Evoquant avec cynisme "le malaise que ressentent beaucoup de nos compatriotes sur le plan des revenus", en particulier pour "les bas revenus" alors que "certains très hauts salaires sont déconnectés de toute réalité", le Premier ministre vient d'annoncer sur TF1 que la prime pour l'emploi (PPE) allait "augmenter considérablement" : ainsi, elle va être doublée dans le budget 2007 pour les salariés au SMIC et passera de 540 à 940 € au 1er janvier. Cette hausse représentera "presque un 13e mois pour ceux qui sont au SMIC", a avancé l'invité de PPDA, expliquant que le gouvernement ferait au total un "effort tout à fait substantiel" en augmentant cette prime pour les 9 millions de ménages français qui ont les revenus les plus faibles, sans préciser toutefois l'ampleur de la hausse pour les autres salariés.
"Il ne s'agit pas de dilapider l'argent des Français", a dit M. de Villepin. La Cour des Comptes vient pourtant de pointer les dégâts des exonérations de cotisations patronales sur les salaires et sur notre système de protection sociale : le gouvernement en rajoute avec la PPE, soulageant définitivement les employeurs d'un treizième mois qu'ils ne paieront pas eux-mêmes à leurs salariés smicards, le tout étant une fois de plus assumé par les finances publiques !!! Et le chef du gouvernement de le reconnaître pour mieux justifier sa manœuvre : "Par exemple, on voit un nombre croissant de salariés payés au niveau du Smic, créant une véritable trappe à bas salaires. Nous voulons corriger ces situations", a-t-il benoîtement ajouté.
L'argent public servira d'autre part à compenser la hausse du prix des carburants grâce au lancement d'un "chèque transport" qui fonctionnera "sur les mêmes bases que le chèque restaurant, en leur conférant un allègement des charges sociales et fiscales", un dispositif "facultatif" pour les entreprises et financé pour moitié par l'Etat !
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Commentaires
Dominique de Villepin a également déclaré hier soir sur TF1 que le gouvernement allait "cibler" ses efforts en matière de lutte contre le chômage sur "ceux qui n'ont ni diplôme, ni qualification, et les chômeurs de longue durée".
"Nous avons de bons résultats" en matière d'emploi, de croissance et de désendettement, a affirmé le Premier ministre. Toutefois, "je mesure bien qu'entre cette situation et ce que ressentent nos compatriotes, il y a un décalage. C'est pour cela que le gouvernement veut apporter de nouvelles sécurités aux Français en matière d'emploi et de pouvoir d'achat".
En matière d'emploi, le gouvernement va présenter jeudi à Troyes (Aube) lors d'un séminaire gouvernemental "la troisième phase du plan emploi et nous voulons cibler notre effort sur ceux qui rencontrent le plus de difficultés, c'est-à-dire ceux qui n'ont ni diplômes ni qualification, et les chômeurs de longue durée", a-t-il indiqué. "C'est là-dessus que nous allons engager notre effort en concertation avec les partenaires sociaux pour améliorer la situation des plus fragiles".
"Les mesures seront annoncées par (le ministre de l'Emploi) Jean-Louis Borloo à Troyes lors du séminaire gouvernemental", a précisé le chef du gouvernement.
"Nous souhaitons par ailleurs continuer notre action pour sécuriser l'emploi et la carrière professionnelle " à travers notamment "des expérimentation s en matière de contrat de transition professionnelle ", a-t-il ajouté. Répondre | Répondre avec citation |
Historique ! Selon une étude de la DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère de l'Emploi) publiée aujourd'hui, 2,54 millions de salariés étaient rémunérés sur la base du Smic au 1er Juillet de l'année dernière, soit le "plus haut niveau" enregistré depuis 20 ans !
Attention, le secteur agricole et l'intérim ne sont pas comptabilisés dans les chiffres de la DARES : on peut dire que ces résultats sont encore sous-évalués.
La DARES rappelle que les Smicards ne représentaient que 15,6% des salariés en 2004, et 14% en 2002. Maintenant, ils sont donc 16,8% minimum.
