Depuis avril 2005, le chômage recule de manière régulière et constante. Huit mois successifs de baisse, d'abord à un rythme modéré, puis, à partir de juin, avec une ampleur réelle : de 20.000 à 25.000 demandeurs d'emploi en moins chaque mois. Au total, depuis avril 2005, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie 1 a reculé de 158.000 pour atteindre 2.329.000, soit le chiffre le plus bas depuis janvier 2003. Le taux de chômage au sens du BIT, quant à lui, est passé de 10,2% à 9,6%.
Autre bonne nouvelle : la baisse de chômage atteint aujourd'hui toutes les catégories de demandeurs d'emploi : le nombre de jeunes chômeurs s'est réduit de 6,1% depuis avril dernier, celui des femmes de 4,9% et celui des seniors de 4,5%. Plus encore, le nombre des chômeurs de plus d'un an a baissé de 7,5%, celui des chômeurs depuis plus de deux ans de 4,9% et, depuis novembre, le nombre de chômeurs depuis plus de trois ans a commencé à baisser.
Le recul du chômage est aujourd'hui indéniable. Et pourtant, par une sorte de masochisme, certains s'ingénient à nier la réalité et à attribuer la raison de cette baisse qualifiée de «statistique» du chômage aux radiations, à la démographie ou au «traitement social du chômage». Qu'en est-il réellement ?
Les radiations opérées par l'ANPE sont en nombre quasi identique de mai à novembre 2005 par rapport à la même période de 2004 (250.423 contre 251.380, soit une moyenne de 35.700 par mois). Les absences au contrôle sont une cause importante de sortie des listes du chômage. Environ 150.000 personnes chaque mois sont absentes au contrôle. De quoi s'agit-il ? Chaque mois, le demandeur d'emploi doit informer l'Assedic de sa situation par Internet, par téléphone ou par courrier. S'il ne le fait pas dans les premiers jours du mois, il bénéficie d'une relance par téléphone ou SMS. S'il ne se manifeste toujours pas, il est dit «absent au contrôle» et donc retiré de la liste des demandeurs d'emploi. En aucun cas, l'ANPE ne peut influer sur le nombre d'absences au contrôle. L'enquête trimestrielle réalisée par le ministère du Travail et l'ANPE montre d'ailleurs que la moitié environ des absents au contrôle ont en fait retrouvé un travail mais ont omis de le signaler à l'Assedic ou à l'ANPE.
Les départs en retraite du papy-boom sont souvent invoqués pour expliquer la baisse du chômage. Là encore, l'explication est inexacte : certes, la pression démographique est moins forte qu'avant, mais, en 2005, la population active aura probablement augmenté de 67.000 personnes environ et elle continuera de s'accroître jusqu'en 2008-2009. On aurait d'ailleurs tort de se réjouir de la baisse attendue de la population active : la plupart des économistes considèrent aujourd'hui qu'elle devrait avoir un effet dépressif sur l'activité. Le malthusianisme n'a jamais créé d'emplois !
Quant aux contrats aidés, qui sont un élément important pour l'insertion professionnelle et le retour à l'emploi, leur contribution directe à la baisse du chômage est encore modeste : le nombre de personnes en contrats aidés (CES, CAE, CIE, Cirma, contrats d'avenir) était de 455.000 en avril 2005 et de 458.000 en novembre 2005.
Alors, comment s'explique la baisse du chômage aujourd'hui ? La raison en est sans doute une reprise réelle de l'emploi que les conseillers de l'ANPE peuvent constater tous les jours : ainsi, en 2005, le nombre d'offres d'emploi collectées par l'agence auprès des entreprises a atteint 3,39 millions, soit 8% de plus qu'en 2004, et 200.000 de plus qu'en 2000, année de forte croissance économique. Cette performance a pu être atteinte, alors même que, depuis janvier 2005, les entreprises ne sont plus tenues, comme auparavant, de notifier à ANPE les offres d'emploi.
Contrairement encore aux idées reçues, cette croissance des offres d'emploi ne résulte pas des emplois précaires, en CDD et en intérim. Bien au contraire, les offres en contrats durables (CDI et CDD de plus de 6 mois) s'accroissent de 14% et représentent aujourd'hui 42,6% des offres d'emploi recueillies par l'agence.
Cette reprise de l'emploi n'affecte pas également tous les secteurs et toutes les entreprises. L'industrie continue de perdre des emplois, alors que la construction explose et que le secteur des services à la personne, dopé par la loi de Jean-Louis Borloo, connaît un développement réel. De même les créations d'emplois se font principalement dans les petites, voire les toutes petites entreprises, comme le montre la diffusion très rapide du contrat nouvelles embauches.
L'INSEE n'annonce encore qu'une faible progression de l'emploi marchand. Mais les enquêtes trimestrielles de l'Insee ont des difficultés aujourd'hui à estimer et à anticiper l'évolution de l'emploi dans les petites entreprises - les entreprises de moins de 10 salariés ne sont pas dans le champ. De même le secteur des services à la personne demeure mal appréhendé par l'Insee, alors même qu'il connaît une progression très importante depuis plusieurs mois. Les statistiques de l'Unedic, qui s'appuient principalement sur les affiliés au régime d'assurance-chômage, donnent une vision plus optimiste de la situation avec une progression de près de 60.000 emplois salariés sur les trois premiers trimestres de 2005. Certes, ces résultats sont encore insuffisants pour notre pays et pour tous ceux qui recherchent un emploi. Mais cessons de chercher les raisons de désespérer et regardons les raisons d'y croire : notre pays recommence à créer des emplois.
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