L'étude de la DREES estime que «l’impact de la PPE sur la réduction des inégalités et sur la diminution du taux de pauvreté est limité», confortant ainsi le discours de Martin Hirsch qui plaide pour un recentrage de cet «impôt négatif» sur ceux qui en ont le plus besoin.
Mais en réalité, l'heure est aux calculs : pour financer le RSA (qui, on le répète, ne sortira pas ses bénéficiaires de la pauvreté et de la précarité), il s'agit de grappiller quelques centaines de millions d'euros par-ci par-là sur les budgets déjà existants (RMI, API, PPE…) donc, ni plus ni moins, de mettre les pauvres à contribution. La prime de Noël des chômeurs aux minima sociaux vit ses dernières heures, et les droits connexes de ceux qui reprennent un emploi seront rabotés. Quant à la PPE, qui confortait déjà la politique de bas salaires menée par les entreprises, au lieu d'être véritablement «redéployée» vers les plus nécessiteux, elle sera tout simplement réduite au profit du RSA qui, lui aussi, dégage le patronat de ses responsabilités.
Le rapport Cahuc, Cette et Zylbenberg va encore plus loin : toujours au nom de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, il juge que le Smic n’est pas «un moyen efficace pour [les] réduire» et suggère de «s’appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées, plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme». Un discours qui encense le RSA… en tant que substitut au Smic ! Et qui prépare le terrain pour sa «réforme» prochaine, souhaitée par Nicolas Sarkozy, et dont on a tout à craindre.
Il s'agit bien de transférer encore une partie du coût du travail des entreprises… vers la collectivité. D'ici la fin de l'année, celles-ci auront déjà bénéficié de quelque 32 milliards d’€ d'allègements de «charges» dans le cadre d'une politique de l'emploi qui entretient sciemment et depuis très longtemps l'effet «trappe à Smic», puisque 15% de nos salariés sont Smicards : un record en Europe. Là-dessus, la PPE a été inventée pour redistribuer du pouvoir d'achat à ces travailleurs maintenus au plus bas de l'échelle : l'argent public sert donc doublement à nourrir le cercle vicieux.
Le RSA, faute que ses bénéficiaires puissent sortir de l'assistanat et s'émancipent par le travail, vu la mauvaise qualité des emplois proposés et la bassesse des rémunérations actuellement en vigueur (triste constat que Martin Hirsch ne remet surtout pas en cause), est donc censé faire en sorte que les plus «éloignés de l'emploi» reprennent une activité salariée sans perte de revenu (ce qui est tout de même un comble !). Une fois de plus, l'argent public contribue à déresponsabiliser les employeurs. De fil en aiguille, la substitution du Smic par le génial RSA ne fera qu'enfoncer le clou : réduire au maximum le coût du travail pour les entreprises, sa «valeur» devant être assumée par la solidarité nationale, sous diverses formes d'assistanat saupoudrées à des travailleurs appauvris.
Voilà à quoi va aboutir le projet de Martin Hirsch ! Son projet, qui n'est pas un progrès mais une régression, risque d'en entraîner d'autres. D'abord décrié par le gouvernement, il devient une aubaine pour asseoir sa politique de destruction sociale.
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