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A priori, il n'y pas de danger. A l'Unedic, on se montre très serein… pour l'instant. «A ce stade, nous restons dans l'épure de nos dernières prévisions», précise son directeur général Vincent Destival. De fait, l'augmentation du chômage ne signifie pas forcément hausse drastique du chômage indemnisé. Ainsi, au final, l'Unedic table sur «seulement» 71.000 chômeurs indemnisés supplémentaires en 2012 et… 7.200 en 2013. Un nombre extrêmement faible qui s'explique par plusieurs raisons.
D'abord, les fins de missions d'intérim et de CDD représentent plus de 30% des entrées en chômage et… 63% des allocataires. Or cette population, par définition, n'a pas pu cumuler des droits très longs à l'assurance chômage : elle en «sort» donc relativement rapidement. De surcroît, le montant de l'allocation servie reste très limité. (A cet égard, il convient de rappeler que le montant moyen de l'allocation chômage mensuelle s'élève à 1.007 euros.)
Seuls 48,8% des chômeurs perçoivent une indemnité
Ensuite, hélas, la crise se prolongeant, l'ancienneté dans le chômage s'allonge. Le nombre des chômeurs inscrits depuis plus d'un an dans les catéories ABC de métropole atteint 1.727.000 (+9,4% sur un an), dont 475.100 inscrits depuis trois ans ou plus (+21,6% sur an). Or, selon qu'un chômeur ait moins ou plus de 50 ans, la durée maximale de l'indeminsation est limitée à deux ou trois ans. Ils sont donc de plus en plus nombreux à se retrouver en fin de droits et à «sortir du régime».
D'ailleurs, avec ce système, l'assurance chômage ne verse une allocation qu'à 50% des demandeurs d'emploi inscrits en catégories A, B et C (ceux étant tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi). Et ce ratio tombe à 41% si, cette fois, on considère l'ensemble des chômeurs (en incluant les catégories D et E).
Pis, donnée en général oubliée, l'assurance-chômage et le régime de solidarité nationale n'indemnisent au total que 48,8% des chômeurs, selon les dernières données connues à la fin juillet [1]. Enfin, avec la toute récente "réforme Hollande" rétablissant l'âge légal de départ à 60 ans pour les carrières longues, l'Unedic table, pour 2013, sur la sortie du régime d'environ 20.000 seniors au chômage qui pourront faire valoir leur droit à la retraite [2]. Une sorte de transfert entre caisses...
Un emprunteur très apprécié sur les marchés
D'un point de vue financier, l'assurance chômage se dit aussi confiante pour servir les allocations. Outre les rentrées de cotisations, l'Unedic peut aussi compter sur une très active politique de financement sur les marchés [3]. En 2012, elle a déjà émis des obligations à hauteur de 6,5 milliards d'euros, et 500.000 euros supplémentaires sont prévus d'ici la fin de l'année : des emprunts qui arriveront à terme entre 3 et 7 ans à un taux moyen de 2%. La souscription à a été rapide, notamment grâce à la garantie explicite de l'Etat. La même opération sera renouvelée en 2013 à hauteur de 5 milliards d'euros.
Des nouvelles rassurantes, certes. Il n'en reste pas moins que l'actuelle convention d'assurance chômage — qui gère les droits et les devoirs des chômeurs et fixe le montant des allocations et des cotisations — arrive à échéance le 31 décembre 2013. Or, pour soulager les finances de l'Unedic si l'augmentation du chômage persiste, il n'est pas à exclure que les partenaires sociaux se penchent sur les délicates questions d'une augmentations des taux de cotisation (employeurs et salariés)… et que le patronat demande le retour de la dégressivité des allocations.
(Source : La Tribune)
[1] Fin août, parmi les 5,5 millions d'inscrits à Pôle Emploi, toutes catégories confondues, 734.400 percevaient le RSA (+11% sur un an) qui, lui, est versé par la CAF.
[2] En octobre 2011, l'Unedic estimait l'impact de la réforme des retraites Woerth/Fillon, qui a reculé les bornes d'âge, à 100.000 chômeurs seniors de plus par an.
[3] L'Unedic est en effet notée AAA par les principales agences de notation. En contrepartie d'un faible taux d'intérêt, elle s'est engagée à ne pas être trop généreuse avec les chômeurs («Une modification importante des caractéristiques du régime d'assurance chômage justifierait une action négative sur les notes», spécifie FitchRatings) :
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Commentaires
C'est la concéquence du décret Sarko et consors de décembre 2010 ; qui à réformer le dispositif carrière longues ; la plupart des intéressés ayant déjà acqui le nb de trimestres cotisé pour une retraite à taux plein.
La contre réforme Hollande n'apporte que peu de modification ; elle permettra seulement un gain de qelque mois à certain sous conditions. Répondre | Répondre avec citation |
En six mois, la proportion de chômeurs indemnisés par l'Unedic a en effet baissé d'un point, passant de 42,3% à 41,3%. Alors que le nombre de chômeurs a explosé de plus de 130.000 personnes, seuls 21.000 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été recensés à l'assurance-chômage. Une tendance qui devrait se poursuivre : l'Unedic ne prévoit d'indemniser que 7.300 chômeurs en plus en 2013, alors qu'elle pronostique une hausse bien plus importante du nombre de demandeurs d'emploi.
