Le Figaro - Comment expliquez-vous la baisse du nombre d'arrêts maladie que revendique la CNAM ?
Philippe ASKENAZY - Nous partons d'une période, entre 2003 et 2005, où le nombre d'arrêts maladie avait connu une forte augmentation. On peut considérer que la baisse correspond à une phase de retour à la normale. D'un point de vue microéconomique, les entreprises qui avaient connu une forte augmentation de l'absentéisme ont sans doute fait des efforts pour prendre en compte le malaise de leurs salariés. Avec deux attitudes distinctes. Une première coercitive avec convocation des salariés au retour de leur arrêt. Une seconde plus positive où les entreprises ont cherché à améliorer les conditions de travail.
Le Figaro - L'augmentation du nombre des arrêts maladie peut-elle être considérée comme un signal d'alarme sur une dégradation du climat social ?
Philippe ASKENAZY - Bien sûr. Depuis 2000, on a observé une montée très nette des maladies professionnelles, ce qui traduisait en fait une intensification du travail et des pressions exercées sur les salariés pour qu'ils soient plus productifs. De 2003 à 2005, il y avait ainsi un sentiment de ras-le-bol chez les salariés qui avaient vu leur situation se dégrader. La progression de l'absentéisme dans une entreprise est en tout cas un signe qui doit être pris en compte par l'employeur.
Le Figaro - Le fait qu'une entreprise connaisse peu d'arrêts maladie signifierait donc qu'elle connaît un climat social apaisé ?
Philippe ASKENAZY - Pas tout à fait. Car à l'inverse, il faut aussi s'inquiéter du «présentéisme». Lorsque la situation globale du pays est dégradée et que des menaces pèsent sur l'emploi, les salariés peuvent être tentés de ne pas se mettre en arrêt maladie, même s'il le faudrait, pour conserver leur travail. Alors que certains auraient profité auparavant du moindre petit «coup de fatigue» pour souffler un peu chez eux, beaucoup de salariés choisissent, dans cet environnement, d'aller quand même au bureau.
Le Figaro - Les arrêts maladie sont-ils devenus un instrument que les salariés utiliseraient pour régler un conflit avec leur employeur ?
Philippe ASKENAZY - Cela dépend de l'entreprise. Quand le dialogue est possible et que le rôle des partenaires sociaux est reconnu, la gestion des conflits est plus facile. Autrement, l'arrêt maladie peut être utilisé par le salarié comme une soupape de sécurité.
Le Figaro - Le renforcement des contrôles médicaux a-t-il eu un impact important sur les arrêts frauduleux ?
Philippe ASKENAZY - Peut-être que ces contrôles ont permis de faire un peu reculer les fraudes. Mais il n'y a pas encore d'études qui permettent de l'affirmer. Il s'agit en tout cas d'un outil de pression que les entreprises utilisent pour assurer une bonne régulation de leurs effectifs.
(Source : Le Figaro)
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