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Accueil Social, économie et politique Crise : Comme un boomerang...

Crise : Comme un boomerang...

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Le puissant courtier MF Global vient de déposer le bilan. Sans vergogne, certains osent le qualifier de «victime américaine de la crise de la dette européenne».

On a du mal à l'envisager ici en France, mais cet événement est très symbolique : il s'agit de «la huitième plus grosse faillite aux Etats-Unis depuis 1980» et, «sous certains aspects, c'est effectivement un mini-Lehman», avancent certains observateurs.

La faillite de MF Global, l'un des premiers courtiers en matières premières et produits dérivés dans le monde, est la conséquence de paris risqués sur le marché de la dette de la zone euro, le groupe new-yorkais ayant investi hasardeusement à hauteur de 6,3 milliards de dollars dans la dette publique européenne, notamment italienne et espagnole. Parmi ses plus importants créanciers figurent la banque JPMorgan Chase, le groupe de médias américain CNBC (qui a été critiqué pour sa complaisance envers certains financiers et pour ses positions lors de la crise des subprimes) ainsi que… la Deutsche Bank.

Un «mini-Goldman Sachs»

Le dépôt de bilan de MF Global signe l'échec personnel de son PDG, qui s'était donné pour objectif de transformer la société en un «mini-Goldman Sachs». Ancien coprésident de Goldman Sachs et gouverneur démocrate de l'Etat du New Jersey de 2006 à 2010, Jon Corzine avait pris en mars 2010 les rênes de cette ancienne filiale du britannique Man Group. Sous son égide elle s'est diversifiée, se rapprochant d'une véritable banque d'investissement, et a massivement parié sur la dette européenne en enfreignant la régulation.

Ironie de l'Histoire, Mario Draghi, qui va succéder à Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, était également dirigeant de Goldman Sachs en tant que vice-président international chargé de l'Europe, de 2002 à 2005. On retrouve Goldman Sachs, première banque de Wall Street, dans tous les mauvais coups : la crise des subprimes et des prêts hypothécaires, la spéculation contre les matières premières... Goldman Sachs a également utilisé des instruments financiers pour aider la Grèce à dissimuler l'ampleur de sa dette lors de son entrée dans la zone euro en 2001. Mais M. Draghi prétend qu'il ignorait ce montage financier...

L'arroseur arrosé

On peut se réjouir de l'effondrement de MF Global : cela fait un spéculateur sur la faim en moins — bon débarras ! —, preuve qu'un système à ce point basé sur la rapacité finit par s'autodétruire. Si d'autres pouvaient en cascade subir le même sort, ce ne serait que justice... Mais il s'en trouve pour le plaindre. Ainsi, selon l'analyste Chris Low de FTN Financial, il s'agit de «la plus importante victime américaine jusqu'à présent de la crise de la dette européenne». Comprenez : si MF Global s'est cassé la figure, c'est de la faute à l'UE !

Récemment, Barack Obama avait fustigé l'incompétence des dirigeants de l'Eurozone empêtrés dans "leur" crise, précisant que l'économie mondiale resterait affaiblie tant que le problème de la dette européenne persisterait. Il craignait un retour de bâton qui ne s'est pas fait attendre.

Avec les Etats-Unis, c'est toujours l'hôpital qui se fout de la charité. Or, quelques rappels s'imposent.

Depuis 2008, la crise des subprimes nous a contaminés. Ces subprimes, à l'instar de la malbouffe et de la surconsommation qui bousillent la planète, sont un avatar 100% US qui, à l'instar de l'idéologie néolibérale friande d'endettement, ont achevé de pourrir toutes nos économies. Il faut se souvenir que le candidat Sarkozy, dans son programme pour 2007, voulait instaurer des subprimes à la française via une réforme du crédit hypothécaire. Voici ce qu'il disait à l'époque : «Les ménages français sont aujourd'hui les moins endettés d'Europe. Or, une économie qui ne s'endette pas suffisamment, c'est une économie qui ne croit pas en l'avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain»... Passons.

Aujourd'hui, avec leurs subprimes, les Etats-Unis ont exporté en masse de la souffrance sociale et du chômage. De quoi remonter au krach de Wall Street en octobre 1929, jumelé à l'incompétence du président Herbert Hoover, indécrottable naïf (optimiste ? aveugle ?) qui ne mesura pas son impact ni dans son pays, ni ailleurs, et décida de faire rapatrier les capitaux américains de l'Allemagne alors que celle-ci était gravement touchée. Ce qui favorisa l'avènement du chancelier Hitler... N'oublions pas que c'est la Seconde guerre mondiale qui mit un point final à la Grande Crise de 1929.

Depuis, les Américains n'ont eu de cesse de nous rappeler qu'ils nous ont débarrassé du nazisme et du fascisme (en fait, de barbaries inhérentes à toute crise d'ampleur; ici, aux excès du capitalisme) alors que ces crises successives, telles un virus inoculé via leur hégémonie culturelle, sont bel et bien venues de chez eux !

Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre. Ainsi font les Américains, véritables pompiers pyromanes dont nous n'avons plus que jamais aucune leçon à recevoir.

SH

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Mis à jour ( Jeudi, 03 Novembre 2011 02:37 )  

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