Afin de réduire la dette sociale, crise oblige, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 a modifié le taux de la déduction forfaitaire représentative de frais professionnels appliqués aux revenus d'activité salariée et aux allocations de chômage. À partir du 1er janvier 2012, CSG et CRDS seront appliquées sur 98,25% de ces revenus au lieu de 97%.
Ainsi, pour mieux faire avaler la pilule de la rigueur aux Français, François Fillon a maquillé une augmentation de la contribution sociale généralisée et de la contribution pour le remboursement de la dette sociale en "mesure technique". Jusqu'à présent, pour tenir compte des frais professionnels des salariés, la CSG et la CRDS étaient calculées sur 97% de leurs revenus bruts (au lieu de 100%). Avec le plan Fillon, les taux de prélèvement CGS et CRDS restent inchangés, mais la déduction forfaitaire est réduite à 1,75% au lieu de 3%. Donc, l'assiette des prélèvements s'élargit à 98,25% des revenus bruts. A la clé, un gain de quelque 600 millions d'euros.
Il va sans dire que, contrairement à la taxe exceptionnelle des super-riches dont les JT nous ont copieusement abreuvés, cette hausse déguisée de la CSG/CRDS — annoncée fin août par le gouvernement — qui touche l'ensemble du salariat, est largement passée à la trappe médiatique.
Les chômeurs pénalisés avant l'heure
Pour les allocations chômage, qui sont versées à terme échu, on aurait pu croire que la mesure aurait été notable début février. Que nenni : c'est bien la date du versement qui est prise en compte.
En effet, les allocations de décembre 2011 sont versées en janvier 2012 et comptabilisées fiscalement sur l'année 2012. C'est une petite différence par rapport aux salariés dont les salaires et primes de décembre 2011 sont fiscalement rattachés à l'année 2011. De ce fait, les chômeurs sont pénalisés avant l'heure.
C'est bien connu : ce qu'on vous donne d'un côté, on vous le reprend de l'autre. A peine revalorisées en juillet (+1,5%), les allocations chômage seront subtilement ponctionnées de quelques euros par ce biais. Il en va de même pour les Smicards, qui ont bénéficié d'une revalorisation annuelle cumulée de 2,4% : si, en théorie, leur rémunération nette augmente d'environ 26 € par mois par rapport à janvier 2011, le prélèvement mensuel de la CSG/CRDS, qui pesait pour 106 € il y a un an, passera à 110 €.
Alors que nombre des hausses annoncées deviennent aujourd'hui concrètes, beaucoup de Français tombent des nues et commencent à en mesurer l'impact sur leur quotidien. La rigueur est bel et bien là, et elle décimera davantage les plus fragiles. 2012 sera une année encore plus difficile.
SH
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