L'homme du New Labour - le Parti travailliste "rénové" -, badinant sur son positionnement politique, s'est ainsi exprimé dans un français parfait : «Moi, je suis un politicien de centre gauche. Aux Etats-Unis, je serais démocrate. Au Royaume-Uni, je suis travailliste. En France je serais... probablement au gouvernement», a-t-il ironisé sous les rires et les applaudissements des pires cravateux libéraux qu'engraisse notre pays. «Non, je plaisante», s'est-il repris plus sérieusement : «Je serais au Parti socialiste, aux côtés de ceux qui ont à cœur de le transformer».
L'ancien ministre PS Paul Quilès n'a pas manqué de réagir à cet humour so british en estimant que la présence de l'ex premier ministre britannique à ce conseil, «ovationné par les cadres de l'UMP et encensé par Nicolas Sarkozy», est «la continuation du brouillage idéologique entrepris, avec succès, par le chef de l'Etat, citant un jour Jaurès et Blum, rendant hommage une autre fois à Guy Môquet, attirant dans ses filets quelques socialistes alléchés par les ors du pouvoir», raillant ainsi sur une droite qui «aime les socialistes... morts ou étrangers».
On sait qu'en France le Parti "socialiste" n'a déjà plus grand chose… de socialiste. Mais au Royaume-Uni, le Parti "travailliste" tel qu'il se définit est surtout un parti… en faveur du travail - et non des travailleurs - qu'il s'efforce de promouvoir à n'importe quel prix. Avec ses 26% de salariés à temps partiel (ici, 17%), ses working poors à la pelle et son taux de pauvreté qui frise les 20% (chez nous, 12%), sa position de lanterne rouge au classement Unicef sur le bien-être des enfants de 21 pays de l'OCDE, un taux d'émigration qui explose depuis dix ans, sans oublier ses 2,5 millions d’«invalides» escamotés du taux de chômage officiel (mais nous avons aussi nos millions de chômeurs invisibles…), ses détecteurs de mensonge pour piéger les "chômeurs qui fraudent" et la misérable allocation mensuelle de 345 € qu'on leur alloue pendant 6 mois maximum, tout cela, depuis longtemps, n'a plus grand chose à voir avec un quelconque "socialisme".
La preuve : Nicolas Sarkozy, qui a dit qu’«un socialiste comme ça, il a toute sa place au gouvernement français», compte largement s'inspirer du modèle britannique pour exécuter son mandat. Pourtant, la Grande-Bretagne a une plus faible productivité que la nôtre, elle vient de se faire doubler par la France au classement mondial, ses infrastructures routières et ferroviaires sont dans un état déplorable - et déploré par les investisseurs - et, depuis 15 ans, il est avéré que la France a créé plus d'emplois qu'elle. Le modèle libéral britannique n'est donc pas supérieur au modèle social français. Mais c'est celui que veut le président pour lequel 53% d'électeurs ont voté.
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