C'est une mauvaise nouvelle : plus les salariés sont maltraités, plus ils se ramollissent, se désintéressent et se désengagent. Au final, c'est eux-mêmes qu'ils trahissent, à la grande joie du Medef.
A l'image des dernières élections professionnelles à Pôle Emploi, leur résultat au niveau national montre que les syndicats dits "réformistes" (ou soi-disant "responsables", c'est-à-dire qui ont le stylo particulièrement diligent face aux textes patronaux) sont bel et bien majoritaires et que le paysage n'a — en apparence — pas évolué depuis soixante ans malgré la terrible dégradation économique et sociale à laquelle nous assistons, émaillée d'attaques toujours plus vives contre le monde du travail, ses salariés, leurs acquis et leurs droits.
Selon les mesures d'audience du HCDS — le Haut conseil du dialogue social… —, la CGT reste le premier syndicat français avec 26,77% des voix, suivie par la CFDT (26%), FO (15,94%), la CGC (9,43%) et la CFTC (9,30%). Ces cinq organisations sont à nouveau qualifiées de "représentatives" pour les quatre prochaines années, selon la loi du 20 août 2008. Le sort des salariés reste donc placé entre les mains — et sous le stylo — de leurs négociateurs respectifs.
On note que deux syndicats n'ont pas recueilli le score minimum requis de 8% : l'UNSA (4,26%) et surtout Solidaires (3,47%) qui, pourtant, est une organisation particulièrement combative et progressiste.
On note également que le taux de participation s'est élevé à 42,78%, soit 5,4 millions de votants et 5 millions de suffrages valablement exprimés. Soit une abstention de 57%, comme si tous ces salariés ne se sentaient pas concernés... Tant pis pour eux ! Avec ce qu'il se prépare, il ne leur restera plus que leurs yeux pour pleurer.
La direction du travail a précisé le "poids relatif" dont bénéficiera chaque syndicat au cours des futures négociations : la CGT obtient 30,62%, la CFDT 29,74%, FO 18,23%, la CFE-CGC 10,78% et la CFTC 10,63%. Pour être valide, un accord doit être signé par un ou plusieurs syndicats totalisant 30% des voix, sans être rejeté par 50%. Ainsi, les syndicats signataires de l'accord sur contre l'emploi du 11 janvier recueillent à eux trois 51,15%. Ces résultats ont été salués par la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui souligne que cet accord scélérat est, hélas, bel et bien «majoritaire».
Outre préférer des syndicats qui vont les trahir, les salariés négligeront de combattre cet «ANI qui leur veut du mal» (écouter Gérard Filoche ci-dessous). Ils ne seront que quelques lucides/courageux à manifester le 9 avril prochain contre cette réforme, la plus régressive depuis l'après-guerre et qui sera adoptée avec zèle par un gouvernement "socialiste" — comble de la traîtrise.
Quand on se désintéresse de la politique, les politiques, eux, continuent de s'occuper de vous. Quand on se désintéresse du syndicalisme, le patronat, lui, est à la fête. Nous aurons le sort que nous méritons.
SH
L'ANI du 11 janvier expliqué par Gérard Filoche :
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