Outre le fait qu'elle révèle que seulement 2% de ceux qui s'inscrivent à l'ANPE ne souhaitent pas vraiment retrouver du boulot (ces «faux chômeurs» que Nicolas Sarkozy aime tant fustiger…), l'enquête démontre que tous les autres sont prêts à faire «des concessions importantes» pour accéder à l'emploi, à la limite de la soumission :
• 75% sont prêts à se brader (qualification, salaire…)
• la moitié à accepter un emploi précaire (on rappelle qu'aujourd'hui, faute de mieux, un tiers des inscrits à l'ANPE exerce ou a exercé au moins une «activité réduite» dans l'année), quand bien même sont-ils majoritairement à la recherche du bon vieux CDI à temps plein supposé leur permettre de s'en sortir…
... N'est-ce pas une véritable aubaine ?
• Et 45% se disent prêts à céder au sirènes du nomadisme économique (d'ailleurs, 41.000 chômeurs se sont déclarés éligibles au crédit d'impôt «mobilité professionnelle» en 2006, avec les conséquences que l'on sait pour 80% d'entre eux).
Quant aux «freins», dans un premier temps, 58% des personnes interrogées considèrent que le coût de la recherche d'emploi est «élevé». Sachant que le montant moyen de l'allocation chômage égale 90% du Smic, pour beaucoup, chercher du boulot ou remplir son frigo est déjà un dilemme...
La question financière va même au delà. Le coût des transports et de la garde d'enfants est prohibitif non seulement pour une partie de ceux qui cherchent du travail, mais aussi pour une partie de ceux qui en ont repris le chemin. Conjugué à d'autres frais attenants (vêtements, repas de midi, impôts…), il en résulte que beaucoup ne s'estiment pas gagnants : 40% affirment qu’un an après avoir retravaillé, cette reprise n'a aucunement amélioré leur situation financière. Tant est si bien que 43% de ces personnes se déclarent «prêtes et disponibles» pour effectuer un nombre d'heures de travail plus important, surtout si elles sont à temps partiel. Ainsi se creuse le lit du «travailler plus pour gagner plus» dans un contexte de salaires scandaleusement bas, qu’une mesure comme le RSA vise à entretenir.
L'étude cite l'absence d'offres et leur inadéquation. L'absence ou l'insuffisance des offres dans les bassins d'emplois est invoquée par 46% des personnes interrogées, 57% chez les diplômés du supérieur. Quant à l'inadéquation des qualifications et/ou expérience des candidats par rapport à ces offres, elle s'explique d'une part à travers l'attitude des recruteurs, aussi frileux que bardés de préjugés et dont la surenchère des exigences entretient la pénurie; d'autre part à cause des lacunes de la formation professionnelle, particulièrement désastreuse pour les chômeurs (suite à un long parcours du combattant, seuls 9,8% d'entre eux ont réussi à en décrocher une en 2007).
Pendant qu'on nous bassine avec une affaire de mariage annulé, les médias occultent les conclusions de cette enquête, finalement dérangeante pour un gouvernement dont elle met à mal les raisonnements simplistes. Qu'à cela ne tienne : bientôt, les privés d'emploi vont devoir se plier à un projet de loi qui, en leur imposant des paliers dégressifs, va officialiser… la triste réalité du marché du travail. Car cela fait déjà plusieurs années que les salaires proposés aux candidats-chômeurs sont inférieurs aux montants de leurs allocations, si ce n'est équivalents au Smic. C'est pourquoi, note l'étude, la rémunération jugée trop faible des postes offerts constitue l'un des principaux motifs de refus de propositions d'embauche, notamment pour les plus diplômés ou les expérimentés qui, plus que les autres, refusent de se brader, voire d'aller bosser à perte.
Il s'agit donc de briser ces dernières réticences, grâce au renforcement du contrôle des chômeurs qui doit être l'un des principaux moyens de parvenir au plein-emploi… merdique.
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