Ce contrat reprend les grandes lignes de la convention ratifiée le 5 mai dernier, et qui instaure notamment une meilleure coordination entre l'ANPE et l'Unedic avec la mise en place de "guichets uniques" d'ici la fin de l'année. Il engage l'Agence nationale pour l'Emploi à mettre "en oeuvre la politique de l'emploi souhaitée par le gouvernement", ainsi que "le rapprochement opérationnel avec le régime d'assurance chômage, tel que prévue dans la convention signée récemment par le ministère et l'ANPE", selon le communiqué du ministère de l'Emploi diffusé ce jour.
Dans ce but, l'agence "mobilisera les outils" de la politique de l'emploi, comme les contrats aidés et poursuivra son rapprochement avec les Assedic, par la mise en place de guichets uniques et la création d'un système d'information unique et partagé.
Parallèlement, elle poursuivra sa démarche de personnalisation du suivi des chômeurs. Dans le contrat, elle s'engage "vis-à-vis de chaque demandeur d'emploi" à "l'appuyer dans son parcours jusqu'au placement" et pour ce faire, un "référent" sera désigné pour chaque demandeur d'emploi. Ce suivi personnalisé, engagé depuis le 1er janvier 2006 pour les chômeurs de longue durée, "devra concerner progressivement l'ensemble des demandeurs d'emploi". "En 2007, tous bénéficieront d'un entretien mensuel à compter du 4e mois de chômage".
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Commentaires
Pourquoi n'ai-je pas bénéficié depuis janvier 2006 du suivi mensuel personalisé ?
Leur obligation n'était-elle pas de donner tous les mois soit une offre d'emploi soit une formation ?
Tout le monde sait que l'ANPE a très mauvaise presse auprès des entreprises, ce n'est pas une raison pour se venger sur les chômeurs involontaires !!!! Répondre | Répondre avec citation |
Etre agent ANPE n'est pas une chose facile. Depuis 3 ans les politiques de l'emploi ont pris un réel virage libéral et nos missions se concilient de plus en plus mal avec l'esprit même de service public (égalité, uniformité…) mais surtout aux besoins des entreprises et des demandeurs d'emploi.
Certes, certains voient dans les nouvelles lois un outil permettant de se séparer des "profiteurs", mais la majeure partie des collègues est soucieuse de ne pas faire s'agraver des situations de plus en plus précaires socialement et économiquement.
L'Etat se désengage du retour à l'emploi des chômeurs, les mesures du plan de cohésion sociale ont été un bordel à mettre en place (absence d'enveloppes, de décrets, de critères… changeant tous les 3 mois, insuffisance des budgets…) et ont créé un embroglio bordélistique. L'Etat a arrêté également de financer la formation des chômeurs (650.000 entrées de formation en moins au 01/½005, non compensées par les efforts des conseils régionaux).
Comme beaucoup je fais de la résistance et essaie au mieux d'aider les chômeurs. Il n'y a pas que Fabienne Brutus qui le fait, même si elle l'a fait par voie de presse.
J'attend beaucoup des élections à venir, et j'aspire à un revirement plus social et intelligent quand à la gestion du problème de l'emploi. Nous pouvons nous, agents, faire de notre mieux, avec des moyens dérisoires (comparés à ceux alloués aux cabinets privés) et avoir des résultats corrects, rien ne sera possible sans création massive d'emplois. Mais pour cela il faudrait que le Medef arrête de profiter des cadeaux fiscaux de l'Etat, et crée enfin les centaines de milliers d'emplois promis depuis la mise en place du PARE.
Bon courage aux collègues qui comme moi gardent dans leurs actes le sens du service public. Répondre | Répondre avec citation |
L’intention est d’abord gestionnaire : mieux s’organiser, servir au moindre coût.
Le résultat est dramatique : traiter des millions d’êtres humains comme des objets de gestion d’un stock, en totale inadéquation avec la réalité pratique.
Voici l’histoire d’un dérapage d’une ampleur jamais atteinte encore.
Une cohérence des Services Publics de l’Emploi
Vendredi 5 mai 2006, trois honorables institutions françaises, l’Etat, l’ANPE et l’Assedic, ont signé une Convention destinée à coordonner les Actions du Service Public de l’Emploi, après un an et demi de travaux communs (1). L’intention affichée est d’«accompagner plus efficacement le demandeur d’emploi». Les chômeurs devraient s’enthousiasmer de la démonstration d’une telle ardeur et d’un tel favoritisme.
