Depuis janvier, le nombre de jugements d'ouverture de procédures collectives — redressement judiciaire, liquidation ou procédure de sauvegarde — publiés au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (BODACC) a concerné près de 28.600 entreprises. En données cumulées sur douze mois à fin juin 2008, le nombre de défaillances (53.640) retrouve son plus haut niveau depuis dix ans, enregistrant sa plus forte progression (+ 9%) depuis 2002.
«La remontée de la sinistralité constatée au 1er semestre de l'année 2008 en France, qui touche toutes les régions, toutes les tailles d'entreprises et pratiquement tous les secteurs, est la conséquence mécanique de la dégradation conjoncturelle», expliquent les rédacteurs de l'étude, qui anticipent une hausse de 10% à 15% pour 2008. Selon ces spécialistes, deux obstacles continuent de bloquer la croissance française : la stagnation des revenus réels des ménages (liée aux bas salaires entretenus par un fort taux de chômage, au choc des matières premières et au freinage des créations d'emploi) jumelée à la crise du bâtiment.
En avril, le cabinet Altares signalait déjà un mauvais premier trimestre pour nos entreprises, avec une progression des défaillances de 7,1% par rapport aux trois premiers mois de 2007. Fin août, l'INSEE confirmait la tendance en faisant état d'un bond de 8,7% au premier trimestre 2008 par rapport au premier trimestre 2007.
L'affaire n'est pas nouvelle : le phénomène a commencé l'année dernière, signalait La Tribune en publiant les résultats de l'étude Euler-Hermès 2007. A cette occasion, nous avions dénoncé le «boom» en trompe-l'œil des créations d'entreprises dont se vantait alors le gouvernement Sarkozy, tandis que 87% de ces nouvelles structures n'avaient pas de salarié et que ce sont, justement, les très petites entités qui s'exposent le plus à l'échec.
Mieux vaut prévenir que guérir. Régulièrement, nous relançons dans nos colonnes le débat sur les dispositifs permettant de sauver les entreprises en France, des lois existantes qu'il serait judicieux de réactualiser, améliorer et adapter. Car créer des entreprises, c'est bien : mais préserver ou reprendre ce qui est possible, c'est mieux. Au lieu de «réformer» à tout va en stigmatisant les victimes de ces défaillances, qu'attend le gouvernement pour plancher sur ces textes ?
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