Dimanche, sur Canal+, François Fillon a précisé que la réforme sur les régimes spéciaux de retraite était prête et que le gouvernement attendait le "signal" du président Nicolas Sarkozy [1]. Selon le Premier ministre, il s'agira "d'aligner les régimes spéciaux sur celui de la fonction publique" et non de reprendre les règles en vigueur dans le régime général pour les salariés du privé.
Pour Jean-Christophe Le Duigou (CGT), proche de Bernard Thibault, la déclaration de François Fillon constitue une "perversion complète de l'idée de dialogue social. Nous considérons que ce dossier comme les autres doit faire l'objet de négociations, or que constate-t-on ? Qu'on nous propose la négociation sur la base déjà d'un texte déjà ficelé". Et d'ajouter : "Qu'il y ait égalité (des retraites) ou que l'on vise l'égalité, c'est absolument nécessaire, mais l'alignement sur le plus bas n'est pas l'égalité". Pour Jean-Claude Mailly (FO), "si le gouvernement veut passer en force, il faut s'attendre à des réactions, c'est évident".
Même la CFDT prévient qu'il faudra tenir compte de l'avis des partenaires sociaux : "Si le gouvernement a décidé de passer en force, il y aura un conflit majeur y compris avec la CFDT, on ne pourra pas accepter qu'une telle réforme se fasse sans dialogue et sans concertation". Le leader cédétiste s'est toutefois dit "favorable à discuter d'une évolution des régimes spéciaux de retraite, pour une raison simple : si on ne fait pas évoluer ces régimes, ils seront en faillite et les retraites des personnels ne seront pas versées".
Dans le camp politique, Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, s'est montré plutôt confiant sur l'issue de la réforme des régimes spéciaux de retraite, car "les esprits ont mûri". Et il dit ne pas croire à une mobilisation comparable à celle de 1995 lorsqu'Alain Juppé avait tenté une réforme du même type.
Du côté du PS, Manuel Valls, député de l'Essonne, a approuvé le principe de la réforme. Selon le député-maire d'Evry, "il faudra aligner les régimes spéciaux sur le régime général. C'est une question d'équité et une question financière". Il a toutefois mis deux conditions : "Il faut privilégier la négociation, éviter la brutalité et il faut un passage au parlement". Il a aussi demandé que soit intégrée "la question de la pénibilité du travail". Pour autant, le député socialiste a ajouté qu'il ne fallait pas "faire croire aux Français qu'on règlera le problème des retraites uniquement à partir de la réforme des régimes spéciaux". Il a souhaité aussi qu'on "ne pointe pas du doigt les fonctionnaires". Manuel Valls a affirmé que "beaucoup de dirigeants socialistes murmurent" le même avis.
Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, n'a pas hésité à qualifier lundi de "déclaration de guerre" les propos de François Fillon sur la réforme des régimes spéciaux et a rappelé au souvenir du gouvernement le mouvement anti-CPE du printemps 2006. "Derrière les régimes spéciaux, ce sont les régimes de retraite qui sont visés", a-t-il averti.
(Source : La Tribune)
[1] "Signal" qui, aux dernières nouvelles, sera donné mardi 18 septembre lors d'un discours que prononcera Nicolas Sarkozy devant l'AJIS - Association des journalistes de l'information sociale.
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