Avec la progression rapide et forte du nombre des demandeurs d'emploi, il y a-t-il un risque que l'Unedic, qui gère l'assurance chômage, ne tienne pas le coup ? Et ce d'autant plus que la situation financière de l'organisme est loin d'être florissante. Selon les dernières prévisions communiquées par l'Unedic ce mois de septembre sur la base d'une croissance économique prévue à 0,4%, l'assurance chômage finirait l'année 2012 avec un déficit de 2,6 milliards d'euros, puis de 4,1 milliards en 2013. Et cette même année, l'endettement cumulé du régime atteindrait un total de 17,7 milliards...
A priori, il n'y pas de danger. A l'Unedic, on se montre très serein… pour l'instant. «A ce stade, nous restons dans l'épure de nos dernières prévisions», précise son directeur général Vincent Destival. De fait, l'augmentation du chômage ne signifie pas forcément hausse drastique du chômage indemnisé. Ainsi, au final, l'Unedic table sur «seulement» 71.000 chômeurs indemnisés supplémentaires en 2012 et… 7.200 en 2013. Un nombre extrêmement faible qui s'explique par plusieurs raisons.
D'abord, les fins de missions d'intérim et de CDD représentent plus de 30% des entrées en chômage et… 63% des allocataires. Or cette population, par définition, n'a pas pu cumuler des droits très longs à l'assurance chômage : elle en «sort» donc relativement rapidement. De surcroît, le montant de l'allocation servie reste très limité. (A cet égard, il convient de rappeler que le montant moyen de l'allocation chômage mensuelle s'élève à 1.007 euros.)
Seuls 48,8% des chômeurs perçoivent une indemnité
Ensuite, hélas, la crise se prolongeant, l'ancienneté dans le chômage s'allonge. Le nombre des chômeurs inscrits depuis plus d'un an dans les catéories ABC de métropole atteint 1.727.000 (+9,4% sur un an), dont 475.100 inscrits depuis trois ans ou plus (+21,6% sur an). Or, selon qu'un chômeur ait moins ou plus de 50 ans, la durée maximale de l'indeminsation est limitée à deux ou trois ans. Ils sont donc de plus en plus nombreux à se retrouver en fin de droits et à «sortir du régime».
D'ailleurs, avec ce système, l'assurance chômage ne verse une allocation qu'à 50% des demandeurs d'emploi inscrits en catégories A, B et C (ceux étant tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi). Et ce ratio tombe à 41% si, cette fois, on considère l'ensemble des chômeurs (en incluant les catégories D et E).
Pis, donnée en général oubliée, l'assurance-chômage et le régime de solidarité nationale n'indemnisent au total que 48,8% des chômeurs, selon les dernières données connues à la fin juillet [1]. Enfin, avec la toute récente "réforme Hollande" rétablissant l'âge légal de départ à 60 ans pour les carrières longues, l'Unedic table, pour 2013, sur la sortie du régime d'environ 20.000 seniors au chômage qui pourront faire valoir leur droit à la retraite [2]. Une sorte de transfert entre caisses...
Un emprunteur très apprécié sur les marchés
D'un point de vue financier, l'assurance chômage se dit aussi confiante pour servir les allocations. Outre les rentrées de cotisations, l'Unedic peut aussi compter sur une très active politique de financement sur les marchés [3]. En 2012, elle a déjà émis des obligations à hauteur de 6,5 milliards d'euros, et 500.000 euros supplémentaires sont prévus d'ici la fin de l'année : des emprunts qui arriveront à terme entre 3 et 7 ans à un taux moyen de 2%. La souscription à a été rapide, notamment grâce à la garantie explicite de l'Etat. La même opération sera renouvelée en 2013 à hauteur de 5 milliards d'euros.
Des nouvelles rassurantes, certes. Il n'en reste pas moins que l'actuelle convention d'assurance chômage — qui gère les droits et les devoirs des chômeurs et fixe le montant des allocations et des cotisations — arrive à échéance le 31 décembre 2013. Or, pour soulager les finances de l'Unedic si l'augmentation du chômage persiste, il n'est pas à exclure que les partenaires sociaux se penchent sur les délicates questions d'une augmentations des taux de cotisation (employeurs et salariés)… et que le patronat demande le retour de la dégressivité des allocations.
(Source : La Tribune)
[1] Fin août, parmi les 5,5 millions d'inscrits à Pôle Emploi, toutes catégories confondues, 734.400 percevaient le RSA (+11% sur un an) qui, lui, est versé par la CAF.
[2] En octobre 2011, l'Unedic estimait l'impact de la réforme des retraites Woerth/Fillon, qui a reculé les bornes d'âge, à 100.000 chômeurs seniors de plus par an.
[3] L'Unedic est en effet notée AAA par les principales agences de notation. En contrepartie d'un faible taux d'intérêt, elle s'est engagée à ne pas être trop généreuse avec les chômeurs («Une modification importante des caractéristiques du régime d'assurance chômage justifierait une action négative sur les notes», spécifie FitchRatings) :
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