Dressant un bilan implacable des "30 ans de crise économique, sociale et morale" qui viennent de s'écouler, "La France va mal [...] La France doute", a-t-il asséné dans une critique en règle de l'ère Chirac, à laquelle il a pourtant largement contribué. Mais pour lui, les symptômes de cette crise, "pauvreté, exclusion, précarité, insécurité", sont avant tout "dans les têtes" (tiens donc).
Pour faire enrager Arlette Laguiller, il s'est plus précisément tourné vers "la France qui se lève tôt et travaille dur"… "Depuis 25 ans tout est fait pour déprécier l'effort, pour dénigrer le mérite", a-t-il clamé, assurant que "la fracture sociale s'est transformée en désintégration sociale" !
Nicolas Sarkozy défend le travail, pas ceux qui triment
"Aujourd'hui, on décourage le travail supplémentaire : je veux le décupler !", a lancé le président de l'UMP selon lequel "le premier des impératifs" est de réhabiliter le travail. "Voici le véritable clivage de la prochaine élection présidentielle. Je ne veux pas d'une réduction obligatoire et uniforme du temps de travail. Je veux que tous ceux, dans le public comme dans le privé, qui veulent travailler plus pour gagner plus puissent le faire", a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Vous avez compris : va falloir bosser plus et plus longtemps pour espérer vivre décemment.
Dénonçant les 35 heures, le candidat Sarkozy a fustigé "une gauche qui n'a plus rien à voir avec celle de Jaurès et de Blum qui connaissait la valeur du travail". Il a aussi critiqué la "droite qui a fini par avoir honte de ne pas être la gauche, dévaluant économiquement et moralement le travail".
"En 25 ans, le pouvoir d'achat des salaires n'a en moyenne presque pas augmenté alors que le niveau de qualification n'a pas cessé de s'élever ! [...] Et tout le monde sait bien que la réalité est pire, et qu'en 25 ans la France qui vit de son travail a subi une chute de son niveau de vie, quelle a plus de mal à joindre les deux bouts, plus de mal à se loger", a-t-il déploré. Mais… les tendances politiques de M. Sarkozy n'encouragent-elles pas, justement, la paupérisation ainsi que la spéculation immobilière ? Son gouvernement n'a-t-il pas, justement, créé fort peu d'emplois ?
Proposant de "construire le progrès social grâce à l'économie" (comprenez : libéraliser le progrès social), le président de l'UMP s'est engagé à tout mettre sur la table "sans tabou" (c'est son terme préféré…) : l'impôt sur le revenu, la taxe professionnelle, la taxe sur les salaires, les charges sociales. Dans le rôle du père Noël, il a aussi préconisé une forte revalorisation des allocations familiales, dès le premier enfant notamment pour ceux qui gagnent moins que le Smic.
Et Sarkozy dénonce… les patrons voyous !
Alors qu'il est le grand défenseur d'un système économique qui favorise la précarité, le capitalisme financier et toutes ses dérives, Nicolas Sarkozy s'est montré compatissant pour cette "France qui va mal, qui vit la précarité au quotidien et ne peut faire des projets d'avenir". Celle "qui travaille, qui n'en peut plus de faire des efforts et dont on ne parle que pour la culpabiliser". No soucy ! Pour bien faire comprendre aux salariés que les chômeurs leur bouffent la laine sur le dos, il a prévenu qu'il demanderait "à celui qui vit avec les minima sociaux d'accomplir un travail d'utilité sociale".
Le voilà maintenant qui dénonce les grands patrons qui négocient "une prime d'éviction en forme de parachute en or" après avoir conduit leur entreprise à l'échec, ce qui "n'est rien d'autre qu'une forme d'abus de bien social". Pour ceux qui filent en pleine nuit avec les meubles et la caisse, il promet une tolérance "double zéro". Puis, moderne, il a proposé d'étendre à tous les salariés les stocks options.
Evoquant l'immigration (son dada, comme Jean-Marie), le président de l'UMP à de nouveau invité ceux "qui n'aiment pas la France, ceux qui exigent tout d'elle sans rien vouloir lui donner" à s'en aller. "Ils ne sont pas obligés de rester sur le territoire national", a-t-il dit.
Avec lui c'est sûr : la France, on va la quitter...
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