Nicolas Sarkozy a proposé que les tribunaux puissent traiter les plaintes (le "droit opposable") de parents ne pouvant pas faire garder leurs enfants. [...] Qualifiant la démarche de son adversaire de "scandaleuse" et d’"immorale", Ségolène Royal a rétorqué qu'elle avait créé le Plan Handiscol, favorisant la scolarisation des enfants handicapés, qui s'est accompagné de la création de "7.000 postes d'auxiliaires d'éducation". Postes qui, selon elle, ont été supprimés par le gouvernement auquel appartenait Nicolas Sarkozy. [...]
L'envers du décor. "Depuis ce matin, j'entends des chiffres qui me font bondir. C'est affligeant !", déclare à LCI.fr Stephen Creton, vice-président de «C'est mon école à moi aussi», association de parents qui milite pour la scolarisation des enfants handicapés ou "porteurs de maladies invalidantes". "Il y a plus d'enfants handicapés inscrits à l'école (1), mais il faut voir dans quelles conditions !", pointe-t-il. Les auxiliaires issus d'associations qui s'occupaient de ces enfants ont été remplacés par "des auxiliaires d'Etat, moins nombreux et pas formés", assure ce médecin urgentiste, père de deux enfants handicapés. "Il ne doit pas y en avoir plus de 500 pour 20.000 enfants", estime-t-il.
Dans certains cas, l'accompagnement est assuré par "des chômeurs de longue durée (2), sans aucune compétence dans ce domaine, payés une misère, à qui l'on propose un contrat d'un an renouvelable une fois", poursuit Stephen Creton. Par ailleurs, "les enfants handicapés passent entre une et trois heures par semaine à l'école, six s'ils ont de la chance", déplore-t-il. "C'est ce que j'appelle une scolarisation alibi", poursuit-il. Conséquence : les enfants ne parviennent pas à rester au niveau, "donc, ils dégagent".
Selon Stephen Creton, 150.000 enfants handicapés français seraient ainsi scolarisés en Belgique grâce à des financements publics français. "C'est très difficile d'avoir des chiffres officiels", reconnaît-il. "Je connais une famille dont le gamin de 6 ans est en internat en Belgique, à 600 km de chez lui. En internat, à 6 ans ! C'est honteux !", s'emporte-t-il. Aussi comprend-il "la colère de Ségolène Royal".
Droit opposable. Quant à passer devant les tribunaux pour faire valoir ses droits, comme le souhaite Nicolas Sarkozy, il s'agit d'un "constat d'échec" : "Les premières années d'école sont primordiales, explique Stephen Creton. Le temps de passer devant le tribunal, il sera déjà trop tard, la vie du gamin sera déjà foutue."
L'association «C'est mon école à moi aussi» aussi avait interpellé les candidats à la présidentielle sur cette question. Aucun d'entre eux ne leur avait répondu. Le 24 juin prochain, ils avaient donc prévu de manifester à Werwicq, dans la banlieue lilloise. Le tracé du parcours est hautement symbolique puisqu'il débute devant l'inspection académique pour se terminer à la frontière belge. Stephen Creton espère que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se joindront à la marche.
(Source : TF1/LCI)
(1) Selon Gilles de Robien, ministre UDF de l'Education nationale, "le nombre d'élèves handicapés accueillis dans le système éducatif a pratiquement doublé entre la rentrée 2002 et la rentrée 2006" : "Aujourd'hui, 20.000 élèves handicapés bénéficient d'un accompagnement individualisé. Ils étaient 4.000 en 2003". Il a souligné que le "retard dans l'accueil des handicapés à l'école" était un "héritage socialiste"... Selon Luc Chatel et Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, "entre 2002 et 2007, le nombre d'enfants handicapés scolarisés est passé de 89.000 à 160.000". Nicolas Sarkozy avait pour sa part évoqué "trois fois plus d'enfants handicapés à l'école qu'à l'époque" de Ségolène Royal.
(2) Les "emplois vie scolaire" (EVS) sont destinés en priorité aux allocataires de minima sociaux - RMI, ASS, API et AAH -, sous la forme de contrats bas de gamme de 20 heures par semaine sur 10 mois ou moins, sans indemnisation à l'issue et sans formation qualifiante, rémunérés au Smic : 563 € nets mensuel, une aumône. Ils sont ce que Jean-Louis Borloo a fièrement appelé des "contrat d'avenir" alors qu'ils n'en procurent aucun : salaire misérable et zéro pérennité. Ils pallient au sous-effectif chronique du personnel administratif de l'Education nationale, et sont le symbole de la précarisation du service public.
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