Des explications imprécises
L'assurance-chômage est encore incapable d'expliquer précisément cette tendance, mais avance quelques pistes. "Crise oblige, les entrées au chômage ne se font plus forcément avec les quatre mois de travail obligatoires pour ouvrir des droits au chômage. Le nombre de chômeurs en fin de droits augmente aussi depuis le début de l'année", indique la direction de l'organisme, sans être en mesure de chiffrer l'impact de chacune de ces tendances.
A Pôle emploi, on tient à rassurer : "Il n'y a pas de chute de l'indemnisation. Le taux de chômeurs indemnisés est le même qu'avant la crise de 2008". La direction de l'organisme explique que la très forte hausse du nombre d'indemnisés survenue les premiers mois de la crise est due aux licenciements de salariés du secteur de l'industrie qui bénéficiaient de droits suffisants. La période suivante, depuis deux ans, est marquée par l'entrée au chômage de salariés aux contrats nettement plus précaires, et donc avec moins de droits au chômage.
Toujours plus de chômeurs en fin de droits
Reste que de plus en plus de chômeurs plongent dans les minima sociaux. Le nombre de bénéficiaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS), versée aux chômeurs en fin de droits qui ont pu justifier de cinq ans d'activité au cours des dix dernières années, a bondi de près de 15% en un an.
Celui des chômeurs bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), de 11%. Plus d'un million de chômeurs doivent se contenter des minima sociaux. "Le passage de l'indemnisation aux minima se traduit par une baisse subite et brutale des revenus", rappelle avec inquiétude Patricia Ferrand, la vice-présidente CFDT de l'Unedic.
Selon les chiffres du ministère du travail, les chômeurs ayant basculé dans les minima en 2010 voyaient leurs revenus divisés par deux. L'ASS, comme le RSA, ne dépasse pas 470 euros par mois pour un célibataire sans enfant.
Cette explosion des minima a une raison simple : la hausse très forte du chômage de longue durée. Les chômeurs inscrits depuis plus de trois ans à Pôle emploi étaient ainsi 21,8% de plus en juillet qu'un an plus tôt. La durée d'indemnisation maximale est de deux ans sans activité. "Début 2011, il y a eu un petit rebond de l'emploi qui a pu permettre à des chômeurs de réacquérir des droits. Mais la nouvelle hausse du chômage entamée depuis 2012 a fait basculer plus de chômeurs dans les minima sociaux", constate Mme Ferrand.
A côté, 628.000 chômeurs ne bénéficient ni d'une indemnisation ni des minima sociaux. Soit parce qu'ils ont moins de 25 ans, soit parce que leur foyer dépassait les plafonds de revenu.
Hausse de l'activité partielle
Touche moins sombre dans le tableau, l'Unedic avance aussi une autre raison au tassement de l'indemnisation : la progression de l'activité partielle chez les demandeurs d'emploi. Chez ceux qui travaillent assez, l'indemnisation peut être suspendue parce qu'ils ont trop gagné. La hausse des contrats très courts plaide en ce sens.
L'impact flou des règles d'indemnisation
Au-delà des six derniers mois, cela fait quatre ans que le taux d'indemnisation dépasse à peine les 40%, contre 55% dans le milieu des années 2000. Alors que la France compte un million de demandeurs d'emploi de plus depuis le début de la crise, elle ne les indemnise donc pas mieux. "La convention chômage signée en 2009 est responsable de cette baisse, plaide Maurad Rabhi, chargé des questions d'emploi à la CGT. Avant, un chômeur pouvait bénéficier de 23 mois de chômage s'il avait travaillé seize mois. Ce n'est plus le cas, et comme le travail précaire augmente, le nombre d'indemnisés ne suit pas."
Une analyse réfutée par Mme Ferrand. "Au contraire, la convention de 2009 a permis d'améliorer l'indemnisation des chômeurs en permettant de toucher les allocations dès quatre mois d'activité, contre six auparavant. Si le taux d'indemnisation baisse, c'est uniquement en raison de la longueur de la crise", affirme-t-elle.
Les études, très sensibles, de l'impact du changement de règles sur le nombre d'indemnisés ne sont pas rendues publiques par l'Unedic. La renégociation de la convention, prévue pour fin 2013, devrait peut-être enfin permettre d'y voir plus clair. Reste qu'avec une dette qui devrait atteindre 17,7 milliards en 2013, l'Unedic n'aura vraisemblableme nt pas de quoi faire des miracles.
www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/26/le-nombre-de-chomeurs-en-fin-de-droits-explose_1765897_823448.html Répondre | Répondre avec citation |
Ce système assuranciel privé n'est plus tolérable car il laisse dans l'exclusion un très grand nombre de chômeurs, c'est le système d'indémnisation du chômage devrait être intégré à une 5ème branche de la Sécu Répondre | Répondre avec citation |