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L'instabilité professionnelle devient la norme

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Au fil des générations, les Français sautent de plus en plus d'emplois en emplois, passant de plus en plus souvent par la case chômage. Une précarisation qui participe à la détérioration du rapport au travail.

Si les jeunes savent pertinemment que leur parcours professionnel sera bien plus chahuté que celui de leurs parents, une étude de la Dares (ministère du Travail) vient apporter un éclairage inédit sur l'ampleur des bouleversements au fil des générations. Menée auprès de 14.000 personnes et publiée la semaine dernière, elle montre à quel point l'instabilité professionnelle s'accroît : si les individus nés avant 1940 n'avaient connu, en moyenne, que 2,7 emplois à l'âge de 40 ans, ceux nés dans les années 1960 en sont déjà à 4,1 emplois au même âge.

Au fil des générations, les Français sautent de plus en plus d'emplois en emplois en passant aussi de plus en plus souvent par la case chômage. «Les périodes de travail de courte durée entrecoupées de courts épisodes de chômage se sont fortement développées dans les premières années du parcours des jeunes générations, retardant l'accès aux emplois durables», explique l'étude pour qui «l'expérience du chômage se diffuse largement». Les résultats sont d'autant plus frappants qu'un cinquième des postes — fonctionnaires, entreprises publiques — ne sont pas touchés par le chômage.

Un nouveau fossé des générations

En 2006, date à laquelle a été effectuée l'enquête, près de la moitié des actifs âgés de moins de 50 ans (45,7% parmi ceux nés dans les années 1960 et 1970) ont déjà vécu une période de chômage. Un contraste saisissant par rapport à leurs aînés : malgré une carrière professionnelle plus longue, seuls 13,6% des individus nés avant 1940 en ont fait l'expérience. Et quand 11% des plus de 66 ans (au moment de l'étude) déclarent avoir connu un épisode de chômage de longue durée (plus d'un an) au cours de leur vie, un quart des générations nées dans les années 1960 y a déjà été confronté. Une exposition qui concerne en premier lieu les moins qualifiés et les femmes. D'où, souvent, une incompréhension des «anciens» face aux problèmes des plus jeunes, qu'ils ont du mal à appréhender.

Des salariés sous pression

Confrontées à la précarité de l'emploi, les générations «récentes», comme l'écrit la Dares, signalent également des conditions de travail nettement plus difficiles que leurs aînés. «Leurs compétences leur semblent moins pleinement utilisées, leur travail moins reconnu et davantage exercé sous pression», poursuit l'étude. Cette pression est particulièrement ressentie chez les cadres, où elle s'accroît au fil des générations. Plus étonnant, les déclarations concernant les expositions à des contraintes physiques ne sont pas moins fortes chez les jeunes que chez leurs aînés, alors qu'ils sont plus diplômés, travaillent moins dans l'industrie et bénéficient des progrès techniques. «Le sens des mots peut avoir évolué, mais cela s'explique aussi par le fait que les efforts physiques sont ressentis d'autant plus péniblement que l'intensité du travail est forte», explique-t-on.

L'étude montre aussi que les salariés ayant connu l'expérience du chômage dans les premières années de leur vie professionnelle ont davantage le sentiment de travailler sous pression et de manquer de reconnaissance dans leur travail. L'augmentation de la précarité de l'emploi participe donc à la détérioration du rapport au travail.

(Source : Les Echos)

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