L’ampleur de la baisse constatée depuis mars 2005 est-elle contestable ?
Pour apprécier l’évolution du chômage, il faut savoir que celle-ci dépend de plusieurs composantes. D’abord les ressources en main-d’œuvre, qui, du fait de la démographie, s’étaient accrues fortement depuis quarante ans, n’ont augmenté que d’environ 50.000 en 2006. Ensuite la loi Fillon, qui a permis aux personnes à carrière longue ayant commencé à travailler tôt de partir de façon anticipée, a permis de sortir depuis 2004 100.000 personnes par an du monde du travail. Enfin, il y a eu 204.000 créations d’emplois salariés en 2006, sans compter le secteur public. Tout ceci permet d’expliquer la majeure partie de la baisse du chômage.
Le doute sur la fiabilité des chiffres du chômage est né avec la décision de l’INSEE de reporter à l’après-présidentielle les chiffres définitifs pour 2006. Que pensez-vous de ce report ?
Pour son Enquête Emploi, l’INSEE interroge directement les personnes et leur demande si elles recherchent un emploi. Or elle s’est heurtée à une difficulté simple : sur les 1,850 million de demandeurs d’emploi indemnisés par l’Unedic, 40% ont une activité réduite alors qu’ils n’étaient que 30% il y a deux ans. Ces personnes, qui sont des chômeurs à temps partiel et des travailleurs à temps partiel, peuvent figurer dans les deux statistiques administratives. Cependant, à l’Enquête Emploi, elles doivent se positionner et répondent, bien souvent, qu’elles recherchent un emploi, ce qui a pu gonfler les chiffres du chômage et explique le report de la publication.
Le chômage va-t-il continuer à baisser en 2007 ?
Oui, mais à un rythme moins rapide. Une croissance de 2%, comme en 2006, peut créer 200.000 emplois. Mais nous ne prévoyons que 1,8% de croissance en 2007 et 2008, soit 160.000 emplois créés environ. De plus, la démographie sera neutre cette année. Nous tablons sur un taux de chômage à 8,3% fin 2007 et 7,8% fin 2008.
Cela reste un taux plus haut que nos voisins. Pourquoi ?
Pour 2007, les besoins d’embauche des chefs d’entreprise restent forts, mais la moitié de ces projets de recrutements risquent de ne pas trouver preneurs. On manque ainsi de 40.000 maçons, de 35.000 cuisiniers, 40.000 routiers… Avec ce problème d’inadéquation entre les besoins des entreprises et les profils des demandeurs d’emploi, on touche du doigt le problème français. Ces manques concernaient jusqu’ici les métiers peu qualifiés, mais des métiers qualifiés comme ceux d’informaticiens et de cadres commerciaux, commencent aussi à manquer de candidats. Pour faire converger offres et demandes, former les demandeurs d’emploi, l’Unedic a mis 350 millions d’euros sur la table en 2006. Mais seuls 62% de ces crédits ont été consommés. C’est quand même un problème !
(Source : La Croix)
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=> Notre article du 5 avril : "Un million de VRAIS chômeurs escamotés des statistiques" à lire en commentaire...
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