Les «maîtres de l'Univers» de Wall Street décrits par Tom Wolfe dans "Le bûcher des vanités", en 1987, feraient figure d'amateurs en comparaison des nouveaux golden boys qui peuplent les hedge funds et amassent aujourd'hui des fortunes à faire pâlir d'envie tous les traders de la planète, contrôlant un marché d'un trillion de dollars entre New York et Londres.
A Londres, ces nouveaux enfants gâtés qui gèrent des fonds d'investissement spéculatifs relèguent ainsi leurs collègues des grandes banques d'investissement au statut de petits joueurs. L'année dernière, l'Américain Noam Gottesman (44 ans) et le Belge Pierre Lagrange (43 ans), qui dirigent GLG Partners, ont ainsi amassé 85 millions de livres chacun, soit 365.000 £ chacun par jour. Le premier vit dans un hôtel particulier de six étages à Mayfair, estimé à 18 millions de livres, tandis que le second partage son temps entre un manoir de 21 millions de livres près d'Oxford, une maison de 15 millions de livres à Chelsea et un chalet à Courchevel. Gottesman, un grand collectionneur d'art, siège au conseil d'administration de la prestigieuse Tate Gallery, dont il constitue l'un des généreux donateurs.
Comme beaucoup de leurs concurrents et collègues, ils ont fait leurs armes chez Goldman Sachs et Lehman Brothers, avant d'intégrer l'univers des hedge funds. Leur cas n'est pas isolé : il y a à Londres aujourd'hui 200 managers de ces fonds spéculatifs, souvent dans une tranche d'âge allant de 30 à 40 ans, et disposant chacun d'une fortune personnelle estimée à 50 millions de livres (75 millions d'euros).
Quartier huppé. Ces richissimes financiers veulent se distinguer en tout. Ils dédaignent les bureaux de la City ou de Canary Wharf à l'est de Londres, où sont basées les grandes banques et institutions financières : eux sont installés à Mayfair, un quartier résidentiel huppé de l'ouest de la capitale, où les hôtels particuliers du XVIIIe siècle sont peu à peu transformés en bureaux. Un choix bien plus «civilisé», qui leur permet de limiter le trajet entre le bureau et leurs résidences de Belgravia, Kensington, Notting Hill, Chelsea ou Knightsbridge. Si leurs journées de travail sont longues, leur style de vie n'a rien de brutal. Ils déjeunent au Caprice, restaurant ultraselect de Mayfair (Camilla, l'épouse du prince Charles, y a sa table), se retrouvent pour un verre en fin de journée au club privé Harry's Bar et vont danser chez Annabel's, la boîte la plus chic de Londres.
Ils ne s'habillent que sur mesure, chez les tailleurs les plus réputés de Savile Row. Ils lisent Trader (un magazine publié par Condé Nast, l'éditeur de Vogue) qui les conseille sur les jets privés les plus adaptés à leurs besoins, les yachts, les palaces à la mode ou encore les voitures de luxe comme les Bentley et les Porsche. Ils sont inscrits au First Night Club du Royal Opera, qui leur garantit, moyennant 33.900 £ (50.000 €) par an, seize billets annuels pour les premières d'opéra ou de ballet de Covent Garden. Leur contribution est appréciée du monde de l'art, dont ils constituent désormais la clientèle préférée, notamment chez Christie's et Sotheby's, où ils font régulièrement grimper les enchères. De fait, les anecdotes abondent sur l'extravagance ostentatoire déployée par certains de ces nouveaux golden boys. Les magazines people britanniques ont raconté récemment qu'un de ces nantis s'est offert soixante-trois bouteilles de Dom Pérignon et de Cristal dont il s'est servi pour asperger ses amis, dans une boîte très hype de Londres, Movida. Facture : 26.000 £...
Top model. Mais les hedgies soignent aussi leur réputation de garçons glamour et généreux, notamment en faisant des dons importants à des associations caritatives : l'Américain Christopher Hohn (39 ans), une des stars montantes des hedge funds londoniens, a ainsi donné 50 millions de livres l'an dernier en faveur d'orphelins africains du sida. Le Franco-Suisse Arpad Busson, ex-fiancé du top model Elle McPherson et patron du fonds d'investissement EIM (European Investment Management) a organisé en juin dernier un gala pour ARK (Absolute Return for Kids), son association caritative pour enfants défavorisés... Ce qui a permis de lever 18 millions de livres (27 millions d'euros) en l'espace d'un seul dîner : un record, dit-on dans ce tout petit et richissime univers.
(Source : Libération)
NDLR : Pendant ce temps, tandis que les multiples rentiers ayant confié leurs mises à ces «hedgies» s'amassent eux-mêmes entre 12 et 40% de bénéfices sans verser une goutte de sueur, les salariés de la planète craignent pour leur emploi s'ils ne l'ont pas déjà perdu, et on va les gargariser avec la "valeur travail" ou les traiter de fainéants ou d'assistés alors que ce qui rapporte le plus aujourd'hui, c'est de jouer au monopoly avec la vie des entreprises... Le parasitisme économique a encore de beaux jours devant lui !
Articles les plus récents :
- 25/02/2007 14:57 - Inflation législative record depuis 2002
- 23/02/2007 18:26 - Logement : l'Ile-de-France au piquet
- 22/02/2007 01:00 - 53% des pauvres sont des femmes
- 21/02/2007 15:49 - La Cour des Comptes critique les emplois aidés
- 21/02/2007 15:28 - Les raisons de l'absentéisme au travail
Articles les plus anciens :
- 20/02/2007 20:02 - On suicide à Renault-Guyancourt
- 20/02/2007 19:30 - Un "Plan Senior" pour répondre à la pénurie des personnels de santé
- 20/02/2007 16:58 - L'étendue des fraudes fiscales et sociales
- 19/02/2007 13:41 - 142.000 emplois créés en 2006
- 15/02/2007 18:53 - Quelques vérités sur la création d'emplois en Europe