Oui, favoritisme, doublé d’une injustice… envers les employeurs. Ne servir que les «clients» chômeurs est un passe-droit éhonté. La mission du Service Public de l’Emploi consiste légitimement à «rendre le meilleur service aux demandeurs d’emploi, indemnisés ou non, ainsi qu’aux entreprises, au meilleur coût». Si la mission publique «de recueil, de la prospection, du suivi et du traitement d’offres d’emploi» est sous-équipée, c’est que «les employeurs sont déjà dotés de systèmes privés de services et de diffusion d’annonces». Mais l’état social rétablit l’égalité du citoyen face à l’inégalité socio-économique (2).
C’est grâce au dérapage bien géré d’une informatisation , que nous avons donc la chance inouïe de voir notre état social privilégier les chômeurs au détriment des employeurs…
Une organisation simplifiée, optimisée… pour les services publics
Il est vrai qu’après l’échec retentissant et la gabegie financière du grand projet informatique de l’ANPE épinglé par la Cour des Comptes en mars dernier, il fallait remettre de l’ordre dans la gestion et les systèmes informatiques (3). Hélas ! Cohérence, efficacité, rendement, le rêve des organisations modernes, se traduit en termes administratifs par «éviter notamment d’avoir à reconstituer un nouveau dossier ou à faire des double-saisies».
La saine et brillante efficacité économique d’un administrateur le conduisant à partager ce qui fonctionne le mieux, le Service Public de l’Emploi nouvellement coordonné s’appuiera donc sur le système informatique de gestion de l’Unedic, centré comme chacun sait sur le service des «clients», les allocataires.
Pour mieux servir les chômeurs, les services nouvellement coordonnés du Service Public vont donc les faire bénéficier d’un dossier unique dans un système informatique unique. La suite logique veut que le citoyen ait accès à un guichet unique, parvienne à être suivi par un interlocuteur unique, avec un suivi unique… non, pardon, «un suivi personnalisé», et que la relation entre administrations et usagers en soit facilitée.
Il est certain que le suivi des individus sera facilité et plus confortable pour une administration plus rentable. C’est que l’affaire est énorme !
On ne peut sous-estimer les difficultés techniques à gérer la «liste des demandeurs d’emploi» qui se chiffre en millions de personnes, à maintenir «l’opérationnal ité du fichier» pour des millions de chômeurs, qui de surcroît pourront provisoirement sortir du système pour être «placés» dans des «organismes tiers à la présente convention».
Une organisation rentable, bien organisée, bien gérée
Gérer rentablement des millions d’individus demande des moyens appropriés ! Et une organisation sans faille, ce qui signifie en langage administratif une organisation bien contrôlée.
Heureusement, tout est prévu :
• des implantations communes aux différents services, dans les locaux neufs de Maisons de l’Emploi, seront plus confortables pour les agents…
• les démarches de nos fournisseurs de services aux chômeurs seront «simplifiées» :
- avec une «gestion de leur travail optimisée»,
- grâce à «l’accès aux données nécessaires sur le parcours du demandeur d’emploi aux différents partenaires du service public de l’emploi»,
- «grâce à une vue transverse des actions menées tant par les différents partenaires et d’assurer ainsi leur cohérence».
• une régionalisation permettra de déconcentrer les lourdeurs de gestion.
• des indicateurs de performance, en terme de coûts et d’efficience, permettront de mesurer les résultats des actions conduites.
• le Comité Supérieur de l’Emploi veillera à l'orientation et à l'application de la politique de l'emploi (4).
L’enjeu étant de taille, diable, la panique gagne. Contrôler une telle organisation est une gageure, c’est "une «bataille» à livrer pour l"emploi" qui mérite une organisation toute militaire et stratégique.
Une gestion de stock humain affinée
L’organisation et les outils de gestion seront donc parfaits… Mais qui gérer à défaut de soi-même ? Des stocks d’administrés, bien sûr.
Selon les bonnes vieilles recettes de notre administration, dans ces cas là, quitte à se tromper d’ennemi, la pente naturelle de la facilité conduit à contrôler l’administré plutôt que sa propre organisation. Qui n’a pas confiance en soi n’a pas confiance en autrui, c’est bien connu.
