Faute d'avoir été consultés, c'est devant le siège du Medef à Paris que ces chômeurs avaient exposé leurs revendications le 8 novembre, au premier jour des discussions sur la nouvelle convention Unedic. Ils manifesteront de nouveau mercredi à 14H devant le siège du Medef pour tenter de peser sur ces discussions qui reprennent après une pause d'une quinzaine de jours.
"Depuis 1998, notre présence est reconnue au sein des ANPE, dans des comités de liaison, mais toujours pas à l'Unedic. Comment peut-on ignorer la parole de ceux qui vont subir les décisions ?", demande Jacqueline Balsan du MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires). "Notre parole n'est pas portée par les syndicats, ils ont raté le coche", affirme-t-elle. Né en 1984 d'une scission avec le Syndicat des chômeurs créé par l'ancien syndicaliste CFDT Maurice Pagat, le MNCP est la plus ancienne des associations de chômeurs sur la scène nationale. Elle a été rejointe en 1987 par l'APEIS (Association pour l'emploi, l'information et la Solidarité), puis en 1993 par AC! (Agir ensemble contre le chômage).
"Le quotidien d'un syndicaliste et d'un chômeur sont devenus tellement éloignés après des années de chômage structurel, que nous ne pouvons pas nous reconnaître dans les syndicats", explique Philippe Villechalane, porte-parole de l'APEIS, créée par des militants issus de la mouvance communiste.
"Ils ont parfois des mots très durs à notre égard", relève de son côté Marc Moreau, militant d'AC!. Pourtant, "AC! se proposait au départ de créer un grand mouvement de lutte contre le chômage, qui soit une passerelle entre les syndicats et les chômeurs", rappelle la sociologue Maria-Teresa Pignoni. "Mais les syndicats s'occupent surtout des salariés en poste. Pour eux, le chômage n'est pas un statut qui peut durer, c'est un passage. Et dans leur gestion de l'Unedic, ils n'ont pas cessé de réduire les droits des chômeurs", ajoute-t-elle.
De leur côté, par des actions parfois spectaculaires, destinées en partie à tenter d'exister aux yeux des médias (comme les occupations d'Assedic), et une organisation interne très souple, les associations ont au fil des années forgé une culture militante en décalage avec celle du syndicalisme. Et malgré leurs différences - le MNCP insistant à l'origine sur l'aide quotidienne aux chômeurs, les autres exprimant des revendications plus générales -, elles se sont progressivement rapprochées, comme pendant les "marches des chômeurs" de 1997.
Parmi les syndicats représentés à l'Unedic, seule la CGT a créé en son sein une structure de représentation des demandeurs d'emplois. "On dit aux chômeurs que le choix du syndicat est plus pertinent que celui de l'association pour faire entendre leur voix", explique François Desanti, secrétaire général de la CGT-chômeurs. Mais les associations relèvent son peu de poids au sein de la confédération, "où on leur met des bâtons dans les roues", selon Mme Balsan (MNCP). "Si on avait été vraiment représentés à l'Unedic, il n'y aurait jamais eu l'épisode des recalculés", ces chômeurs qui se sont battus avec succès en justice contre une remise en cause de leur indemnisation, estime-t-elle. "La victoire des recalculés, on l'a obtenue sans aucune négociation avec les partenaires sociaux. Maintenant, l'important pour nous, c'est de constituer un rapport de force", explique Marc Moreau (AC!).
A quand une réelle représentation démocratique des chômeurs & précaires dans un pays où - officiellement - 10% de la population active est privée d'emploi ? Avec un taux de 8% de salariés syndiqués (essentiellement concentré dans le secteur public où ils ont la sécurité de l'emploi), cette aberration ne fait résolument pas le poids.
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