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Sarko et le contrôle des chômeurs : un vrai chant du cygne

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Il nous fatigue ! La meilleure défense des incapables étant l'attaque, passé le débat nauséabond "sur la laïcité" et les diverses déclarations contre les "étrangers", notre président s'agite. En panne d'imagination, il se tourne vers ses anciens boucs émissaires : nous. Mais qui marche encore dans sa combine ?

C'est au nom de la «justice sociale envers les salariés et les ouvriers qui travaillent dur» (forcément : ils font le boulot de deux ou trois personnes pour le même salaire) que Nicolas Sarkozy, estimant que «nous commençons à sortir de la crise» (tiens donc…), s'en est pris aux fainéants de chômeurs, cet après-midi dans le Puy-de-Dôme lors d'une inutile table ronde sur l'avenir de l'industrie.

Inutile ? Oui : car cela fait des décennies que, malgré les beaux discours, tous nos dirigeants qui se sont succédés, rêvant d'une France "propre" peuplée de cols blancs œuvrant dans les services, n'ont jamais freiné son démantèlement, bien au contraire. En trente ans, 2 millions d'emplois industriels ont ainsi disparu, dont quelque 700.000 ces dix dernières années (200.000 en 2009, au plus fort de la crise. Et l'hémorragie se poursuit). L'Etat n'a eu de cesse de subventionner nombre d'entreprises qui s'installent puis délocalisent leur production, et, en outre, de financer celles qui licencient. Selon la Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE), la concurrence étrangère — comprenez : les effets de la "mondialisation" — serait actuellement responsable de 45% des destructions de nos emplois industriels, partis ailleurs...

A ces méthodes ô combien hypocrites et ruineuses, Nicolas Sarkozy n'a pas dérogé. Durant son mandat, il n'a pas hésité à faire des promesses en l'air à des ouvriers en sursis (ArcelorMittal à Gandrange, Renault à Flins, Molex, etc…). Mais aujourd'hui, pour se faire réélire, il promet de redonner un nouveau souffle à l'industrie française ! Une énième annonce qui ne mange résolument pas de pain...

Tous des fainéants ?

Comble du paradoxe, pour attirer les jeunes, voici comment les industriels s'adressent à eux : «L’industrie ce n’est pas sale, ce n’est pas de l’huile, on n’est pas des exploiteurs ! Ce n’est pas un endroit triste et bruyant, polluant. C’est un univers dynamique, ce sont des challenges à relever. Seulement 5% à 10% des jeunes ont envie de travailler dans l’industrie. C’est trop peu...» Mais oui, ces jeunes, ils ne veulent pas se salir les mains (alors que, depuis leur naissance, le mépris de l'industrie a été véhiculé par l'Etat lui-même) ! Ces jeunes, ce sont des fainéants… comme les chômeurs.

S'appuyant sur l'hypothèse simpliste qu'une offre sur quatre ne trouverait pas preneur ("les difficultés de recrutement" selon la dernière Enquête BMO de l'Unedic), Nicolas Sarkozy s'est donc prononcé pour un renforcement des contrôles, les souhaitant «plus précis et plus exigeants pour les chômeurs qui bénéficient d’allocations et qui refuseraient des offres d’emploi disponibles». Or, il suffit tout bêtement de regarder le nombre d'offres en ligne disponibles ce soir sur le site de pole-emploi.fr — 203.873, dont la majorité sont des jobs précaires et sous-payés — pour mesurer l'absurdité de ses propos.

Faire du neuf avec du vieux a toujours été le dada de Nicolas Sarkozy. Figurez-vous que, depuis 2008, existe déjà la loi sur "l’offre raisonnable d'emploi" : après trois mois d'inactivité, un chômeur est tenu d'accepter un emploi — même en CDD ou en intérim — payé au moins 95% de son salaire antérieur, sous peine de voir son allocation suspendue. Au bout de six mois, ce taux tombe à 85%. Passé un an, le niveau doit correspondre à l'indemnité chômage. Malgré le fait que les contrôles s'avèrent bien peu utiles au vu de la rareté des offres, l'ORE est toujours appliquée, et rares sont les chômeurs qui refusent. Qu'est-ce que Nicolas Sarkozy compte faire de plus ? Demander aux agents Pôle Emploi, dont le quantum doloris atteint peu à peu ses limites, d'accélérer encore la machine à radier afin de toiletter les chiffres ?

Parallèlement, à douze mois de l'élection présidentielle, l'UMP mène une nouvelle offensive anti-chômeurs et anti-pauvres 100% idéologique, entre le député Lang qui veut instaurer le travail forcé et gratuit et le député Daubresse, qui se charge de renforcer le volet insertion du RSA. Le discours "anti-assistanat" revient en force pour masquer que les plus assistés du pays sont les grandes entreprises, leurs grands patrons et leurs actionnaires. Ceux-là même qui font la pluie et le beau temps de l'emploi, de la précarité et du chômage en France. Que voulez-vous : stigmatiser et culpabiliser leurs victimes est la tactique habituelle des bourreaux.

La crise, c'est fini ?

