Pour les 3.500 salariés de la Part-Dieu, ce jet d’eau fait partie, comme le brouhaha général, la lumière artificielle ou la chaleur, des éléments qui contribuent à la pénibilité du travail dans ce centre commercial. Depuis un an, à l’initiative de la CGT, les principaux syndicats, la direction du travail, le Grand Lyon, des universitaires et quelques autres partenaires, ont mis en place un comité de pilotage pour améliorer les conditions de travail des salariés de la Part-Dieu. Mais ils se sont heurtés à un problème : le refus pur et simple des employeurs de participer à ce comité…
«Je ne comprends pas ce mutisme. Notre objectif n’était pas de les montrer du doigt mais de travailler avec eux pour trouver des solutions», se désespère Jean-Jacques Dumas, responsable CGT. Même les institutions très officielles participant à ce comité de pilotage n’ont pas réussi à se faire entendre. Lucie Verchère-Tortel, représentante du Grand Lyon explique, attérée : «Thérèse Rabatel, l’une des vice-présidente, les a sollicités, ils n’ont même pas répondu. C’est incompréhensible». Le Grand Lyon n’avait pourtant pas de visées particulièrement subversives pour le centre commercial, puisqu’il s’agissait de proposer et d’aider à la création d’une crêche inter-entreprises et d’un plan de déplacement d’entreprise (PDE). Comme ils l’ont fait à Gerland, Saint-Priest ou dans la vallée de la chimie. «Je crois que nous si nous rencontrons autant de difficultés, c’est parce que nous nous heurtons au monde impitoyable de la grande distribution. Ces gens-là ne sont pas là pour s’occuper du bien-être de leurs salariés», avance Nicole Gay, responsable de la CGT.
Une direction pas concernée. Le centre commercial de la Part-Dieu héberge en effet, sur les 260 enseignes, une forte proportion de grands groupes de distribution : Carrefour, Go Sport, Galeries Lafayette, H&M, C&A, etc. Et, même parmi les plus petits magasins, la plupart sont franchisées. Ces enseignes sont regroupées dans un groupement d’intérêt économique (GIE) et une sorte de syndicats de co-propriétaires qui gèrent le centre commercial. Avec, entre ces deux entités, une direction du centre commercial. Mais celle-ci ne sent pas concernée par les sujets abordés par le comité de pilotage. «Ce n’est pas à nous mais à chaque enseigne de s’occuper de ces problèmes», nous explique le directeur Thierry Dussauze.
Forte proportion de précaires. Depuis des années, les organisations syndicales du centre réclament un lieu commun pour se rencontrer entre salariés, s’informer, discuter, négocier… En vain. «Alors que nous avons justement des problèmes communs», explique un délégué syndical d’une grande enseigne. Il cite, entre autres, le bruit, la chaleur, l’absence de restauration collective ou encore la question des horaires d’ouverture du centre. Il y a deux ans, la fermeture du centre a été repoussée de 19h30 à 20H. Aujourd’hui, les salariés n’ont qu’une trouille, qu’elle soit encore repoussée plus tard encore dans la soirée lorsque la Tour Oxygène, le gratte-ciel commercial qui est en train de pousser à côté du centre, sera ouverte. «Il est d’autant plus compliqué de mobiliser que beaucoup sont ici en contrats précaires, et en temps partiel», explique Jean-Jacques Dumas. Illustration du turn-over, la plus grosse enseigne du centre, Carrefour, fait signer selon les syndicats 300 contrats de travail par an sur 400 postes en moyenne.
Des bruits qui n’ont aucun sens. Dans le cadre de ce comité du pilotage, des contrôleurs du travail ont tenté d’évaluer la pénibilité d’un certain nombre d’éléments propres à la structure du centre commercial. Et notamment, le fameux jet d’eau. «Ce jet d’eau est symbolique d’une pénibilité difficile à appréhender. C’est un bruit permanent, qui n’a aucun sens. Dans une menuiserie, lorsqu’un compagnon passe une planche sur une machine, c’est beaucoup plus bruyant, mais cela à un sens, cela correspond à une action», explique un contrôleur du travail qui a procédé à des mesures de décibels dans le centre commercial. Là aussi, se pose la question de l’interlocuteur susceptible de recevoir les doléances des salariés. «La direction du centre n’est pas l’employeur, elle ne peut donc être inquiétée», explique ce contrôleur. Idem pour les problèmes de sur-éclairages. De chaleur. Etc.
(Source : LibéLyon)
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