Laurent Wauquiez, le retour !
Après avoir suscité la polémique il y a quelques mois avec des déclarations scandaleuses, le porte-parole de la “Droite sociale” — qui, à l'instar de la “Droite populaire”, est une mouvance de l'UMP au nom trompeur, l'une et l'autre étant plutôt antisociales et populistes — était certainement en mal de médiatisation... Il a bien tenté de refaire le buzz avec ses derniers propos sur l'attribution des logements sociaux, qui se sont retournés contre lui en le couvrant de ridicule.
Mais Laurent Wauquiez est persévérant. Et plus malin qu'on ne le croit.
En réalité, son silence depuis le mois de mai s'explique : il était en train d'écrire un bouquin !
Eh oui, ce jeune loup VRP multicarte — secrétaire d'État chargé de l'Emploi de 2008 à 2010 (avec le succès qu'on lui connaît…), puis ministre-éclair chargé des Affaires européennes, maintenant ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et toujours maire du Puy-en-Velay : quel homme ! — a trouvé le temps de rédiger un ouvrage de 222 pages.
De quoi le propulser à nouveau sur le devant de la scène : on l'a vu hier soir sur I>télé puis ce matin sur BFMTV, et ce n'est pas fini ! Dans les jours qui viennent, dans tous les médias, il viendra faire passer son subtil message.
Subtil, oui. Car en écrivant son livre — dont Le Figaro divulgue un extrait —, le "bon élève de l'UMP" a gagné en maturité, limitant les maladresses et peaufinant sa stratégie au service de lui-même mais, surtout, au secours d'un Nicolas Sarkozy qui en a bien besoin.
Il a affiné son discours, fustigeant désormais tous les profiteurs, que ce soit «les profiteurs du haut» (exilés fiscaux, détenteurs de stocks-options et autres spéculateurs, ces «élites de la mondialisation qui se sont goinfrés des excès du capitalisme financier») et préférant troquer le terme «profiteurs du bas» par «les dérives de l'assistanat» (il y tient), catégorie d'individus «piégés par le système» et qui ne sont pas dans la même logique que «ceux du haut»... L'idée est simple : pour donner un semblant de justice à ses propositions, il faut que tout le monde en prenne pour son grade, même si en réalité son parti n'a aucunement l'intention de faire payer les riches et s'attaquer aux plus gros fraudeurs.
Et Laurent Wauquiez de se plaire à dénoncer «les esprits bien-pensants» — comprenez, ces humanistes qui défendent les "assistés" — et le «politiquement correct» qui a laissé perdurer cet état de fait… alors qu'il en est partie intégrante !
Liguer les moins pauvres contre les plus pauvres
Surtout, il s'érige en porte-parole des classes moyennes qui «font tourner la machine économique et assurent la cohésion de la société», «souffrent en silence» et sont, selon lui, «les plus mises de côté», voire «victimes d'une double exclusion». D'où le titre de son livre. Marx doit se retourner dans sa tombe...
Les classes moyennes ? Voilà un concept aussi vaste que flou. Mais de quoi brasser large. Bref, tout un électorat qui s'apprête à voter Hollande ou Le Pen et qu'il faut, en quelques mois, reconquérir !
Pour Laurent Wauquiez, «le quinquennat qui vient devra être celui des classes moyennes». Car ce sont elles qui assument majoritairement le financement notre système de solidarité, et elles en ont marre de payer plus, en proportion, que «les profiteurs du haut», mais surtout de payer pour les "assistés" du bas... Elles veulent que les efforts soient équitablement répartis et être sûres que ceux qui bénéficient des aides sociales en aient vraiment besoin. Un discours très porteur.
Pour Laurent Wauquiez, en France, il y a du boulot pour tout le monde. Et il nous sort toujours son antienne sur la réinsertion par le travail — même dans n'importe quelle condition, même forcé — alors que l'emploi se fait de plus en plus rare. Il persiste à dire que «le travail doit payer plus que l'assistanat» alors que les salaires ne suivent plus depuis belle lurette et que l'essentiel des offres d'emploi actuellement disponibles sont précaires et au Smic. Sur ces points il ne propose rien, sauf de «mieux trouver l'équilibre entre l'assistance et le travail» en s'inspirant des mesures prises par Gerhard Schröder en Allemagne !
Les classes moyennes opprimées en lutte contre les autres classes de la société (catégories "aisées" et surtout "modestes") ? Voilà une tirade populiste qui, présentée ainsi, risque fort de séduire. Haïssons-nous les uns les autres : le libéralisme économique — que Laurent Wauquiez ne remet pas en question alors qu'il est le cœur du problème — fera le reste.
SH
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