1) L’immigration en France est massive. Non. «D’après l’INSEE, le solde migratoire (nombre d’entrées - nombre de sorties du territoire) est de 100.000 habitants par an. Même si la marge d’erreur était de 100% - ce qui serait énorme ! - on arriverait à 200.000, soit un solde de 3% de la population. En Espagne, il est de 15% et en Italie de 10%», analyse François Héran, directeur de l’INED (Institut national d’études démographiques).
Mieux encore, l’immigration ne représente que 25% de la croissance de la population, les 75% restant proviennent de la natalité qui est très vigoureuse en France. Et enviée par nos voisins européens ! «En Allemagne, 100% de la croissance de la population résulte de l’immigration», poursuit le démographe. Et les Britanniques ? 80%. «Il existe un grand décalage entre la réalité de l’immigration et sa perception car les populations immigrées se concentrent dans les grandes villes.»
2) L’immigration génère du chômage. Les faits sont là : le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les immigrés que chez les Français. Mais «aucune étude n’a pu démontrer que l’arrivée sur le marché du travail d’immigrés provoquait une hausse du chômage, rappelle François Héran. Le marché est tellement segmenté qu’il est difficile d’en mesurer l’impact. Ce qui est sûr, c’est que certains immigrés occupent des postes délaissés par les Français. Tant dans les emplois non qualifiés comme le nettoyage que dans les emplois semi-qualifiés comme les infirmières. Le recours à la main d’oeuvre étrangère est quasi inévitable. Et ce, dans tous les secteurs. Rien qu’en l’an 2000, les entreprises ont fait appel à plusieurs milliers d’informaticiens étrangers pour gérer le bogue du changement de millénaire.» Sans compter le vieillissement de la population active. Les 6 millions d’enfants nés dans les années 1950 seront à la retraite en 2015. On chiffre d’ores et déjà le manque de cadres à plus de 300.000 entre 2005 et 2010.
3) On peut "choisir" ses immigrés. Pas sûr. Depuis quelques décennies, le Canada et la Suisse ont mis en place l’«immigration choisie» prônée par Nicolas Sarkozy. Outre-Atlantique, les candidats diplômés et maîtrisant la langue sont accueillis à bras ouverts. En Suisse, les travailleurs étrangers sont choisis selon les besoins des secteurs et des cantons. Le bilan ? Mitigé. «La sélection qualitative n’a jamais été majoritaire. Le regroupement familial génère un flux de population supérieur. C’est inévitable, rappelle François Héran. Ce qui n’empêche pas, évidemment, de lutter contre les abus comme les mariages blancs ou les faux étudiants.»
(Source : Economie Matin)
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