Pas étonnant quand on imagine ce que signifie un salaire médian à 1.484 € mensuel net (source : INSEE 2004) qui signifie que la moitié des salariés français gagne en dessous de cette somme… Et après, on va nous dire - au sujet de la "dette publique", par exemple - que les Français vivent au-dessus de leurs moyens ! Pas étonnant non plus quand on est demandeur d'emploi et qu'on constate les salaires proposés depuis cinq ans, malgré l'expérience et les diplômes !
… Qui a dit qu'il fallait "revaloriser le travail" ?
La revalorisation du Smic a bon dos
La DARES estime que cette hausse est "principalement" liée à l'ampleur de l'augmentation du Smic horaire pour la troisième année consécutive : +5,5% par an en moyenne entre 2003 et 2005. "Certains salariés jusqu'ici rémunérés au-dessus du Smic se retrouvent désormais être payés sur la base du Smic horaire, par simple effet mécanique, du fait de l'importance du relèvement opéré", explique-t-elle. Une déduction moralement condamnable quand on sait qu'en 2004, 10% des salariés à temps complet ont gagné moins de 1.005 euros nets par mois (source : INSEE) : les employeurs qui "osent" recruter vivraient-ils eux-mêmes avec une telle somme ? Quid de la motivation de leurs troupes en entreprise ?
Quatre Smicards sur dix sont employés à temps partiel, et 80% d'entre eux sont des femmes.
Fortement représentés dans certains secteurs d'activité comme les services aux particuliers (40%), les services opérationnels aux entreprises (31%), le commerce (24%) ou l'industrie agroalimentaire (24%), ils sont très présents dans les entreprises de moins de 10 salariés.
Mais s'ils ne sont que 12,1% dans les entreprises de 10 salariés ou plus et 7,8% dans celles de plus de 500 salariés, la DARES constate que, depuis 2003, la hausse du nombre des Smicards a cependant été plus forte dans les entreprises de plus de 10 salariés, où elle a augmenté de 9,1% ! Leur nombre a même doublé dans les entreprises de plus de 250 salariés ! Cherchez l'erreur…
On parie : bientôt, à ce rythme, nous aurons 20% de Smicards tous secteurs confondus ! Ça coûte tellement cher d'avoir des salariés. Embaucher est un risque tellement mortel… Les "travailleurs pauvres", vous connaissez ? Répondre | Répondre avec citation |
"La PPE, qui coûte désormais 4,2 milliards d'euros à l'Etat et dont l'efficacité a été fortement mise en doute par la Cour des Comptes, génère un effet pervers en mettant à mal la hiérarchie des salaires et l'ascenseur social qui lui était lié", affirme la CFE-CGC. Selon elle cette prime "profite (certes) aux salariés mais aussi très largement aux entreprises qui en profitent pour ne pas augmenter les salaires en laissant l'Etat assumer la charge salariale à leur place". En "conséquence, ajoute le syndicat des cadres, on assiste à un tassement des salaires entre 1 et 1,6 Smic (qui) concerne aujourd'hui plus de 50% des salariés".
La CFE-CGC "exige que les discussions ne s'arrêtent pas aux seuls bas salaires et qu'elles aboutissent à remettre en vigueur une échelle cohérente et dynamique de l'ensemble des rémunérations". Répondre | Répondre avec citation |
Dans un communiqué, le SNUI "relève que le Premier ministre reconnaît qu'il y a un sérieux problème de pouvoir d'achat en France". Mais si "le constat est valable, la solution proposée ici est discutable". Car "l'effet pervers du plafond de la PPE réside dans 'l'incitation' de nombreux employeurs à ne pas augmenter les salaires en invoquant qu'une augmentation ferait perdre au salarié le bénéficie de la PPE, ce qui entretient ainsi la 'modération salariale'. En réalité, par la PPE, la collectivité finance une hausse du pouvoir d'achat d'un nombre élevé de salariés en lieu et place des employeurs", regrette-t-il.
"De plus, la PPE ne bénéficiant qu'aux salariés, sa revalorisation accentuera les inégalités avec les personnes les plus pauvres, c'est-à-dire avec celles qui sont le plus touchées par la précarité et le chômage", estime le SNUI. Répondre | Répondre avec citation |