Lors de l'annonce du mariage entre Suez et GDF, fin février, leurs patrons respectifs, Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli, ont vendu une fusion "entre égaux" (1) et fixé la parité à une action GDF pour une action Suez, plus 1 euro de dividende exceptionnel pour les actionnaires de Suez.
Très insuffisant, ont jugé, mi-octobre, neuf actionnaires étrangers emmenés par le fonds américain Knight Vinke et affirmant représenter 10% du capital. Actuellement, l'écart entre les deux actions est de l'ordre de 3,50 €. Mais 1 euro de dividende supplémentaire coûterait 1,2 milliard d'euros au nouveau groupe. Si le bonus était porté à 4 €, comme le réclament certains actionnaires, la facture serait de 4,8 milliards.
Que vont faire les entreprises ? Réponse dans le traité de fusion, qui sera soumis la semaine prochaine au conseil d'administration. En attendant, GDF répète que la parité retenue en février est juste. Que le groupe a beau avoir une capitalisation boursière moins élevée, sa santé financière est meilleure que celle de Suez. Et que sa "promise", après avoir cédé certains actifs pour répondre aux exigences bruxelloises, sera moins belle que prévu.
Les derniers chiffres de GDF, publiés mardi 14 novembre, accréditent cette analyse : sur les neuf premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a augmenté de 32% par rapport à la même période de 2005 pour atteindre 19,1 milliards d'euros. Mieux vaut considérer les synergies générées par la fusion et les résultats du futur groupe, note-t-on chez Suez pour justifier un relèvement du dividende exceptionnel.
L'Etat, actionnaire de GDF à 80%, est-il prêt à lâcher du lest aux actionnaires de Suez pour sauver la fusion ? Le ministre des finances, Thierry Breton, refuse de s'exposer, se retranchant derrière les entreprises et l'expertise de l'Agence des participations de l'Etat. Mais la CGT assure que les jeux sont faits. "On a toutes les craintes qu'il cède, comme il l'a fait sur tous les autres sujets", souligne Jean-Pierre Sotura, responsable du dossier de la fusion à la fédération de l'énergie. Il ne fait guère de doute, selon lui, qu'il va "renier" la parité initiale et "verser plusieurs milliards d'euros de prime aux actionnaires de Suez". La CGT estime que le gouvernement va ainsi "brader les intérêts collectifs du pays". Au moment où le secteur de l'énergie a un besoin urgent de fonds pour relancer un investissement en panne jusqu'en 2005.
(Source : Le Monde)
(1) NDLR : Non seulement on perd notre entreprise publique mais en plus, il va falloir qu'on paie une dot supplémentaire pour permettre cette union à tous points de vue contestable. De plus, Suez est un nain comparé à Gaz de France : c'est plutôt eux qui devraient nous payer pour nos trois générations d'investissements !!!
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