Selon les chiffres publiés aujourd'hui par le ministère de l'Emploi et l'INSEE, l'emploi salarié dans le secteur privé a augmenté de 0,3% au deuxième trimestre, soit 51.900 créations de postes. Avec les 12.400 emplois enregistrés au premier trimestre, cette progression atteindrait 0,7% sur un an.
Ces chiffres, "encore provisoires" selon le ministère, traduiraient "une nette accélération de la reprise entamée timidement il y a deux ans". Effectivement, en 2004, l'INSEE relevait 17.200 créations nettes et en 2005, le secteur privé n'en avait enregistré que 64.200 : pas de quoi fouetter un chat.
De plus, le ministère ne précise pas quelle est la moyenne des salaires en vigueur sur ces nouveaux postes : sans aucun doute assez proche du Smic, le marché du travail étant suffisamment dégradé pour que les employeurs se permettent de sous-payer les chômeurs sortants.
"La croissance permet à l'emploi de repartir, ce qui soutient la consommation, les exportations atteignent des records et les entreprises peuvent encore augmenter leur activité !", a déclaré récemment notre ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton. Le "pic inattendu" de la croissance au deuxième trimestre (de 1,1% à 1,2% après seulement 0,5% au premier trimestre) devrait, en principe, continuer de doper le secteur privé au cours des prochains mois. Or les économistes estiment qu'il faut en moyenne 6 mois pour qu'une hausse du produit intérieur brut se répercute sur les créations d'emploi.
Embellie sur le front du chômage, croissance... et consommation. Vous l'avez deviné, la question du pouvoir d'achat revient au premier plan. Car les statistiques sur les salaires, publiées en même temps, dépeignent une morosité persistante : le salaire mensuel de base (sans les primes ou les heures supplémentaires) a progressé de 0,5% au deuxième trimestre et de 2,9% en un an mais, compte tenu de l'évolution de l'inflation, le pouvoir d'achat des salariés a ainsi baissé de 0,4 point par rapport au trimestre précédent et augmenté de 0,9% par rapport au deuxième trimestre de 2005.
Alors que Thierry Breton claironne que le pouvoir d'achat des ménages est "au plus haut depuis six ans", les syndicats assurent, eux, que la situation des Français s'est nettement détériorée, entre flambée des prix des carburants, hausse des loyers et augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz. Toutes les centrales comptent faire du partage des fruits de la croissance une des revendications clefs de la rentrée sociale dans les entreprises et auprès du gouvernement.
A quelques mois des élections présidentielle et législative, le Parti socialiste s'est déjà joint à eux. Déplorant "la détérioration du pouvoir d'achat", son premier secrétaire, François Hollande a réclamé dimanche la tenue "d'une conférence sur le pouvoir d'achat avec l'ensemble des partenaires sociaux".
Articles les plus récents :
- 25/08/2006 04:56 - Une nouvelle Direction générale du travail
- 24/08/2006 16:40 - Réforme des cotisations sociales : la synthèse du CAS
- 23/08/2006 16:38 - Le CAC 40 et l'emploi
- 22/08/2006 18:50 - ANPE : zoom sur les 940.000 offres du 2e trimestre
- 18/08/2006 23:26 - Sans emplois véritables, pas de réinsertion
Articles les plus anciens :
- 16/08/2006 17:56 - Copé : "C'est l'heure pour les quinquas d'être en première ligne"
- 15/08/2006 06:27 - Sur le blog d'un conseiller ANPE (et élu UMP)
- 14/08/2006 23:27 - Contribution Delalande : deux nouvelles exonérations
- 13/08/2006 03:26 - Les dessous du «Borloo populaire»
- 11/08/2006 15:03 - Réforme du dialogue social, une "mascarade"