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En Espagne, un ex de Lehman Brothers devient ministre de l'Economie

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Les banquiers et acteurs des institutions financières de la crise de 2008 reprennent le pouvoir. Certains de ces irresponsables, tels des pompiers pyromanes, réapparaissent à des postes publics.

Pour les coupables, tout va pour le mieux. Suite à la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers qui nous ont plongé durablement dans une merde noire, la plupart des têtes pensantes, artisans du désastre, ont retrouvé des postes à responsabilité dans ces quatre secteurs : la banque (parfois même celle où ils se trouvaient en 2008), l'activité de conseil — au secours ! —, les hedge funds — à l'aide ! — et, dans de moindres proportions, la fonction publique — Tous aux abris !!!

Pendant ce temps, les victimes de leurs bavures continuent à pointer au chômage par centaines de millions à travers le monde.

Après les Mario Draghi (président de la BCE) et Monti (chef du gouvernement italien), ex de Goldman Sachs qui ne sont que la face visible de l'iceberg, voici qu'un ex de Lehman Brothers prend les commandes de l'Espagne.

Mercredi, Luis de Guindos a été nommé ministre des Finances du nouveau gouvernement conservateur de Mariano Rajoy [1], dont la priorité est le rétablissement de l'économie et de la compétitivité du pays via l'adoption, en urgence, de mesures d'austérité destinées à lutter contre la crise — mais qui vont, bien évidemment, l'aggraver — et ramener le déficit public espagnol à 4,4% du PIB l'année prochaine... Ce «technocrate», comme l'a qualifié le quotidien de centre gauche El País, économiste de formation aux idées ultralibérales, a déjà occupé divers postes dans ce ministère lorsque la droite et son Parti "populaire" (PP) était au pouvoir. Après la défaite de José María Aznar en 2004, il s'est recyclé deux années durant en tant que responsable des services financiers au sein du grand cabinet de conseil et d'audit PricewaterhouseCoopers. Désormais, ce proche des milieux de la finance aura pour mission d'allier rigueur et réformes alors que l'Espagne, qui souffre d'un taux de chômage record, va probablement retomber en récession début 2012.

La résistance des fanatiques

Ce "senior" de 51 ans a pourtant une grosse tache dans son brillant CV : à l'instar de Mario Draghi (qui fut vice-président pour l'Europe de la banque Goldman Sachs alors qu'elle vendait, entre 2002 et 2005, des produits financiers à des gouvernements, notamment en Grèce, pour que ces derniers dissimulent une partie de leur dette), l'homme a présidé la banque Lehman Brothers pour la zone Espagne et Portugal d'avril 2006 à sa faillite, le 15 septembre 2008. Ce qui ne l'a pas empêché, lui aussi, d'être promu à un poste clé.

Pourquoi ces nominations scandaleuses ? Parce que le système ultralibéral mondialisé que nous subissons, bien qu'il soit à l'agonie, lutte contre sa destitution par tous les moyens, y compris les plus antidémocratiques et les plus corrompus. Ses chantres, n'ayant aucunement souffert des graves erreurs qu'ils ont commises (bien au contraire), s'accrochent vigoureusement au pouvoir tels des morpions à des poils pubiens. Leur puissance est tentaculaire, et ils ont la foi inébranlable des intégristes.

Au lieu de procéder à une purge et rétablir des règles de fonctionnement saines, nos dirigeants politiques, totalement complices pour avoir favorisé la dérégulation financière depuis trois décennies en fermant les yeux sur ses conséquences, sont solidaires. Le statu quo est de mise; l'impunité de fait vire à l'amnistie. La faute ainsi partagée, tous ces co-responsables ne peuvent que continuer à œuvrer main dans la main, même si recourir à cette secte de "spécialistes" pour endiguer une catastrophe dont ils sont les auteurs sonne comme l'appel de la dernière chance. Surtout, nos oligarques estiment que s'être trompé n'est pas un crime, qu'ils n'ont rien commis d'illégal et qu'il est trop difficile pour la justice de les débusquer, car la finance reste une niche que seuls maîtrisent ceux qui y travaillent, et innombrables sont les intermédiaires leur ayant donné l'absolution.

Ainsi, pour les peuples, le cauchemar se poursuit et durera encore de longues années… jusqu'à ce qu'ils se décident enfin à faire comme Héraclès, héros vénéré de la Grèce antique : trancher la tête immortelle de l'Hydre et l'enterrer sous un rocher ?

SH

[1] Jusqu'en 1989, avant de faire carrière au PP, Mariano Rajoy fut membre de l'AP ou Alliance populaire, une coalition de partis ultra-conservateurs composée d'une majorité d'anciennes personnalités politiques du franquisme.

En attendant, mieux vaut rire que pleurer...
Dans le film de Gérard Oury, Don Salluste était, lui aussi, ministre des Finances du roi d'Espagne
et rackettait son peuple :



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Mis à jour ( Jeudi, 15 Mars 2012 16:23 )  

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