Enfin, «nous commençons à sortir de la crise», estime Nicolas Sarkozy. Une fois de plus, il ment. On ne peut nier que la situation se stabilise, mais certainement pas affirmer que la reprise est là ! Les intentions d'embauche ne progressent pas, et 80% des entreprises qui ont daigné répondre à l'Enquête BMO de Pôle Emploi avouent faire le dos rond, n'attendant pas d'amélioration avant 3 ou 5 ans. Peut-on parler de "reprise" quand il s'agit de stagnation ? Peut-on parler de "reprise" quand, d'ici à ce qu'elle se manifeste, des millions de chômeurs, touchés de plein fouet par la crise, vont continuer à rester sur le carreau et sombrer dans la pauvreté tandis que des millions d'autres se seront résignés à l'emploi en miette ?

Rien de nouveau sous le soleil... Nicolas Sarkozy est reparti en campagne, usant des mêmes recettes qu'en 2007. Sauf qu'aujourd'hui, elles sont sérieusement éculées ! Le plus mauvais président de la Ve République — et de la République tout court — sait qu'il est en difficulté, que la majorité des Français l'a démasqué et le déteste, que son bilan est un fiasco et qu'il ne sera pas réélu l'année prochaine. Alors, déployant l'énergie du désespoir avec toute la malfaisance dont il est capable, c'est de manière résolument pathétique qu'il persiste et signe sur son terrain favori : diviser les Français en distillant la haine afin de les dresser les uns contre les autres. Sauf que ce petit jeu se retourne contre lui-même.

«Attention M. Sarko, vous serez chômeur en 2012 !»

Plus personne n'est dupe. Pas besoin de démonstration appuyée : il suffit de lire les réactions unanimes des internautes à cette actualité. Florilège.

«Génial ce mec, il a trouvé un moyen de créer des emplois. Métier d'avenir ==> contrôleur de chômeur. C'est bien la seule chose qu'il aura fait de positif contre le chômage ! Le gros avantage quand même, c'est que les chômeurs invisibles ne seront pas contrôlés puisqu'ils sont sortis des statistiques. LAMENTABLE !!!», lit-on ici en commentaire de l'article de 20minutes.fr. Et d'autres suivent :

«Je me souviens de son "Je ne laisserai personne sur le bord de la route", nan il laissera plutôt des cadavres. Ce mec est un malade.»

«Lui aussi est chômeur, puisqu'il ne fait rien depuis qu'il est président. Donc il a vraiment besoin d'être contrôlé !»

Passons à Libération...

«Le parfait discours du petit salaud
Du boulot il n'y en a plus, c'est tout. Punir ceux qui sont hors du travail à un instant donné, c'est juste de la barbarie. Validée par la terreur d'une bonne moitié de la population active qui ne doit qu'à la chance, ou au hasard, de ne pas être de l'autre côté de la barrière.»

«Ce type est un désespoir vivant.»

«Adieu, Nicolas, ta carrière est foutue, tu nous le montres tous les jours.»

«"Puisque nous commençons à sortir de la crise"
Euh... c'est vrai, ça ? Quelqu'un peut confirmer ?»

«Contrôles "plus précis et plus exigeants"…
… sur les chômeurs payés par l’Élysée : Brice Hortefeux, Claude Guéant, Jean Sarkozy, Henri Guaino, Eric Woerth, Fadela Amara, Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Eric Besson, Patrick Buisson etc»

Et ça continue dans Le Point...

«Fort avec les faibles et faible avec les forts.
Comment un être aussi commun (quelconque, banal, trivial, vulgaire : au choix) a-t-il pu se faire élire à ce poste ?»

«Et la fraude fiscale qui coûte des milliards ? Il n'en parle jamais. Il ne veut pas fâcher ses copains du Fouquet's.
C'est tellement plus porteur et démago de se pavaner à côté d'ouvriers et de taper sur des chômeurs qui seraient des fraudeurs.»

«Quel sinistre personnage !
Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas tapé sur une catégorie de français... Et c'est plus facile de s'attaquer à ceux qui n'ont plus rien qu'à ceux qui détiennent toutes les richesses et qui nous ont mis dans cette crise.
Triste Président qui sans cesse parle à tort et à travers pour exister, qui dit blanc un jour et noir le lendemain. Je le plains d'être à ce point inconséquent.
Il ferait mieux de s'attaquer aux banques pour qui la crise n'est qu'un lointain souvenir, alors que chaque jour nous en subissons les conséquences. Qu'a-t-il fait ? Il a sauvé le système ? Pour que ce système nous égorge encore plus ! Il a aidé ses copains avec notre argent, sur notre dos et maintenant contre nous.
je n'espère qu'une chose : qu'il n'ose même plus se représenter tellement il a divisé les Français avec ses débats débiles. Il a détruit la fonction de Président. Un Président ça rassemble ça donne une vision de l'avenir, ça œuvre à la bonne marche du pays en donnant l'élan.
Lui ? Ppffffff... Il désespère.»


Allez, on arrête là. Pas besoin de vous faire un dessin : Nicolas Sarkozy est grillé, définitivement.

SH

Post-scriptum : J'aurais voulu constater les réactions des lecteurs du Figaro.fr. Mais, sauf erreur de ma part, aucun article n'a été publié sur le sujet...


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Mis à jour ( Lundi, 30 Juillet 2012 04:32 )  

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