé à ne pas fermer et à ne pas vendre de raffinerie en France d'ici 2015.
Le plan de départs volontaires présenté mercredi, qui doit encore faire l'objet d'une consultation avec les représentants du personnel, concernera une quinzaine d'établissements en France, employant quelque 6.000 personnes, "mais pas les personnels postés dans les raffineries", a précisé Total. Le groupe emploie en France environ 36.000 salariés (siège, production, pétrochimie, raffinage-marketing).
Les volontaires au départ "pourront en faire la demande jusqu’au 16 septembre 2011", précise Total. Il n'y a pas de conditions d'âge, mais il faut avoir 10 ans de présence chez Total pour certaines dispositions et 5 ans pour d'autres. La moitié d'entre eux devra venir du siège situé à La Défense (Hauts-de-Seine) et l'autre moitié de province. Le plan vise autant de cadres que d'ouvriers et employés.
Aucune évaluation chiffrée du dispositif n'a été donnée par le groupe. "C'est seulement une fois qu’on saura qui veut partir qu’on pourra provisionner les sommes nécessaires", a indiqué le porte-parole du groupe pétrolier.
(Source : L'Expansion)
Et, pendant ce temps, les Français paient leur essence au prix fort...
Carburant : les mesurettes gouvernementales
Le jeu de dupe sur le prix de l’énergie s’est poursuivi hier en fin de matinée, alors que le prix de l’essence a battu un nouveau record historique. La ministre de l’Économie et des Finances, Christine Lagarde, et le ministre de l’Énergie, Éric Besson, ont reçu à Bercy les entreprises du secteur pétrolier afin de conclure un accord sur le financement de la revalorisation du barème kilométrique, censée compenser les sommets atteints par le prix du carburant à la pompe. Or, cette revalorisation ne compensera pas la hausse du prix de l’essence, et son financement ne coûtera qu'une paille aux entreprises du secteur pétrolier.
Les pétroliers et autres distributeurs devront verser 115 millions d’euros pour financer la hausse de 4,6 % dudit barème, nous annonce-t-on. On imagine déjà la stupeur dans laquelle ont sans doute été plongés les actionnaires de Total à l’annonce que leur groupe devrait débourser pour sa part quelques millions d’euros alors qu’en 2010, il a réalisé 10,5 milliards d’euros de bénéfice.
L’automobiliste qui, depuis plusieurs semaines, paie le litre de super sans plomb 1,54 euro en moyenne et le litre de gazole 1,36 euro restera sur sa faim. S’il ne paie pas l’impôt sur le revenu, comme c’est le cas d’un ménage sur deux, il ne bénéficiera d’aucun coup de pouce. Peu de Français bénéficieront donc de la mesure. Selon l’aveu même de Bercy, « cette décision profitera à 5 millions de salariés, 500.000 professions libérales et 600.000 artisans ». Pour ces heureux bénéficiaires, la réduction d’impôt supplémentaire obtenue n’atteindra même pas le prix moyen d’un plein !
Des choix sans effet
Les annonces du gouvernement ne suffiront pas à amortir la hausse des prix à la pompe. Pour y parvenir, il faudrait modifier la fiscalité du carburant qui s’avère particulièrement injuste puisqu’elle s’applique aux consommateurs indépendamment de leur niveau de revenu. La taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) et la TVA représentent 60 % du prix du litre de super sans plomb et 50 % du prix du litre de gazole. À ceci s’ajoute le fait que la TVA est dans le cas présent « un véritable impôt sur l’impôt ». Son montant n’est pas calculé sur la base du prix hors taxe du litre de carburant mais intègre le montant de la TIPP.
Le gouvernement refuse de s’engager sur la voie d’une fiscalité plus juste qui imposerait, par exemple, davantage les bénéfices des groupes pétroliers. En témoigne la fin de non-recevoir adressé aux associations de consommateurs et à plusieurs syndicalistes qui demandent le rétablissement de la TIPP flottante. Et on comprend pourquoi : rogner sur les taxes entraînerait un manque à gagner pour les recettes de l’État qui compliquerait, par exemple, l’allègement de l’impôt de solidarité sur la fortune...
La hausse du barème kilométrique sera enfin sans effet sur l’évolution à venir des prix du carburant. Celle-ci dépend essentiellement de celle du cours du baril de pétrole. Or, l’or noir continue de flirter avec les sommets de l’été 2008 quand le prix du brent avait atteint les 140 dollars le baril. La faiblesse du prix du dollar et surtout la spéculation expliquent cette envolée. Là encore, le gouvernement a, semble-t-il, peu envie de s’attaquer au phénomène. Le président de la République, si enclin à charger l’ordre du jour du G20 qu’il préside cette année, n’y a pas toujours pas inscrit la lutte contre la spéculation sur les matières premières et sur l’énergie.
(Source : L'Humanité)
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