Mieux vaut être qualifié avec un salaire élevé pour affronter les effets de la mondialisation sur le marché du travail. L'Allemagne, qui souffre de près de 3,8 millions de chômeurs mais aussi d'un manque de 50.000 ingénieurs dans son économie, illustre, à elle seule, le constat dressé par l'Organisation de coopération et de développement économiques. L'inadéquation entre la demande et l'offre de main-d'œuvre dont elle pâtit (comme la France), alors que les Etats-Unis frisent le plein-emploi, peut aussi s'expliquer, sans doute, par la qualité de la formation délivrée dans le pays. Les efforts en cours du gouvernement allemand pour redresser la situation de ses grandes écoles en témoignent.
La mondialisation des échanges commerciaux, censée accroître le bien-être des travailleurs, ne profite donc pas à tout le monde dans les mêmes proportions. L'OCDE, dans un rapport consacré aux perspectives de l'emploi publié en juin dernier, a bien validé le fait que les échanges internationaux entraînent une élévation des niveaux de vie en engendrant une division internationale du travail plus efficiente.
Amélioration générale. Selon son étude, "une augmentation de 10 points de pourcentage du degré d'ouverture aux échanges se traduit par une augmentation d'environ 4% du revenu par habitant dans la zone OCDE". L'importance croissante des grandes économies émergentes telles que la Chine et l'Inde a contribué à l'amélioration générale du marché de l'emploi des pays membres de l'OCDE, même si elle a été plus lente en Europe, avec une croissance des salaires réels au cours des dix dernières années.
Mais certains travailleurs pâtissent plus que d'autres de la mondialisation. En effet, les experts du Château de la Muette reconnaissent que "le redéploiement des facteurs de production vers des emplois plus productifs [...] entraîne des destructions d'emplois dans les secteurs en déclin, et donc des périodes de chômage ou d'inactivité pour certains travailleurs". En outre, insistent-ils, les ajustements de marché qui induisent une spécialisation des échanges peuvent aussi pousser à la baisse les salaires de certaines catégories de travailleurs, en particulier les travailleurs peu qualifiés.
Sortir du lot commun. Les analystes montrent une accentuation des inégalités de rémunérations accompagnée d'une diminution de la part des salaires dans le revenu national dans une grande majorité des pays de l'OCDE. "Elle a baissé de façon très sensible depuis 1980 dans l'Union européenne à quinze, au Japon et, dans une moindre mesure, aux Etats-Unis, ce qui tendrait à indiquer que les salaires moyens n'ont pas progressé au même rythme que la productivité du travail." Au cours des dernières décennies, la part de revenus correspondant à la tranche supérieure de 0,1% a recommencé à croître au Canada, au Royaume-Uni et, en particulier, aux Etats-Unis pour atteindre plus de 7%. Cela suggère, pour l'OCDE, que la mondialisation pourrait offrir aussi la possibilité à une petite élite de travailleurs et d'investisseurs de "sortir du lot commun".
Au total, mieux vaut être qualifié et recevoir, de ce fait, un salaire relativement élevé pour être un peu plus protégé des effets de la globalisation. Ce qui conforte la nécessité absolue, pour les pays européens en particulier, d'améliorer la qualité de la formation de leurs salariés.
(Source : Les Echos)
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