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Accueil Social, économie et politique Société de travail, ou société d'assistance ?

Société de travail, ou société d'assistance ?

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En 1999, Ernest-Antoine Seillière, alors président du Medef, déclarait hypocritement : «Il faut rétablir une société de travail et en finir avec une société d'assistance». Neuf ans après, sous couvert de rétablir une «société de travail» par le biais d'un RSA qu'il fait mine d'instaurer presque à contre-cœur, Nicolas Sarkozy entérine une «société d'assistance» puissance dix.

Hélas, M. Seillière ne précisait pas qu'une véritable «société de travail» ne peut exister sans créations d'emplois dignes de ce nom, c'est-à-dire permettant à tout salarié de vivre du revenu de son labeur afin d'échapper — justement ! — à cet «assistanat» tant décrié. Donc, pour asseoir une «société de travail» au sens plein du terme, le rôle des entreprises est crucial. Or, malgré les beaux discours de ses représentants, celles-ci ne cessent de détruire des postes et de rogner sur le coût du travail, qui n'est pas une «valeur» à leurs yeux mais une simple variable d'ajustement...

Sur ces méthodes, l'Etat-employeur n'est, lui non plus, pas en reste. Et l'action gouvernementale pèse aussi dans la balance. Or, rappelons qu'en matière de création d'emplois le bilan de l'UMP est très médiocre : une vérité confirmée il y a encore peu par l'ACOSS...

Une société de non-emploi et de sous-emploi

Si, en 2007, les groupes du CAC 40 ont accru leurs effectifs de 3%, l'essentiel des nouveaux postes sont basés à l'étranger tandis que l'emploi français a largement pâti des fusions/restructurations et délocalisations en cours : une tendance lourde. On sait aussi que, ces dernières années, le papy-boom a permis aux entreprises de réduire fortement leur masse salariale. De même, la dernière Enquête Emploi de l'INSEE a révélé la montée du temps partiel et de l'emploi précaire, autre tendance lourde qui, si elle a permis au gouvernement d'afficher son satisfecit quant aux chiffres du chômage, empêche des millions de travailleurs de vivre de leur seule rémunération. Donc, les oblige à solliciter des compléments de revenu autorisés par la solidarité nationale.

D'où la (fausse) nécessité d'un «Revenu de solidarité active» qui, partant du triste constat qu’«il faut que le travail paie et souvent le travail est mal payé, surtout par rapport à l'assistance» (dixit Patrick Devedjian en juin dernier alors qu'il s'inquiétait, à juste titre, que le RSA ne créée «une grande population assistée»), ne va surtout pas remettre en cause la responsabilité des employeurs — privés ou publics — dans la dégradation de l'emploi et la bassesse des salaires pratiqués, bien au contraire : il s'agit d’«encourager» le retour au travail — peu importe sa nature et sa qualité — des personnes qui en sont «le plus éloignées», tout en leur apportant un complément de revenu versé… par la collectivité !

Les vrais bénéficiaires du RSA seront les employeurs

Avec le RSA, nous franchissons un cap. Jusqu’à présent, le patronat et l'Etat prônaient une «société de travail» contre une «société d'assistance» alors que ce sont eux qui génèrent du chômage et de l'assistanat en détruisant ou en précarisant les emplois. Mais pour ne pas avouer qu'il est le premier à profiter de notre «société d'assistance» lorsqu'il décide de ne plus jouer son rôle de «force vive de la Nation», le patronat — appuyé par le gouvernement — avait l'habitude d'accuser les chômeurs et les précaires d'être des «assistés», tous responsables de leur situation.

Aujourd'hui, grâce au RSA, le patronat se tait. Car une nouvelle «société d'assistance» est en train de se substituer à la fameuse «société de travail» qu'il appelait de ses vœux, et ce sans qu'aucun effort, aucun engagement ne lui soient demandés puisque, hors participation financière de l'Etat (1,5 petit milliard d’€ taxés sur les revenus de placement et du patrimoine, à comparer avec les 65 milliards d'aides publiques versées chaque année aux entreprises), ce sont les pauvres qui assumeront eux-mêmes le coût de cette mesure. De la même façon qu'on peut dire que les véritables bénéficiaires des allocations logement sont les propriétaires, les véritables bénéficiaires du RSA seront, avant tout et une fois de plus, les employeurs !!!

Surtout, le RSA est une aubaine pour le Medef et l'UMP qui y voient, à terme, un excellent moyen de supprimer le Smic. Martin Hirsch mesure-t-il comment et jusqu'à quel point est en train de s'effectuer la fabuleuse récupération idéologique de son projet ?

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Mis à jour ( Lundi, 25 Août 2008 09:25 )  

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