Car ce n'est pas terminé.
Certains commentateurs ont le culot de dire que "la crise a vraiment commencé" alors qu'elle a déjà frappé des millions de Français depuis l'automne 2008 : le noyau dur des chômeurs de longue durée, qui représente plus de 40% des inscrits à Pôle Emploi (lire plus bas), en atteste.
Voici l'état des lieux, sur la base de la dernière note de la Dares/Pôle Emploi.
Catégorie A (chômeurs officiels, sans activité aucune) : +34.400
Fin octobre, ils sont 2.814.900 en France métropolitaine, 3.051.700 avec les DOM.
Progression annuelle : +5%
Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : -2.900
Ils sont 553.400 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +4,3%.
Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : -14.300
Ils sont 824.700 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +7%.
Le recul de ces deux catégories — les chômeurs qui occupent des petits boulots, faute d'emplois véritables — signifie que cette réserve de jobs précaires (CDD, intérim, actuellement majoritaires sur le marché de l'emploi) va s'amenuisant.
Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 17.200 en métropole.
Ils sont désormais 4.193.000 en France métropolitaine, 4.459.400 avec les DOM.
La hausse annuelle s'élève à 5,3%.
Maintenant, les voies de garage...
Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : -800
Fin octobre, ils sont 235.300 en France métropolitaine.
Variation annuelle : -6%
Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : -800
En France métropolitaine, ils sont 347.100 ainsi occupés.
Variation annuelle : -3,7%
Le recul de ces deux catégories — les chômeurs en formation, en stage, en contrats aidés… — indique que les promesses du gouvernement en matière d'accompagnement vers la réinsertion professionnelle ne sont pas tenues.
Au total, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 4.775.400 (+3,9% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.064.700 (+4%), soit un total de 15.600 personnes en plus par rapport à septembre.
A ces 5.064.700 inscrits, il convient d'ajouter les 172.400 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant de la DRE (la mal nommée "dispense de recherche d'emploi"), non catégorisés.
Ainsi, on dépasse 5,2 millions !
Depuis le début de l'année, le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 92.400 en catégorie A, et de 147.500 toutes catégories confondues. Les nouveaux chômeurs s'ajoutent aux anciens.
Dans le détail...
Seniors : par rapport à septembre, on note un généreux apport de 11.600 chômeurs de 50 ans et + dans les catégories ABC de métropole.
Ils sont 847.100, dont plus de la moitié (440.800) sont des femmes.
Progression annuelle : +15,3%.
Pour les femmes : +16,4%
Chômeurs de longue durée : ils sont maintenant 1.593.100 dans les catégories ABC en métropole, un chiffre stable par rapport à septembre, et 1.728.400 avec les DOM.
Progression annuelle moyenne : +7,5%
Progression des inscrits depuis 2 à 3 ans : +16,9%
Progression des inscrits depuis plus de 3 ans : +21,5%
Pour parfaire le tableau, il convient d'ajouter quelque 340.000 inscrits en catégorie E (contrats aidés destinés en priorité aux chômeurs de longue durée) et les 172.000 seniors en DRE. Ainsi, leur proportion dépasse 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.
Parmi eux, 685.300 perçoivent le RSA. Le nombre a augmenté de 6,6% sur un an.
Ancienneté et durée d'inscription : L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC ne cesse de battre des records, atteignant 458 jours (contre 437 il y a un an). La moyenne d'inscription des sortants augmente aussi, atteignant 252 jours.
Entrées et sorties : Les fins de CDD (+9,6% sur un an) ou de mission d'intérim (+7,8%) ne mollissent pas et représentent 32,9% des entrées.
Côté sorties, les reprises d'emploi déclarées (95.500 seulement, en baisse de 2,9% sur l'année), entrées en stage (33.500, stable) et arrêts de recherche pour maladie, maternité ou retraite (35.100, en baisse de 7,6% sur l'année) représentent 36,3% du total des sorties de Pôle Emploi dans les catégories ABC.
Le reste — 64% — est englobé dans les «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» (182.800, en recul de 13,5% sur un an), les radiations administratives (48.000, en hausse de 4,8% sur un an) et les «autres cas» (56.800, stable). Au total, en octobre, 287.600 personnes sont ainsi sorties des listes.
Offres : en octobre, Pôle Emploi n'a collecté que 279.200 offres, DOM compris. Progression annuelle : -0,2% !
Comme d'habitude, elles sont majoritairement «temporaires» (1 à 6 mois) ou «occasionnelles» (moins d'un mois).
Depuis peu, de peur de susciter l'hilarité, le célèbre compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr a disparu de sa page d'accueil.
Vous voulez rire quand même ?
Alors qu'elle prévoit une progression de notre taux de chômage à 10,4% fin 2012, l'OCDE, qui préconise les meilleures potions ultralibérales à ses membres, invite la France à adopter un nouveau plan de rigueur malgré la récession annoncée, c'est-à-dire à foncer droit dans le mur.
On n'a pas fini d'en baver.
SH
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