Du rythme, du rythme, du rythme. «Dès le 8 janvier, on va continuer à accélérer», a prévenu François Fillon devant les parlementaires UMP qui avaient pris la peine de répondre à son invitation du début de la semaine.« Le rythme ne faiblira pas», a renchéri Roger Karoutchi, son ministre des Relations avec le Parlement. Voilà donc les députés et sénateurs prévenus, s’ils avaient encore besoin de l’être : après leurs deux semaines de vacances, et avant la pause du 9 février au 23 mars, élections municipales oblige, le sarkozysme continuera de rimer avec volontarisme. Rien de nouveau, ni de surprenant. Il n’est cependant pas inutile de revenir sur cette stratégie en s’appuyant sur les derniers débats consacrés au pouvoir d’achat, pour en démontrer la limite.
Car comment ne pas s’étonner du décalage entre l’art du candidat Sarkozy à mener campagne sur la question du pouvoir d’achat et l’improvisation gouvernementale qui prévaut depuis des semaines. Car de la monétisation des jours de RTT (payés 10 ou 25% de plus, jusqu’en janvier ou en juin ?) à l’exonération de la redevance télé pour les personnes âgées non assujetties à l’impôt sur le revenu (supprimée, réduite de moitié, puis rétablie), c’est bien de cacophonie qu’il s’agit, pas d’ajustements traditionnels consécutifs aux débats parlementaires. Et que dire des imbrications-contradictions entre ce texte examiné en urgence après l’intervention télévisée du chef de l’Etat et la première batterie de mesures votées cet été… en urgence également. Sans même se pencher sur l’efficacité des mesures mises en place - celles sur les heures supplémentaires n’ont pas encore produit leurs effets, argumente le gouvernement - le sentiment général qui domine est celui d’une improvisation inquiétante.
Certes, le gouvernement s’attache à répondre à la préoccupation majeure des Français. Il fait donc bien. Mais cette priorité, Nicolas Sarkozy l’avait flairée dès sa campagne. L’argument que le pouvoir se trouve dans la situation de devoir s’adapter à une nouvelle conjoncture économique ne tient donc qu’à moitié. Vouloir aller vite peut s’entendre : c’est dans les premiers mois que les plus grandes réformes sont toujours mises en œuvre. Et même si elles prennent du retard, des réformes sont effectivement sur les rails (régimes spéciaux). Mais c’est le cœur de la stratégie sarkozyste qui est ici en cause : aller vite sur tous les sujets en même temps. Avec un danger qui guette le président de la République et le gouvernement dès le début de 2008 : confondre vitesse et amateurisme sur le pouvoir d’achat, sujet au cœur du contrat passé avec les Français.
(Source : Libération)
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