«L'emploi progresse dans les grands groupes français», titre ce matin le journal Les Echos. Pourtant, il n'en est (presque) rien.
En 2005, indique le quotidien dans une étude publiée aujourd'hui, les 40 plus grosses entreprises françaises cotées sur la place parisienne employaient 4,1 millions de personnes dans le monde. Dans sa liste des 15 premiers employeurs français, Les Echos cite le groupe Carrefour qui arrive en tête avec plus de 440.000 salariés dans le monde (dont 130.000 en France, moins d'un tiers), suivi par la Sodexho, leader de la restauration qui emploie au total 325.000 salariés, et La Poste (303.446 salariés dans le monde) qui est également le premier employeur dans l'Hexagone (291.000 salariés chez nous).
Ne vous y méprenez pas, nous dit Les Echos : bien que leur rentabilité "a atteint un niveau historique", cette hausse des effectifs reste "très limitée" et "contraste avec les augmentations plus vives des ventes (+ 10% en 2005) et des bénéfices nets (+ 20%)". Pour le quotidien, "les stars de la bourse ont beau gagner plus d'argent que jamais, pas question pour elles d'embaucher massivement" ! Dont acte. Car dans le même temps, les effectifs français des entreprises du CAC 40 ont reculé "de l'ordre de 1%", le personnel situé dans l'Hexagone ne pesant plus que 40% de leur effectif total.
En outre, note Les Echos, cette croissance tient moins à des créations nettes d'emplois qu'à l'acquisition de structures existantes. Ainsi, les effectifs de Gaz de France se sont accrus de 38% en 2005, essentiellement grâce à l'acquisition du roumain Distrigaz Sud (10.700 salariés) et du français Savelys (4.150 salariés), mais celui de la maison-mère en France a dans le même temps diminué d'environ 1%. Certains groupes ont par ailleurs continué de réduire leur personnel, comme Thomson (- 44%) ou Vivendi (- 39%).
Au final, le classement des principaux employeurs français dans le monde reste stable depuis dix ans.
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L'action du distributeur Carrefour était en hausse de 0,3% à 37,60 euros à l'ouverture de la Bourse de Paris, mardi 22 novembre, au lendemain de l'annonce d'un plan de réduction d'effectifs en France.
L'annonce a été faite vendredi 18 novembre aux syndicats lors d'un comité paritaire sur l'emploi, a rapporté lundi 21 novembre la CFDT. Les suppressions de postes affecteront les sièges sociaux des filiales de la chaîne d'hypermarchés, qui emploient 8.500 personnes. Elles devraient s'effectuer sans licenciement, à la faveur d'un reclassement des salariés concernés dans les magasins. "Carrefour n'a pas donné d'indication sur la répartition des suppressions de postes", précise Serge Corfa, délégué syndical de la CFDT, indiquant que le groupe compte 79 sociétés.
La direction de Carrefour rappelle qu'elle reste créatrice nette d'emplois, environ 1.500 par an. Carrefour est le premier employeur privé de France.
Ce plan d'austérité vise à sauvegarder la compétitivité du groupe, alors que sa croissance en France se ralentit. Son résultat d'exploitation a chuté de 8,3% l'an dernier sur son marché national. La réforme de la loi Galland, qui va réorganiser les relations entre les grands distributeurs et leurs fournisseurs en 2006, pourrait peser encore davantage sur la rentabilité, selon Carrefour.
Les "sacrifices" imposés aux salariés en France, selon l'expression du directeur général, José-Luis Duran, interviennent après la vente, annoncée en mars, des hypermarchés que possédait Carrefour au Mexique et au Japon.
(Source : Le Monde) Répondre | Répondre avec citation |
Notre article du 4 Mai 2006 : >La Poste condamnée pour abus de CDD malgré ses + 49% de bénéfice net en 2005… Répondre | Répondre avec citation |
Un nouveau dossier du magazine mensuel ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES :
Leurs comptes le confirment, les entreprises du CAC 40 sont frileuses en matière d’investissemen t. Même si la tendance s'améliore nettement depuis l'an dernier.
Depuis plusieurs années déjà, de nombreuses voix s’élèvent pour considérer que les exigences financières excessives des actionnaires empêchent les entreprises de se développer, entraînant le système à sa perte. Des analyses toutefois controversées, alors que la croissance mondiale semble solidement repartie après le choc boursier de 2000-2001.
Le meilleur moyen d’en avoir le cœur net n’est-il pas finalement de regarder précisément ce que les entreprises font de leurs profits ? Comment elles arbitrent entre investir pour développer leurs activités ou verser des dividendes aux actionnaires, et racheter leurs propres actions pour en faire grimper le cours ou, au contraire, augmenter leur capital pour croître. C’est ce que nous avons cherché à faire en analysant les comptes 2004 et 2005 des grandes entreprises françaises qui composent le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris.
Le résultat est nuancé : globalement, on note bien une timidité vis-à-vis de l’investissemen t et une priorité accordée aux dividendes, aux rachats d’actions et au désendettement. Mais la tendance est à un regain significatif de l’investissemen t et au retour vers l’endettement et les augmentations de capital. Surtout, au-delà des moyennes d’ensemble, on constate toujours une très grande diversité de stratégies : certaines entreprises se replient dans l’espoir de devenir plus rentables en étant plus concentrées sur leur «cœur de métier», mais d’autres investissent au contraire fortement pour se développer. Les unes rachètent à tout va leurs actions, tandis que les autres augmentent massivement leur capital.
Bref, même si la pression des actionnaires est sans conteste devenue plus forte ces dernières années, elle n’a pas entraîné pour autant un comportement «pavlovien» uniforme des entreprises. Et celles qui réussissent le mieux, y compris en Bourse, ne sont pas forcément celles qui cherchent le moins la croissance. Il y a cependant au moins une politique qui unit presque toutes les grandes entreprises : le souci d’éviter de payer des impôts ! Mais là comme ailleurs, certaines sont plus inventives que d’autres.
Dans ce contexte, il convenait bien sûr de se pencher également sur les rémunérations très élevées des PDG, un sujet majeur et récurrent de controverses. On observe toutefois une certaine stabilisation sur ce terrain, même si, une fois de plus, les situations restent très diverses.
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