C'est le 5 août, au cœur de l'été, que l'INSEE a enfin officialisé ce que beaucoup d'observateurs de la vie économique déclaraient depuis longtemps : les salariés Français travaillent en moyenne 41 heures par semaine, un chiffre stable depuis 2003 et qui se situe dans l'exacte moyenne européenne, soit 37,9 heures hebdomadaires tous emplois confondus (temps plein + temps partiel). De quoi tordre le cou aux allégations mensongères de l'UMP qui, pour «faire la peau aux 35 heures» et même pire, prétendait depuis dix ans que la France était devenue «un vaste parc de loisirs» peuplé de fainéants qui en font moins que leurs voisins.
Voici que, deux semaines plus tard, l'ACOSS reconnaît qu'avec 673.000 postes créés dans le secteur privé entre 2002 et 2007 (+ 3,9%), l'emploi a connu «une croissance moindre» qu'entre 1997 et 2001 (+ 14%, soit plus du triple !) car «l'emploi et la masse salariale ont été plus affectés par le ralentissement de 2001 que le PIB»... Un constat que nous avons à plusieurs reprises signalé sur Actuchomage, tandis que l'UMP fustigeait la législature socialiste (qui a voté les lois Aubry) en vantant ses «bons chiffres» pour faire élire le candidat Sarkozy.
Dans cette étude qui arrive largement après la bataille, l'ACOSS rappelle l'impact du «retournement conjoncturel» de 2001, qui a vu la croissance de l'emploi chuter d'un rythme annuel moyen de 3,3% sur 1997-2001 à 0,9% en 2002 puis 0,1% en 2003 (73.000 emplois détruits sous Raffarin, un solde négatif qui a été qualifié d’«historique»). Ensuite, l'Agence note que la création d'emplois a repris mollement en 2004 pour atteindre le rythme ô combien impressionnant de 1,6% en 2007, soit sa plus forte progression depuis 2002.
Une imposture soigneusement entretenue
Il est dommage que ces piètres résultats surgissent avec plusieurs années de retard alors que d'autres organismes économiques indépendants et dignes de foi (l'OFCE, l'IRES, l'Observatoire des inégalités, Alternatives Economiques…) clamaient haut et fort ces quelques vérités qui, avec la complicité de médias asservis à la propagande gouvernementale, furent escamotées par les boniments des plus sinistres fleurons de l'UMP...
Comme nous l'avions relayé ici, c'est bel et bien la désinformation économique qui a porté aux nues l'actuel président. Une désinformation qui persiste puisque ces résultats sont communiqués alors que les Français, suite à une année de reculs sociaux éprouvants, ont encore la tête ailleurs.
Et aujourd'hui, alors que François Fillon fait preuve d'un autisme remarquable face à un «ralentissement» économique plus qu'inquiétant, le marché de l'emploi est en pleine déconfiture et paie sa dépendance croissante aux contrats précaires et au travail temporaire qui ont constitué… 80% des créations nettes de ces glorieuses dernières années. Mais François Fillon déclare vouloir maintenir le cap de ses «réformes structurelles», aussi scélérates qu'inadaptées : grâce à lui, nous allons droit dans le mur.
Articles les plus récents :
- 27/08/2008 18:03 - Le Medef a enfin désigné ses négociateurs
- 27/08/2008 14:27 - Allocations familiales et justice sociale
- 27/08/2008 10:52 - RSA : Sarkozy veut taxer «les revenus du capital»
- 25/08/2008 09:25 - Société de travail, ou société d'assistance ?
- 21/08/2008 05:41 - La VAE, miroir des laissés-pour-compte de l'emploi
Articles les plus anciens :
- 18/08/2008 16:44 - Crédit d'impôt «mobilité professionnelle» : les mensonges d’Eric Woerth
- 14/08/2008 09:17 - Le RSA, véritable menace pour le Smic
- 09/08/2008 17:24 - Un «mur de la honte» à Rueil Malmaison ?
- 06/08/2008 19:03 - Gaz et électricité : ce qui change
- 06/08/2008 10:14 - Emploi, temps de travail : l'INSEE invente l'eau chaude