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Contrat de travail : la fin d'une hypocrisie

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Le gouvernement de Villepin nous prépare de "petites révolutions" pour cette année, qui seront fort appréciées du Medef. Voici un article de Dominique Seux paru dans Les Echos du 17 janvier : nous vous laissons juger, et commenter...

En dépit de son expérience jusqu'alors limitée en matière économique et sociale, ou peut-être grâce à elle, Dominique de Villepin confirme mois après mois combien il aborde ces sujets sans tabous et sans préjugés. Avec l'obsession d'avoir des «résultats», et d'abord sur l'emploi. Il l'avait montré dès son arrivée à Matignon avec l'annonce du contrat nouvelles embauches (CNE), mesure phare de son premier plan emploi. Après l'été, il en a fourni une nouvelle preuve avec sa réforme de l'impôt sur le revenu et l'instauration du bouclier fiscal pour les contribuables fortunés. Et, à l'automne, il l'a encore confirmé avec l'ouverture du capital d'EDF et l'apprentissage à quatorze ans. A chaque fois, des ajustements ? Non, des petites révolutions !

Le second plan pour l'emploi présenté hier n'a pas à rougir de ces précédents. Le Premier ministre a annoncé des mesures audacieuses pour s'attaquer aux deux maux dont souffrent les jeunes : un taux de chômage élevé ; une situation qui fait qu'à force d'enchaîner les stages, les petits boulots et les CDD, un jeune ne l'est plus depuis longtemps quand il trouve un poste stable. La principale disposition est évidemment le «contrat première embauche» qui permettra aux entreprises de toute taille d'embaucher des moins de 26 ans avec une période d'essai de deux ans.
Hormis quelques protections supplémentaires, ce contrat ressemble comme un frère au CNE. La rupture est donc réelle avec la longue série de plans pour les jeunes qui se sont succédé depuis celui de Raymond Barre en 1977. Lesquels ont toujours été caractérisés par des coups de pouce financiers aux entreprises quand la droite gouvernait et des emplois publics quand la gauche était au pouvoir. Cette fois, il n'est pas question d'un emploi subventionné. Il s'agit d'un assouplissement conséquent du droit du travail dont le but est de lever les verrous psychologiques à l'embauche.

Dès hier, les syndicats ont dénoncé ce projet, au motif qu'il «généralisera la précarité» en ouvrant une nouvelle brèche dans le contrat à durée indéterminée. Sur la forme, ils ont raison de protester : les partenaires sociaux auraient dû être consultés. Sur le fond, leur appréciation est quelque peu hypocrite. Le CPE n'est certainement pas l'idéal auquel peut rêver un jeune et il sera moins avantageux que le CDI. Mais cette comparaison n'a pas de sens puisque l'accès à celui-ci est totalement virtuel. Le nouveau contrat représentera peut-être à l'inverse une avancée par rapport à la situation actuelle. A une condition : que les entreprises fassent, elles aussi, un pas en avant et corrigent certaines de leurs pratiques abusives.

Si l'on ajoute la création du CDD seniors et l'annonce par Dominique de Villepin d'une réflexion globale sur le contrat de travail et même les 35 heures, le droit social apparaît en tout cas bel et bien en chantier. Jusqu'où celui-ci ira-t-il ? Le chef du gouvernement espère sans doute que les messages envoyés aux syndicats ces derniers jours sur la sécurité sociale professionnelle et la réforme des cotisations patronales - au risque que l'ensemble ne soit pas très lisible - lui épargneront des tracas. Il surveillera en revanche de plus près les réactions des étudiants. Parce que ce sont eux qui, en 1994, avaient obtenu le retrait du CIP, un contrat spécifique pour les jeunes proposé par Edouard Balladur. Et parce qu'ils seront des électeurs bientôt courtisés.

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Mis à jour ( Vendredi, 20 Janvier 2006 16:51 )  

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