Le premier relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, de quatre mois au 1er juillet, n'a pas seulement contraint des salariés nés après le 30 juin 1951 et ayant toutes leurs annuités de cotisation à prolonger de quatre mois leur activité professionnelle. Elle impose aussi à des chômeurs dans le même cas de différer leur «basculement» vers l'assurance-vieillesse.
L'Unedic vient de chiffrer l'ampleur de ce phénomène dans une note que Les Echos se sont procurée. Les effets réels du passage à 60 ans et 4 mois de l'âge minimal légal ne pouvant être connus que «début 2012», l'assurance-chômage s'est livrée à une extrapolation des données 2010. Sur cette base, elle chiffre à 8.720 le nombre de chômeurs contraints de prolonger leur inscription à Pôle Emploi. Plus des trois quarts continueraient à percevoir des allocations chômage, mais 1.480 personnes (soit 17%) devraient voir leur indemnisation interrompue du fait de l'épuisement de leurs droits.
Sous pression
L'Unedic ne chiffre pas l'impact qu'aura le nouveau relèvement de l'âge légal de la retraite de quatre mois au 1er janvier 2012, ni les étapes suivantes. Mais la CNAV a évalué à 40% la part des personnes devant partir à la retraite l'an prochain qui seront touchées par la réforme, contre 13% cette année. Si le nombre de chômeurs concernés suivait la même tendance, le nombre de victimes de la réforme pourrait monter à 27.000 en 2012, dont 4.500 sans indemnisation.
Cette situation résulte de la suppression de l'allocation équivalent retraite (AER) au 1er janvier 2011. Quelque 30.000 personnes n'ont pu bénéficier cette année de cette prestation financée par l'Etat, qui garantissait une allocation de près de 1.000 euros — le double des minima sociaux, ASS ou RSA — aux demandeurs d'emploi cumulant suffisamment de trimestres de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Le gouvernement a tenté de renvoyer ce sujet aux partenaires sociaux, sans succès.
Il risque fort de se retrouver sous pression dès la rentrée : à quelques mois de l'élection présidentielle, il serait délicat pour lui que le premier effet de la réforme soit de renvoyer des salariés ayant cotisé suffisamment longtemps pour prétendre à une retraite à taux plein vers les minima sociaux, voire les prive de revenus, fut-ce pendant plusieurs mois. D'autant que le coût de la réouverture d'une AER aux quelque 1.500 personnes touchées ce semestre par le passage de 60 ans à 60 ans et 4 mois sera sans commune mesure avec celui de son prolongement pour l'ensemble des chômeurs touchés par la disparition de cette allocation.
(Source : Les Echos)
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