«On l’a appris par la radio, tout le monde est sous le choc», s’insurge Bernard Humbert, délégué CGT de l’usine Tefal de Dampierre (Jura). Les 180 employés de cette entreprise collée au fond de la vallée du Doubs n’en reviennent pas. À la pause, le petit local du comité d’entreprise à quelques mètres du magasin d’usine connaît une affluence peu commune. Les ouvriers se pressent aux informations. Le délégué CGT ne peut que, malheureusement, répéter : «Je vais à Rumilly demain, j’en saurai peut-être un peu plus mais je crains que tout cela ne reste vague jusqu’au comité de groupe prévu à Écully le 24 janvier.»
L’angoisse et la colère se font pourtant jour : «Le site de Dampierre n’est pas déficitaire et, ici, il n’y a jamais eu de plan social. Du jour au lendemain on va fermer cette usine, c’est incroyable », lâche une ouvrière. Le réalisme économique prôné par les dirigeants du groupe SEB a donc bien du mal à franchir l’épais brouillard qui règne au-dessus de l’usine. Spécialisée dans la fabrication de bouilloires électriques depuis le rachat par SEB, il y a une dizaine d’années, aucun signe d’une éventuelle fermeture n’était perceptible. «On entendait plutôt parler d’investissement et de modernisation», souligne le délégué syndical.
Après avoir abandonné la production des petits ustensiles de cuisine, tire-bouchons ou ouvre-boîtes, délocalisé dans les pays à bas coût, la fabrication de ces bouilloires électriques, produit phare de la gamme dans l’électroménager, devait assurer la pérennité du site, renforcée par la présence, dans la même commune du principal sous-traitant de Tefal et SEB en matière de composants plastiques... Selon Bernard Humbert, si la fermeture du site de Dampierre devait se confirmer, les répercussions sur l’emploi dans le secteur pourraient virer à l’hécatombe. «Pour un salarié à Tefal Dampierre, on compte 2,4 salariés sous-traitants. J’imagine que dans certaines entreprises de la vallée du Doubs, des salariés s’inquiètent déjà de la conséquence d’une éventuelle fermeture de Tefal sur leur propre travail.» À Dampierre, la production de bouilloires se poursuit mais l’enthousiasme restera à la porte de l’usine, au moins jusqu’au 24 janvier.
(Source : L'Humanité)
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