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Du low cost à l'holocauste ?

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Impératifs économiques et barbarie : parfois, entre les deux, la frontière est mince.

Leitmotiv du patronat : produire au moindre coût ! Réduire les frais par tous les moyens. Rien de répréhensible, nous avons tous les mêmes impératifs : augmenter notre profit. En cela aussi, seuls des esprits chagrins ou pointilleux trouveraient à redire. Qu'il soit matériel ou intellectuel, le profit reste ce qui nous permet de trouver du sens. A nos agissements ou à nos réflexions. Il n'existerait guère d'exceptions à cette équation selon laquelle le profit reste la différence entre ce que nous produisons et ce que nous acquérons. Dans tous les domaines. Y compris intellectuels si nous considérons la production comme le plaisir procuré et l'acquisition les efforts mis en œuvre.

Il est toutefois un domaine où cette équation quasi naturelle, essentielle, vicie sa symétrie. Il s'agit de l'économie et plus précisément de sa variante libérale. Ornée d'un terme qui a priori incite à l'approbation générale (car dans libéral, nous trouvons liberté), la déviance actuelle de cette économie trompe et dévoie son rôle. En réalité il n'y a rien de nouveau en la matière : tous les systèmes économique de type capitaliste ont connu ces phases, puis ont reculé devant les prises de conscience pour mieux renaître, parfois en changeant simplement d'appellation. La mode de l'anglicisme le fait écrire aujourd'hui : low cost.

La barbarie toujours renouvelée est celle ci : la diminution du coût se fait toujours, en dépit des progrès techniques, sur le dos de la main d'œuvre. Sauf famine, épidémie ou massacres collectifs, cette ressource s'avère inépuisable. D'autant que là aussi des progrès scientifiques et médicaux la rendent plus nombreuse et vigoureuse. Il s'agit de rémunérer le moins possible cette source d'énergie (pour ne pas l'appeler matière première). D'où en cascade et concomitamment, car nos démocraties répugnent à laisser dire qu'elles sont complices tout en n'ayant aucune gêne à être réellement complices voir otages du patronat : un smic misérable qui ne permet même pas de vivre décemment, des délocalisations, des conditions de travail rendues de plus en plus indignes et précaires, un chômage florissant qui s'avère être un bienfait incommensurable, une dégradation permanente du rôle de l'individu (seuls les triomphateurs sont vénérés en dépit de leurs forfaitures).

Avec, disais-je, la complicité tacite des politiques qui, pour panser les plaies, multiplient les aides, avérées ou simulées à destination des laissés pour-compte. Ces aides certes permettent de ne pas laisser crever de faim des millions de personnes, mais profitent avant tout à l'entrepreneur. Qui trouvera avantages à embaucher des chômeurs (réductions de charges de toute nature, et maintien d'une rémunération minimale indigne). Qui trouvera également des ponts d'or financiers financés par la collectivité pour implanter une usine ici plutôt que là, par exemple.
Ces libéraux qui proclament le courage d'entreprendre le font en réalité bien souvent avec l'argent de la nation - autrement dénommée solidarité nationale - sous forme d'aides ou avec l'argent des plus démunis en les rémunérant encore moins. Je ne vois pas là un grand courage et cela me rappelle furieusement un certain collectivisme d'état. Les libéraux ne sont en réalité que des subventionnés, le profit maximal se réalisant sur le dos de la société. Et ces gens nous assènent de grands discours moralisateurs, relayés par des politiques. Ne sont pas les plus assistés ceux que l'on croit !

Du low cost à l'holocauste il n'y a qu'un pas. Sans majuscule holocauste, pas de confusion entre les deux. Mais avec un résultat semblable : l'éradication systématique de toute une population victime de ce comportement. Qu'on n'aille pas me faire croire qu'il ne s'agit pas d'une extermination quand on radie des demandeurs d'emplois, quand on instaure un RMI à 400 €, quand de 4 à 7 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté. Certes on meurt moins de faim en France qu'avant. Mais devoir juger une nation démocratique du XXIème siècle selon des critères moyenâgeux constitue-t-il une (bonne) référence ?

François Golleau

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Mis à jour ( Jeudi, 09 Novembre 2006 12:07 )  

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