C’est donc la gestion des stocks humains sera donc parfaite… Et que l’on trie, que l’on gère, que l’on contrôle. Question hallucinante, en effet : risque-t-on de perdre des chômeurs ? (Rappelez-vous, c’était l’objectif de départ, tout de même.)
Recomptons-les donc encore. Le nombre de demandeurs d’emplois reclassés grâce aux services offerts sera un indice de réussite, ainsi que le montant des dépenses d’indemnisation .
Grâce à une grille de «profilage», les Services Publics de l’Emploi pourront poser un «diagnostic initial de la distance à l’emploi», «proposer à l’intéressé des prestations appropriées», «vérifier le respect par les demandeurs d’emploi de leurs obligations en matière de recherche active d’emploi». Chaque individu aura son dossier, sera caractérisé par son propre dossier, unique, individualisé …
L’administratio n contrôle la situation. Mais quand le chômeur commence–t-il à exister ?
Après que les agents des Services Publics de l’Emploi aient établi un diagnostic des personnes, le chômeur sera conseillé sur un «projet personnalisé d’accès à l’emploi», "qui pourra être adapté à tout moment avec lui". Une fois étiqueté, le chômeur sera enfin responsable et autonome… pour exécuter les prescriptions dont il aura été flanqué, avec ses allocations pour viatique.
Selon les bons vieux credos de la recherche d’emploi traditionnelle, c’est la quantité d’activité qui détermine inévitablement la qualité du résultat. Donc, on contrôle l’activité des chômeurs.
Employeurs, vous verrez bientôt défiler des bataillons de candidatures, vous aurez un choix inégalé de candidatures… à trier vous-même.
Pendant ce temps là…
Pendant que les uns croient aux vertus de l’effort et de la quantité, les chercheurs écrivent : «le rendement de la recherche est relativement dissocié du niveau d’efforts fournis», parlent de «l’absence de rendements de certaines recherches», apprennent de l’expérience des chômeurs… (5)
Quand les institutions les incitent à rechercher OU cibler un poste, les chômeurs cherchent à bâtir des stratégies de recherche leur permettant de savoir COMMENT s’intégrer et se faire accepter par la société économique.
C’est que les chômeurs sont nombreux et le nombre d’emploi offerts se tarit. Alors les employeurs trient, les discriminations font rage dans le secteur de l’emploi. Mais que voulez-vous ? Il faut bien choisir selon quelques critères dans cette formidable armada de chômeurs. Le nombre de diplômes ne suffit plus à les départager. Le nombre de compétences est infini. Il y en a trop ! Au secours !
Vite, un Service Public de l’Emploi bien ccordonné, des services d’accompagnemen t aux employeurs submergés, pourraient les mettre en relation avec des personnes… de qualité.
Mais si la belle machine s’enraye, si l’économie s’enrhume, comment contrôler cette situation incontrôlable ? Je vous le donne en mille : donnez aux employeurs et aux chômeurs les moyens de gérer leur propre vie, laissez-les vivre… Cessez de penser, de contrôler, de compter, de diriger… C’est vous qui êtes passés loin du sujet.
Messieurs les gouvernants, les administrateurs , les gestionnaires, prenez un long repos bien mérité, cédez votre place… Vite.
CartagDE
(1) www.travail.gouv.fr
(2) "L’Etat social", F. X. Merrien, R. Parchet, A. Kernen (Editions Dalloz – 2005)
(3) Voir l’article : Cour des Comptes, administration et politique de l'emploi
(4) CODE DU TRAVAIL, Partie Réglementaire, Section 3 : Dispositions générales - Article R322-11
Le comité supérieur de l'emploi institué auprès du ministre chargé de l'emploi par l'article L. 322-2 donne des avis sur l'orientation et l'application de la politique de l'emploi et notamment : Sur les critères servant à déterminer, pour l'application du présent décret, les professions et régions où existent des besoins de main-d'oeuvre, les régions ou professions atteintes ou menacées d'un grave déséquilibre de l'emploi, ainsi que celles des opérations de restructuration, de changement ou de réduction d'activité effectuées par des entreprises qui entrent dans la prévision des dispositions des articles L. 322-1 et suivants …
(5) L’épreuve de la recherche d’emploi vue par les chômeurs âgés, par DELPHINE REMILLON - Centre d’études de l’emploi/Université Paris X-Nanterre. Répondre | Répondre avec citation |