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Accueil Social, économie et politique Prix alimentaires : On se fout de notre estomac et de notre gueule !

Prix alimentaires : On se fout de notre estomac et de notre gueule !

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Souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps. En ces temps d’abondance, la Communauté Européenne croulait sous les excédents agricoles. Aujourd’hui, la pénurie menace.

Les plus de 40 ans ont encore ces images en mémoire. Dans les 70’s et 80’s, il ne se passait pas une saison sans qu’on assiste au même spectacle désolant : des paysans désabusés déversaient des milliers d’hectolitres de lait ou entassaient devant les grilles des préfectures des tombereaux de fruits et légumes pour manifester leur colère de voir les prix s’effondrer.

En ces temps pas si lointains, l’Europe ne savait plus où stocker ses centaines de milliers de tonnes de beurre en excédent (on parlait alors de «montagnes»). Et la PAC (Politique agricole commune) allait imposer aux agriculteurs la mise en jachère d’une partie de leurs terres pour éviter les surproductions.

La campagne française se couvrit alors de parcelles livrées aux herbes folles et aux fleurs des champs.

La mise en jachère de dizaines de milliers d’hectares et la fixation de quotas de production paraissaient inéluctables aux autorités pour garantir la stabilité des cours des matières premières agricoles (blé, viande, fruits…).

Aujourd’hui, retournement total ! On nous annonce que la pénurie menace, y compris en France. Que les cours mondiaux s’envolent et qu’ils justifient la flambée annoncée des denrées alimentaires, à commencer par celles qui constituent la base de nos repas : pain, pâtes, viande, fruits et légumes…

On évoque des +10, +20 et même +30% dans les 12 prochains mois. Cherchez l’erreur !

Situation d’autant plus ahurissante que, depuis le passage à l’euro, ces prix ont déjà connu des poussées inflationnistes sur lesquelles tout le monde s’accorde.

Si on savait que la France a bradé, ces 30 dernières années, des pans entiers de son industrie. On découvre aujourd’hui qu’elle n’est plus en mesure de nourrir à coût modique ses 64 millions d’habitants.

Ainsi notre pays de cocagne, qui dispose d’immenses surfaces agricoles et de terroirs exceptionnels, cette terre de France bien grasse et arrosée par d’abondantes précipitations, se trouverait reléguée au rang des pays qui ne peuvent subvenir à leur autosuffisance alimentaire et subissent alors les lois du marché mondialisé.

Pourtant, il y a à peine un demi siècle, la France pouvait se passer de l’extérieur pour fournir le pain quotidien de ses habitants. Seule l’importation de quelques productions «exotiques» comme le riz, les bananes et autres ananas, rééquilibrait un peu les plateaux d’une balance commerciale agricole outrageusement excédentaire.

Par sa superficie, sa géographie, sa pluviométrie, par l’excellence de sa paysannerie, la France était alors le grenier à blé et le garde-manger de l’Europe de l’Ouest… et d’une partie de la planète.

Aujourd’hui, on nous apprend que cette époque est révolue et que la France doit se plier aux cours internationaux des matières premières agricoles, à l’instar des pays contraints d’importer 40, 50 ou 60% de leurs denrées (Niger, Égypte, Mali…).

«On n’y peut rien, c’est comme ça ma bonne Dame ! Le cours du blé, ce n’est pas nous qui le fixons, c’est la Bourse de Chicago !»

Le prix des pâtes, du beurre, du lait, de la confiture… ne relève pas de nos capacités de production et de nos besoins. Non, il est fixé ailleurs, par ceux qui, à Wall Street, Paris, Londres, HongKong ou Francfort, tirent les ficelles d’une pelote emmêlée à l’extrême.

La Mondialisation ne régule pas le sacro-saint Marché des matières premières agricoles : elle le déréglemente jusqu’à l’absurde.

Seule la volonté politique de s’y soustraire peut nous permettre de fixer nous-mêmes le prix des produits alimentaires que nous produisons et consommons sur place.

Il n’est plus admissible que les consommateurs français, notamment les plus fragilisés, soient la proie de la voracité spéculatrice de compagnies et de banques transnationales.

Il n’est pas admissible que le cours du blé produit à 30 kilomètres de chez son boulanger, soit fixé à 8.000 kilomètres de là.

Si nous laissons faire le Marché, un jour viendra où des millions de Français ne mangeront plus à leur faim.

Et le bilan de la dernière campagne des Restos du Cœur semble malheureusement confirmer que nous sommes bien engagés dans cette voie.

YB

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Mis à jour ( Mardi, 07 Juin 2011 13:02 )  

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