
Dominique de Villepin n'y a pas songé. Lorgnant plutôt sur la précarité ad vitam æternam, il a annoncé l'élargissement des possibilités, pour un senior à bas salaire, de cumuler emploi et retraite en relevant le plafond actuel, basé sur le dernier salaire d'activité et dont la "limite est défavorable aux salariés modestes". Il souhaite également stimuler la "retraite progressive" en permettant de travailler à mi-temps à partir de 60 ans, tout en commençant déjà à percevoir une partie de sa pension. Et pour les seniors qui travaillent au-delà de l'âge légal de la retraite, ils verront son montant augmenter de 3% par année de travail supplémentaire.
Jean-Christophe Le Duigou (CGT), fort irrité que le Premier ministre annonce des mesures concernant les seniors "à la veille d'une réunion de concertation", a ironisé sur ces dispositifs qui, au lieu de favoriser le maintien dans l'emploi, ne font que "favoriser l'activité pendant la retraite". Il constate aussi qu'"on est en train d'effacer une frontière importante, celle qui sépare l'activité et la retraite".
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La lutte contre les "préjugés sur les seniors", qui figurait mardi au menu d'une rencontre entre les partenaires sociaux et le gouvernement, suscite de vives attentes des intéressés, qui se sentent écartés du marché du travail par des employeurs aux tenaces idées reçues.
Gouvernement, syndicats et patronat se retrouvaient mardi au ministère de l'Emploi pour discuter de l'avant-projet de plan gouvernemental pour l'emploi des seniors, qui vise à améliorer le taux d'activité des 55-64 ans, actuellement de 37% en France, soit l'un des plus bas en Europe. Le plan prévoit notamment le lancement cette année d'une campagne de communication pour redorer l'image des seniors sur le marché du travail. L'opération visera le grand public, mais aussi et surtout les employeurs.
"C'est vrai qu'il y a du travail, mais on a un début de prise de conscience", estime Daniel Croquette, délégué général de l'Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel (ANDCP), qui revendique 4.400 adhérents. Selon une étude de l'ANDCP, réalisée auprès de plus de 300 responsables de ressources humaines et publiée en décembre, en 2005, "la moitié des entreprises n'a procédé à aucun recrutement de quinquas" et "les plus de 50 ans restent les plus touchés par les réductions d'effectifs". Mais selon M. Croquette, les employeurs ne sont pas les seuls responsables. "Tous les intervenants sont en cause", estime-t-il, désignant le "filtre" des cabinets de recrutement, mais aussi les quinquagénaires eux-mêmes, qui seraient parfois trop prompts à postuler aux plans de départs.
Dans un sondage paru le 2 janvier dans le Parisien, 44% des personnes interrogées déclarent souhaiter partir à la retraite "entre 56 ans et 60 ans" et 30% "entre 50 et 55 ans".
"Le problème, c'est que le management des entreprises devient tellement dur à leur égard, que certains quinquas ne pensent plus qu'à partir", regrette Jean-Marc Coursin, 55 ans, cadre supérieur au chômage qui a créé l'association "Quinqua-citoyens". "Les employeurs ont instillé des préjugés sur la fatigue et la rigidité des seniors, pour en faire une variable d'ajustement. Il est urgent que les mentalités changent parce que les quinquas mis à l'écart sont dans une véritable détresse", estime M. Coursin.
"Quinqua-citoyens" a organisé en juin une manifestation à Paris. Plusieurs collectifs de seniors ont aussi choisi de s'adresser à l'opinion publique via les médias.
Membre du collectif Seniors Action, Gérard Plumier, 53 ans, a de son côté fait de sa quête désespérée d'un emploi un livre, Chômage senior, abécédaire de l'indifférence (Edition L'Harmattan), publié en septembre.
Les collectifs encouragent les seniors victimes de discriminations à l'embauche de saisir la justice ou la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Celle-ci a demandé en septembre aux journaux de "refuser la diffusion des offres d'emploi avec mention d'une limite d'âge", interdite par la loi.
L'association Alternatives pour une nouvelle économie de l'emploi (Apnée), qui édite le site www.actuchomage.org, a porté plainte en 2005 contre près de 70 entreprises pour discrimination à l'embauche sur critère d'âge. "Les politiques doivent se saisir au plus vite du problème, parce que les seniors au chômage sont complètement isolés", estime Yves Barraud, l'un des fondateurs d'Apnée, lui-même cadre dans la communication qui peine à retrouver un emploi à… 44 ans. Répondre | Répondre avec citation |
Gérard Larcher a présenté une trentaine de mesures, dont la plus "innovante" est la création d'un "CDD senior" de 18 mois renouvelable une fois pour les plus de 57 ans. Sinon, les seniors devront se contenter de 20.000 CIE (contrats initiative emploi), de vagues encouragement à la création d'entreprise, l'ANPE devrait même leur dispenser un service spécifique et pour le reste, ce ne sont qu'encouragements à la poursuite du travail après la retraite.
Gérard Larcher est également resté très vague sur la contribution Delalande - cette taxe payée par les entreprises qui licencient un employé de plus de 50 ans - qui devrait être progressivement supprimée, à l'horizon 2010…
5 millions d'euros (la moitié du budget 2006 fixé à 10 millions) seront consacrés à "une campagne de sensibilisation " d'au moins 2 ans lancée en juin, pour "faire évoluer les mentalités" du public et des employeurs…
Une troisième et dernière réunion est prévue le 1er février, avant la Conférence nationale sur les seniors qui sera présidée par le Premier ministre fin février.
La CGT estime que "pour l'essentiel, le plan consacre la précarisation des salariés âgés" et que désormais "les seniors n'auront plus le droit à un véritable emploi". Répondre | Répondre avec citation |